Le Prince aux doigts d'or

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Petit mot de l'auteure : Un vingtième conte terminé ! Venant de Chine, il est issu du livre du même titre paru aux éditions Milan, de Christian Jolibois et He Zhihong.

L'empereur de Chine était le plus heureux et le plus comblé des souverains de la Terre

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L'empereur de Chine était le plus heureux et le plus comblé des souverains de la Terre. Il régnait sur un vaste pays qui s'étendait jusqu'aux confins des mondes connus. Doté d'une nature bonhomme, il gouvernait avec sagesse. L'empereur aimait parcourir la campagne pour s'entretenir avec son peuple, rire avec les enfants, partager le repas des humbles, admirer les paysages et écouter les chants des oiseaux. Il fallait voir son visage s'illuminer lorsqu'il découvrait la création de l'un de ses sujets. 

- Alors comme ça, tu as inventé la brouette ? s'écriait le monarque en laissant éclater sa joie. La brouette ! Quelle idée formidable ! Et si simple ! Que l'on récompense cette femme, en la couvrant d'or !

C'est ainsi qu'encouragés par leur cher empereur, les Chinois inventèrent dans la foulée : la boussole, le papier, le canard laqué, les allumettes, les cerfs-volants, la poudre, les caractères d'imprimerie, les pétards pour faire la fête et des milliers de choses encore... Les souverains des pays voisins le prenaient pour un fou.

- Qu'est-ce que c'est que cet empereur qui dépense une fortune pour le dessin d'un poisson gobant une mouche, alors qu'avec tout cet argent il aurait pu s'acheter un navire de guerre et des dizaines de canons ?

Oui, car en plus d'être bon et généreux, l'empereur était également sensible à tous les arts et aimait recevoir à sa table, pour les honorer, les peintres, les poètes et les musiciens. Son bien le plus précieux n'était pas, comme on pourrait le penser, son immense richesse, mais son fils unique : le prince Premier Rayon du Soleil. À sa naissance, des dizaines de gentils dragons protecteurs étaient venus des quatre coins de l'Empire pour se pencher sur son berceau. 

- Je t'offre le don, dit l'un, de ne jamais t'emporter quand ta route croisera celle d'un imbécile. Tel que je connais le monde, ce don te sera très utile.

- Moi, dit un autre, je t'offre le don fort rare de comprendre le langage des animaux. Ainsi pourras-tu conserver avec le tigre et comprendre les plaisanteries des singes de la Montagne aux Mille Fleurs.

C'est un minuscule dragon venu de la lointaine province du Sichuan qui offrit le plus précieux des dons au petit prince : le don de peindre des oiseaux. 

Je vous entends déjà protester, amis lecteurs : 

- Tu te moques du monde ! Le don de peindre des oiseaux ? La belle affaire ! C'est à la portée du premier barbouilleur venu ! Et la beauté ? Et la richesse ? Et la promesse d'une rencontre avec une âme-sœur aussi belle qu'un astre ? Rien de tout cela dans ton histoire ?

Lecteurs, mes amis, ne soyez pas impatient ! Approchez et regardez Premier Rayon du Soleil exercer son art. Admirez d'abord son pinceau, réalisé spécialement pour lui par maître Men Tian, le plus habile fabricant de pinceaux du Céleste Empire : manche de bambou et poils de moustache des membres de la garde personnelle de l'empereur. Vois comme il fait courir son trait d'encre avec délicatesse sur le papier. D'une unique et longue trace souple et ferme, il représente rossignols, oiseaux de paradis, aigles, grues sauvages et autres merveilles. 

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