Blondin, Bonne-Biche et Beau-Minon 6/10

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Petit mot de l'auteure : La sixième partie est ici ! 

Petit mot de l'auteure : La sixième partie est ici ! 

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VI/Le second réveil de Blondin

Blondin dormit profondément, et, quand il se réveilla, il lui sembla qu'il n'était plus le même que lorsqu'il s'était couché, il se voyait plus grand ; ses idées lui semblèrent aussi avoir pris du développement ; il se sentait instruit ; il se souvenait d'une foule de livres qu'il croyait avoir lus pendant son sommeil ; il se souvenait d'avoir écrit, dessiné, chanté, joué de plusieurs instruments, pratiqué les arts des armes, de la rhétorique... Il regarda partout autour de lui. Sa chambre était pourtant bien celle que lui avait montré Bonne-Biche et dans laquelle il s'était couché la veille.

Agité, inquiet, il se leva, courut à une glace, et stupéfait, se vit plus grand ! Et aussi bien plus beau que lorsqu'il s'était couché. Ses beaux cheveux blonds tombaient jusqu'à ses fesses ; son teint blanc légèrement rosé, ses beaux yeux bleus étincelaient d'intelligence, son petit nez arrondi, sa fine bouche vermeille, ses joues ayant perdues leurs rondeurs enfantines, sa taille fine et élancée... Tout cela faisait de lui, un jeune homme splendide qui aurait sans doute fait des ravages à la Cour de son père si il y avait été élevé. Totalement perdu, le prince s'habilla à la hâte et courut chez sa bienfaitrice, qu'il trouva dans l'appartement où il l'avait vue pour la première fois.

- Bonne-Biche ! S'écria-t-il, expliquez-moi, de grâce la métamorphose que je vois et que je sens en moi. Je me suis couché, hier enfant et je me réveille ce matin, presque en homme ; est-ce une illusion ? Ou bien ai-je véritablement grandi ainsi en une nuit ?

- Il est vrai, mon cher Blondin, que vous avez aujourd'hui seize ans ; mais votre sommeil a duré neuf ans. Mon fils Beau-Minon et moi avons voulu vous épargnez les ennuis des premières études ; quand vous êtes venu chez moi, vous en saviez peu. Je vous ai endormi pour neuf ans et durant ces années, vous avez appris en dormant. Beau-Minon et moi vous avons instruit. Mais je vois que vous doutez de votre savoir ; venez avec moi dans votre salle d'étude et assurez-vous par vous-même de ce que vous savez maintenant.

Blondin suivit donc la biche dans la dite salle. Là, il courut au piano, dont il joua fort bien, puis il essaya la harpe. Ce fut la même chose qu'avec le piano. Il s'essaya au chant, puis à la peinture où il fit preuve d'un véritable talent. Tous les domaines qui traversèrent l'esprit du jeune homme, il s'y découvrit un talent, ce qui le laissa à la fois heureux et stupéfait. Il parcourut les livres qui peuplaient les étagères des yeux et se souvient de les avoir lus. Enfin, il se jeta au cou de Bonne-Biche et embrassa tendrement Beau-Minon en leur disant :

- Oh ! Mes bons, mes chers et vrais amis ! Que de reconnaissance ne vous dois-je pas pour avoir ainsi soigné mon enfance, développé mon esprit et mon cœur ! Car je le sens, tout est amélioré en moi et c'est à vous que je le dois !

Bonne-Biche lui rendit ses caresses tandis que Beau-Minon lui léchait délicatement les doigts. Quand les premiers moments de bonheur furent passés, Blondin baissa les yeux et dit timidement :

- Ne me croyez pas ingrat, mes bons et excellents amis, si je demande d'ajouter un nouveau bienfait à ceux que j'ai déjà reçu de vous. Dites-moi, que fait mon père ? Pleure-t-il encore mon absence ? Est-il heureux depuis qu'il m'a perdu ?

- Votre désir est trop légitime pour ne pas être satisfait. Regardez dans cette glace, Blondin, et vous y verrez tout ce qui s'est passé depuis votre départ, et comment est votre père actuellement.

Le prince leva les yeux et vit dans la glace, l'appartement de son père ; le roi s'y promenait d'un air agité. Il paraissait attendre quelqu'un. La reine Fourbette entra et lui raconta que Blondin, malgré les instances de Gourmandinet, avait voulu diriger lui-même les autruches. Ces dernières s'étaient emportées et avaient couru vers la Forêt des Lilas, versé la voiture et que le prince avait été lancé dans la forêt ! Fou de chagrin, Gourmandinet avait perdu la tête, si bien qu'elle l'avait renvoyé chez ses parents. Le roi parut au désespoir à cette nouvelle ; il courut vers la forêt et il fallut qu'on employât la force pour l'empêcher de s'y précipiter pour retrouver son cher enfant. On le ramena chez lui, où il se livra au plus profond désespoir, appelant sans cesse son Blondin, son cher enfant., Lorsqu'enfin, il s'endormit, il vit en songe Blondin dans le palais de Bonne-Biche et Beau-Minon. Bonne-Biche lui assura que son fils lui serait rendu un jour et que son enfance serait calme et heureuse.

La glace se ternie ensuite avant de redevenir claire. Blondin y vit de nouveau son père, il avait vieilli, ses cheveux avaient blanchis et il était triste. À la main, il tenait un petit portrait de Blondin, et le baisait en répandant quelques larmes. Il était totalement seul, le prince ne vit ni la reine, ni sa jeune sœur Brunette. Les larmes vinrent aux yeux du prince qui demanda :

- Pourquoi mon père n'a-t-il personne près de lui ? Où sont donc ma sœur Brunette et la reine ?

- La reine, répondit Bonne-Biche, témoigna si peu de chagrin de votre disparition que le roi la prit en horreur et la renvoya au roi Turbulent, son père. Ce dernier la fit enfermer dans une tour, où elle ne tarda pas à périr de rage et d'ennui. Quant à votre sœur, Brunette, elle devient si méchante, si insupportable malgré les efforts des nourrices et précepteurs, que le roi se dépêcha de la donner en mariage l'année dernière, au prince Violent, qui se chargea de corriger ses mauvais caractères. Si bien qu'elle commence à se rendre compte que sa méchanceté ne lui donne pas le bonheur, elle change donc peu à peu. Vous la reverrez un jour et votre exemple achèvera de la corriger.

Blondin remercia tendrement Bonne-Biche de ces détails mais alors qu'il voulut lui demander quand il reverrait son père et sa sœur, il eut peur d'avoir l'air d'être pressé de la quitter et de paraître ingrat, alors il se tu et attendit une autre occasion pour poser ses questions.

Les journées du jeune prince se passaient sans ennui parce qu'il s'occupait beaucoup, mais parfois il s'attristait ne pouvant deviser qu'avec Bonne-Biche, et cette dernière n'était avec lui qu'aux heures des leçons et des repas. Beau-Minon ne pouvait répondre et se faire comprendre que par des signes. Les gazelles qui le servaient avec zèle et intelligence aussi mais aucune ne pouvaient parler.

Lorsqu'il allait dans les jardins du château, Blondin était toujours accompagné par Beau-Minon, qui lui indiquait les plus jolies promenades et les plus belles fleurs. Bonne-Biche avait fait promettre au jeune homme que jamais il ne franchirait l'enceinte du parc et qu'il n'irait jamais dans la forêt. Plusieurs fois, Blondin avait demandé les raisons de cette interdiction mais sa bienfaitrice avait toujours répondue en soupirant :

- Ah ! Blondin, ne demandez pas à pénétrer dans la forêt ! C'est une forêt de malheur. Puissiez-vous ne jamais y entrer !

Parfois Blondin montait dans un pavillon qui était sur une éminence au bord de la forêt ; il voyait des arbres magnifiques, de charmantes fleurs et des milliers d'oiseaux qui chantaient et voltigeaient pour l'appeler. Aussi il se demandait pourquoi sa protectrice ne voulait-elle pas le laisser s'y promener ? Quels dangers pourrait-il courir alors qu'il était sous sa protection et qu'il savait se défendre ?

Toutes les fois où il réfléchissait ainsi, Beau-Minon qui paraissait comprendre ce qu'il se passait en lui, miaulait et l'attirait hors du pavillon. Le prince souriait et suivait docilement son ami, reprenant dans sa promenade dans le parc solitaire.  

A Suivre...

Une sixième partie un peu plus longue que celles qui viennent de passer et qui j'espère vous aura plus ! La septième partie est en cours d'écriture et je l'espère publiée ce soir ! Bref ! A bientôt ! 

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