Hors des frontières françaises, Roy réalise à quel point le monde dans lequel il vivait n'était qu'illusions et mensonges. Blessé et avec pour seul allié, Seth, il choisit de se lancer dans une guerre sans fin contre son père en rejoignant un groupe...
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- Roy ?
Seth s'approcha de lui à pas feutrés, analysant ses réactions corporelles de haut en bas. Il n'en possédait aucune dans le monde réel. Son coeur palpitait à l'idée de l'approcher. Il se souvenait très bien de son comportement lorsqu'il avait eu une crise similaire à celle-ci, à l'Opale, mais jamais il ne l'avait vu perdre pied à ce point. Il reconnaissait pourtant les symptômes d'une très mauvaise gestion des répercussions du Pays des rêves. Par le passé, il lui était arrivé de divaguer longuement aussi, mais pas de manière aussi intense.
- Tu ne me facilites vraiment pas la vie, hein ? Soupira Seth.
Il sortit le couteau qu'il gardait entre son treillis et sa chemise, contre les ordres d'Iris, conscient que faire émerger Roy n'allait pas être une partie de rigolade. Rien n'excluait qu'il ne deviendrait pas violent dans les secondes suivantes, cette option était même la plus probable.
- Roy ? L'appela-t-il à nouveau en s'approchant un peu plus. Je sais que tu m'entends d'où tu es.
Seth toucha son avant-bras pour obtenir une réaction de sa part. Bonne ou mauvaise, toutes étaient bonnes à prendre.
Roy s'arrêta dans sa marche, le fixant à travers le voile brumeux qu'avait érigé sa noyade entre eux. Il ne le voyait pas lui, il voyait une autre réalité, ce que son cauchemar lui faisait voir. Le vide de son regard était assez parlant et lorsqu'il agrippa rudement son poignet, Seth comprit qu'il le prenait pour quelqu'un ou quelque chose d'autre.
Son état second ne lui faisait pas perdre ses réflexes, ni ses capacités de tueur. Sans prévenir, il tenta de le renverser en arrière. Seth esquiva, se préparant à répondre à ses coups. Il cherchait dans son regard une quelconque trace, un indice, qui lui dirait qu'il le voyait, qu'il se souvenait de lui, mais seul la profondeur des abysses se reflétait dans ses prunelles grises. Rien d'autre.
Roy fondit sur lui comme un aigle, ne laissant jamais à Seth le temps d'attaquer, juste de se défendre contre ses attaques agressives, répétitives, et d'une force qu'il égalait avec peine, encore gêné par sa blessure à l'abdomen. Seth passa à l'offensive, conscient que s'il laissait Roy gagner du terrain, il y laisserait peut-être sa peau.
- Roy, par pitié, ressaisis-toi, grommela Seth en repoussant encore l'une de ces frappes.
Ils haletaient tous les deux, entre sueur et frisson d'adrénaline. Seth devait se ménager, et tirer sur la corde comme il le faisait risquait de rouvrir sa blessure.
- Je sais que tu m'entends, grogna-t-il.
Seth était à deux doigts de craquer et de lui hurler de revenir à lui, de sortir de sa spirale infernale et infinie. Sa colère le consumait, il en voulait à Edgar de Lussigny pour avoir détruit son fils et fait de lui un garçon déséquilibré et perturbé, à Adrien qui l'avait façonné de la pire des manières en le torturant, à Isaac qui, s'il avait été plus présent, aurait pu empêcher tant de sentiments néfastes d'envahir Roy, à sa mère qui était partie sans un mot, et à Neils qui jouait avec ses sentiments depuis des mois.
