Hors des frontières françaises, Roy réalise à quel point le monde dans lequel il vivait n'était qu'illusions et mensonges. Blessé et avec pour seul allié, Seth, il choisit de se lancer dans une guerre sans fin contre son père en rejoignant un groupe...
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ROY
Au réveil, mon corps engourdi de douleur m'arracha un grognement. Le poing s'étant écrasé sur ma mâchoire avait formé un bleu qui m'élançait tellement que je n'aurais pas vu la différence si un forgeron avait élu domicile dans mon crâne. La chaleur apaisante de Neils n'était pas là non plus. Je ne sentis que l'air froid et une couchette vide sous mes doigts. Je me redressai en grinçant des dents, le soleil pointait déjà le bout de son nez à l'extérieur et je n'étais toujours pas sur mes deux pieds.
Dehors, les tentes avaient disparu. Tous les yeux se tournèrent vers moi. J'étais le dernier levé alors que j'aurais dû être le premier debout. C'était mon idée de partir à Paris, c'était à moi de les y amener.
- Ta mine est affreuse, commenta Denis en guise de salut.
- Ravi de le savoir, grommelai-je.
- Je dirais effroyable, en rajouta Seth la tête penchée sur le côté comme s'il réfléchissait.
Ça me hérissait qu'il sache que j'avais dormi avec Neils. Je m'en voulais déjà.
- Quelqu'un d'autre au bureau des plaintes ce matin ? Demandai-je à l'intention de tous.
Wolf cachait difficilement son rictus amusé, autant que Katarina et Gabriel. Quant aux autres, les blagues de Seth et Denis ne semblaient pas les amuser outre mesure.
- Maintenant que tu as fini d'hiberner, nous pouvons décoller, se réjouit Seth. Je conduis ce matin ! Ajouta-t-il à l'intention d'Aza en lui piquant les clés.
Était-ce une manière contournée pour lui de s'éloigner volontairement de moi ? Je l'obligeai à prendre ses distances parce que je lui faisais du mal sans arrêt et qu'il le supportait sans broncher.
Aza ne manifesta pas son agacement si tant est qu'elle soit agacée. Avec Aza, je n'étais jamais vraiment certain. Tout semblait lui passer au-dessus de la tête en permanence.
Je repliai la tente pour la ranger dans le coffre du Land Rover. Au moment même où je fermai les portières du coffre, Neils me tomba dessus.
- Donne-moi les clés.
- Je peux conduire, lui assurai-je.
À l'air déterminé de son visage, je sus que j'avais perdu d'avance. J'avais une politicienne en face de moi, pas la jeune fille apeurée de cette nuit.
- Ce n'était pas une question. Si tu continues sur ta lancée, la prochaine fois que des gros bras nous tomberont dessus, tu seras mort.
Dans le fond, l'idée qu'elle ait raison m'exaspérait. Je n'étais pas invincible, pourtant j'aimerais l'être. Je n'avais pas de temps à perdre en dormant ou en me reposant pendant que les autres accomplissaient le travail à ma place.
