Petit mot de l'auteure : Vingt-troisième conte issu du Grand Nord Asiatique et d'un recueil intitulé "Contes et Légendes du monde entier" de Fernand Nathan. Ce conte est aussi une légende racontée originalement par Pierre Rondière. Il sera divisé en 7 parties et verra un coupe hétéro à la fin. Je précise qu'il sera relié à une sorte de suite qui sera un conte original, entièrement sorti de ma caboche et qui mettra en scène un autre couple gay. J'espère qu'il vous plaira autant que les précédents et je vus souhaite une bonne lecture !
1/ La Perte d'un frère
En ce temps-là, les Oudégués croyaient encore que le rocher était un homme des montagnes, l'ours un homme de la taïga, le poisson un homme des eaux et l'arbre homme des bois. En ces temps oubliés, vivaient deux frères, Solomdiga et Indiga, auprès de leur père âgé. Les deux frères étaient aussi proches que des frères pouvaient l'être et ils grandirent aimés de leurs parents. Tous deux devinrent forts comme leur père et beaux comme leur mère. Ils avaient tous deux une épaisse et longue chevelure de jais aussi sombre que les nuits sans lune, des yeux brillants comme des obsidiennes et une peau marbrée par le soleil du Grand Nord. Ils se ressemblaient tant que l'on aurait pu les prendre pour des jumeaux malgré leurs 3 années de différences. Seul un signe distinctif permit à leurs parents de les différencier. Solomdiga avait une marque semblable à des griffes de tigre sur la hanche gauche tandis qu'Indiga, à la hanche droite avait une tache de naissance en forme de patte de tigre. Ces marques étaient là depuis leur naissance et faisaient parties de leur être. Aussi, ils les chérissaient comme ils se chérissaient l'un l'autre. Un jour, leur père s'allongea pour ne plus se relever. Il appela ses fils et sur son lit de mort, leur recommanda :
- Soyez unis. s'il arrive malheur à l'un, que l'autre, toujours, lui vienne en aide. Ne vous séparez jamais et ensemble regardez tous les deux dans la même direction, toujours en avant.
Puis, il mourut peu après. Les deux frères nouèrent des rubans blancs dans leurs tresses noires, placèrent le père dans un cercueil, les pieds tournés vers l'Orient pour qu'il vît le lever du soleil, et pendant sept jours lui apportèrent à manger, nourrissant son âme. Puis ils partirent à la chasse. Solomdiga marchait devant, Indiga, plus jeune, le suivant à deux pas.
Le père avait dit : «Regardez tous deux dans la même direction », mais Indiga avait les yeux trop vifs pour les fixer toujours dans le même sens et regardait d'un côté puis d'un autre. Ils marchèrent longtemps ainsi, Indiga tournant la tête çà et là. Soudain, il entendit du bruit et regarda devant lui : un tigre bondissait du taillis sur son frère. Solomdiga n'avait pas le temps de braquer sa lance, pas le temps de sortir son couteau. A Indiga de lui porter secours, de brandir sa lance ! Mais son cœur surpris était devenu pareil à celui d'un lièvre, la peur le glaçait, il se prosterna, les mains jointes, suppliant le tigre de ne pas les toucher, de les épargner.
Il resta longtemps dans cette posture et quand il leva la tête il ne vit plus, ni le tigre, ni Solomdiga. Tous les deux avaient disparus sans laisser de traces. Angoissé, Indiga appela son frère en vain. Il eut beau crier, seul l'écho des montagnes lui répondait. Indiga fondit en larmes. Qu'allait-il devenir sans son frère ? Que dirait-il aux autres membres de sa tribu ? Comment effacer la honte de son visage ?
Mais il ne servait à rien de pleurer, sa mère et la faim l'attendaient à la maison, son devoir était de chasser ! Indiga examina alors les pièges posés avant la mort de son père. Dans l'un d'entre eux seulement, un écureuil était pris par la patte. Mais dès que l'écureuil aperçut Indiga et cria :
- Va-t'en, toi qui as perdu ton frère !
Et avec ses dents, il coupa sa patte brisée, au-dessus de la morsure du piège et s'enfuit en clopinant. Interloqué, Indiga mit un moment à se reprendre avant d'inspecter les lacets posés avant la mort de son père. Dans l'un d'eux, un putois était capturé. Mais dès que le putois le vit, il lui cria :
- Jamais je ne tomberai entre les mains d'un homme pareil ! Tu as perdu ton frère !
Et déchirant le lacet, l'animal s'enfuit dans le taïga. Indiga tira une oie sauvage et la flèche l'atteignit sous son aile. Mais l'oie arracha la flèche de son bec et la renvoya au jeune homme en lui criant :
- Je ne serai pas ton gibier ! Tu as perdu ton frère ! Elle vola ensuite jusqu'à la rivière, se jeta dans l'eau et s'y noya.
Ni les bêtes ni les oiseaux ne se laissaient jamais prendre par un chasseur au cœur de lièvre. Complètement perdu, Indiga s'assit pour réfléchir. Il médita longuement et fuma brièvement dans sa courte pipe toute la mousse des alentours. Son âme le faisait atrocement souffrir.
- J'ai perdu mon frère, murmura-t-il pour lui-même, c'est terrible, c'est horrible. Mon cœur me fait si mal. Lorsque l'on perd sa pipe, l'on est calme que lorsqu'on l'a retrouvée ! Et moi, c'est mon frère bien-aimé, que j'ai perdu... Il faut que je le retrouve ! Ainsi, mon cœur s'apaisera et si, j'en viens à périr, cela reviendra au même !
Indiga rentra dans sa tribu et auprès de sa mère, la femme la plus sage des leurs. Il s'agenouilla et lui raconta tout, sans même lui cacher que son cœur était devenu comme celui d'un lièvre. Elle l'écouta, la tête penchée, l'embrassa et lui dit en pleurant :
- Ton père vous disait de regarder en avant, tu as désobéi, mon enfant. Tu as perdu ton frère bien-aimé et trouvé un cœur de lièvre. Ta peur l'a perdu, seule l'audace te le rendra. Vas, mon fils, vas !
Le jeune homme hocha la tête, embrassa sa mère et se leva. Il prit sa pipe, son briquet, son couteau, sa lance et prit le chemin de la forêt. Ne sachant où aller, il se dirigea vers le couchant...
D'abord, il rencontra une couleuvre et lui demanda où il devait chercher son frère. Mais la couleuvre n'en savait rien. Ensuite, il croisa une souris et lui demanda si elle avait vu Solomdiga. La souris lui répondit par la négative. Plus loin, il vit un écureuil et la questionna mais le petit animal n'avait pas de nouvelles de son frère. Au bord d'une rivière, il aperçut des poissons qu'il questionna également. Mais les poissons n'avaient rien vu qui pourrait l'aider à retrouver son frère. Encore plus loin, il interrogea un crapaud, un passereau et une grue. Mais aucun d'eux n'avait d'infirmations. Cependant, la grue lui donna un conseil :
- Interroge l'aigle, il vole plus haut que nous tous, il saura forcément quelque chose.
A Suivre...
*sourire chaleureux* Bonne années 2020 encore une fois à toutes et à tous, mes chers yaoïstes favoris ! J'espère que cette première partie vous aura plu et n'hésitez pas à me laisser des commentaires avec vos impressions, encouragements et tout ce qui vous passe par la tête ! Sur ce, à bientôt !
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Contes des Amours d'éphèbes
FantasyVous vous rappelez sans doute des contes que vos parents vous lisaient lorsque vous étiez enfants ? Hé bien, amis(es) yaoistes, je vous présente mon recueil de contes remaniés à ma façon et avec des couples majoritairement homosexuels bien que quelq...