Chapitre 21 : Échec et mat

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Zakhar :

Nous sommes tous assis sur les bancs du tribunal devant la salle d'assises en appréhendant le verdict final. Je n'en peux plus la pression est à son comble. De nature patient, je me surprend à vouloir enfoncer cette salle pour connaître leur décision finale. Je jette un coup d'œil au nouvel arrivant. Monsieur Álvarez est revenu les bras chargés de nourriture et boissons chaudes. Ma tante a posé sa tête sur mon épaule et essaie de réprimer ses soubresauts incessant. Je pose mes lèvres sur son front pour la rassurer. Marco n'arrête pas de tourner en rond et Nikolai qui est accroupi près du banc n'a pas pipé un mots depuis. Mademoiselle Johnson est assise à ma gauche. Elle se lève pour aller aider monsieur Álvarez et lui donne sa place.

- Vous devriez manger quelque chose. Vous avez une mine affreuse ! S'exclame le nouveau venu en s'asseyant.

- Il n'a pas tords, vous savez... Je pense pas qu'une grève de la faim va changer quoique ce soit à la situation. Chuchote l'avocate.

- Je passe mon tour, j'ai pas le coeur à ça. Lui répond Marco avec un ton massacrant.

- Buvez quelques chose au moins mon garçon !

- Je ne pense pas pouvoir ingurgiter quoique ce soit avec ce stresse infernal ! Surtout que le procès a été un fiasco total ! D'ailleurs, je vous en remercie maître. Tonne-t-il en fusillant du regard l'avocate de mon oncle.

- Je comprends votre frustration mais ce n'est pas une raison de vous en prendre à moi !

- Marco, tu n'as même pas assisté au reste du procès. Ce que tu dis est injuste ! Le sermonne Nikolai.

- D'autant plus qu'elle a manié le procès d'une main de fer tout au long de sa durée. Ne parle pas sans connaissance de cause !

- Si c'est le cas, c'est quoi cette expression sur vos visages ? Nikolai, tes doigts vont bientôt saigner tellement tu t'acharnes sur eux ! Et toi, Zakhar, t'arrive même plus à dissimuler ton stresse ! S'écrie-t-il .

- Va prendre l'air ! On est dans un tribunal et non un marché. Si on te dit que ça s'est bien passé, c'est que c'est le cas cependant on ne peut s'empêcher de stresser ! Vocifère-je pour le calmer.

Il ne dit rien et se passe une main dans les cheveux avant de quitter les lieux. Il est à cran et je le comprend. Ilya a été pour lui une vraie figure paternelle. Il l'a aidé à devenir l'homme qu'il voulait être en le sortant de la misère. J'expire en me rendant compte que je suis un peu près dans la même situation que lui. Ilya est la seule figure paternelle que j'ai.

- Mangez quelques choses. Me sort monsieur Álvarez de mes réflexions.

- Toi aussi, Nikolai ! Sinon, j'appelle madame Droski, alors... Tu te décides ? Lui demande Johnson en lui tendant un sandwich.

Je souris brièvement devant la moue boudeuse de Nikolai qui croque dans son sandwich. Elle se retourne maintenant vers moi et je lui fais non de la tête. Elle s'avance vers moi et ma tante et prends le sandwich que monsieur Álvarez me tendait.

- Madame Nardine, veuillez prendre une bouchée s'il vous plaît ! Lui demande-t-elle en s'agenouillant à son niveau.

- C'est gentil mais mon ventre est trop noué pour avaler quoique ce soit. Se manifeste-t-elle enfin depuis le début de ce monologue.

- Juste une bouchée, montrez l'exemple à votre neveu entêté...

- Une petite alors, capitule-t-elle en mordant dans son sandwich.

C'est à mon tour maintenant, puisqu'elle se met à me fixer du regard en plissant des yeux. Et c'est là que commence un jeu de regard très éprouvant... pour elle. Elle est à deux doigts de m'enfoncer le pain dans la bouche. Je le devine puisque ses lèvres se sont mises à frémir légèrement. Je souris, le temps d'un instant, j'ai oublié que j'étais dans un tribunal à attendre le verdict du procès de l'homme que j'admire le plus.

Une affaire d'avocats Où les histoires vivent. Découvrez maintenant