Le bol enchanté

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Petit mot de l'auteure : Ce vingt-huitième conte est japonais connu sous le nom de la Princesse au Bol Enchanté. Ce conte puise ses origines dans le conte Hachikazuki Hime ("la Princesse affublée d'un bol"). Ma réécriture est celle du livre intitulé La Princesse au bol enchanté paru dans la collection Soleil Flottant, écrit par Samantha Bailly et illustré par Ein Lee. Il peut être considéré comme l'équivalent japonais de Cendrillon. En espérant qu'il vous plaira, bonne lecture à vous, mes petits conteurs ! 

 Au pays de Kawachi, on était certain de trouver le seigneur Sanetaka Fujiwara à l'endroit où dansent les pétales des cerisiers en fleurs

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 Au pays de Kawachi, on était certain de trouver le seigneur Sanetaka Fujiwara à l'endroit où dansent les pétales des cerisiers en fleurs. Il possédait de nombreuses et grandes richesses mais il aimait encore davantage la musique, la poésie et les autres arts. Ces mêmes arts, dont son épouse bien-aimée était éprise. Ensemble, ils passaient leur temps à contempler l'arche bleue du ciel, la course éclatante du soleil et les milliards d'étoiles peuplant la voûte céleste. Malgré leur amour, tous deux sentaient qu'il leur manquait quelque chose : un enfant !

Suite à leurs nombreuses prières, les Dieux leur offrirent ce dont ils rêvaient plus que tous. Un jour, un jeune prince qu'ils nommèrent Haruki* (esprit du printemps) vit le jour. Cet évènement combla les parents, qui prodiguèrent à leur fils, une immense affection. Il apprit non seulement tout ce qu'un prince devait savoir sur les arts du combat, de la politique mais aussi la calligraphie et les arts que ses parents aimaient tellement. Il lui fut offert un koto ; une harpe japonaise, lorsqu'il fut en âge d'en jouer. Les jours passèrent, s'écoulant dans une atmosphère heureuse. Lorsqu'Haruki eut treize ans, sa mère tomba gravement malade et se fatigua de plus en plus, jusqu'à ne plus pouvoir quitter le lit. L'air s'essoufflait trop vite dans sa poitrine. La maladie avait prit son corps d'assaut et un soir, elle fit appeler son fils auprès d'elle.

- J'aurais tant voulu te voir grandir, pleura sa mère, mais hélas, l'autre monde m'appelle.

Avec ses dernières forces, elle prit un immense bol en bois et le posa sur la tête de son fils. Le bol était si grand qu'il lui arrivait aux épaules. La mère récita une prière à l'adresse de Kannon, la déesse de miséricorde :

- Que cette coiffe apporte protection à mon enfant.

Les joues constellées de larmes, elle s'éteignit lentement. Son fils resta près d'elle un long moment, de nombreuses larmes roulant le long de ses joues. En apprenant le départ de son épouse, le seigneur fut anéanti.

- Pourquoi m'a-t-on pris mon amour ? Sans sa mère, que deviendra mon prince ? Gémissait le seigneur pendant les préparatifs des funérailles.

Ces mêmes funérailles eurent lieu quelques temps plus tard, et le seigneur tenta d'ôter le bol qui masquait le visage de son cher enfant. Sans y parvenir.

- C'est une malédiction ! Gémit-il en tentant encore et encore de le retirer. Toujours sans succès. Finalement, il dut se résigner à ce que son fils reste ainsi. D'ailleurs, l'enfant le rassura un peu en racontant à son père, ce que sa mère avait fait avant de rejoindre les Cieux.

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