Chapitre 4 - Sensation

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J'avais décidé de ne pas répondre à Tobio... De toute manière, je ne voulais plus personne dans ma vie... Ma mère essayait tant bien que mal de me caser avec quelqu'un. Mais pour moi, c'était impossible.
Je ne pouvais pas Lui faire ça.
Je n'en bénéficiais pas de ce droit.

— J'ai cours de littérature, on se voit plus tard ?

Tobio m'observe, il sent sûrement que quelque chose ne va pas, mais je n'y prête pas attention.
Je ne veux pas en parler pas maintenant.

— Très bien.

Je me dirige à l'extérieur de la cafétéria. J'attrape une cigarette. J'aspire la fumer. Ça me détend. J'observe l'extérieur pensant au passé : s'il avait été présent, il m'aurait arraché ma cigarette.

Je souris à peine en pensant à lui. Il me manque. Je secoue la tête afin de me remettre les idées en place. Il ne fallait pas que j'y pense trop.

Je me dirige à mon cours de littérature. Ce n'est pas aussi passionnant que les cours de Monsieur Jones, mais le professeur sais de quoi il parle. Cela rend le cours d'autant plus Intéressant. L'heure de fin approche enfin. Trois heures, c'est fastidieux quand même.

Je prends le chemin de la bibliothèque pour emprunter des livres. Celle-ci est immense, un véritable paradis pour les fanatiques de lecture comme moi. Je me dirige vers la section histoire, mythe et légende. J'attrape la liste de Monsieur Jones. Le livre est pas mal en hauteur. Je sautille pour l'attraper, mais il tombe entraînant d'autres ouvrages. Je souffle agacé.

Lorsque je m'abaisse pour les ramasser, une main effleure la mienne. La chaleur qui se propage dans tout mon corps au contact de cette main virile, me renseigne sur l'identité de mon sauveur sans que je n'aie besoin de voir son visage.

Aussitôt, je sens mon cœur battre dans ma poitrine. Je ne bouge plus relève la tête. Je vois Oikawa. Je ne comprends pas pourquoi mon corps réagit de cette manière. Je le regarde réunir les livres, observant des muscles saillant que j'aperçois à travers ses vêtements.

Je suis entièrement subjugué. Il oriente son regard vers moi. Dieu son regard est intense. Il happe le mien avec une force qui me fait chancelé. L'expression de ses prunelles est insondable, j'éprouve l'impression de m'y noyer. Je suis incapable de prononcer un mot unique. Il reste tout autant silencieux.

En temps normal, j'aurais eu une excuse pour me sortir de la... Son visage se rapproche du mien avec une lenteur calculé. J'ai le souffle court. Il lui reste un livre dans la main, il le dépose dans mes bras. Je suis totalement subjugué par ses gestes, son regard.

Il ne délaisse pas le livre, il ne lâche pas non plus mon regard. Il déserte enfin l'allée sans une parole. Sans un regard pour moi. J'observe le livre les yeux embués : « Les Hauts de Hurlevent ». Je suis plus que familier de cette histoire... D'amour passionnel et tragique. D'autant que Heathcliff a demeuré le héros de mes premier fantasme. Un homme tourmenté, ténébreux mais capable d'un amour brutal et absolu.
Est-ce qu'Oikawa essayerait de me faire passer un message ?

Je récupère le reste des ouvrages sur ma liste, le cerveau en ébullition. Je ne peux pas, je n'ai pas le droit. Je repère en boucle cette phrase.
J'ai l'impression que je suis à deux doigts de craquer. Je n'ai pas pu imaginer cette alchimie entre nous. Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? N'est-ce pas risqué de me rendre à cette fête si la moindre de ses actions me met dans un tel état ?

Je me rends au dortoir. J'entre la clé dans la porte. Je me rends compte que c'est toujours fermé. Tobio n'est pas rentré. Cette pensée est confirmée lorsque je n'aperçois personne et ne distingue aucun bruit.

Je m'installe sur mon lit, déposant mon sac au pied. J'attrape mon téléphone. J'enfile mes écouteurs. Je mets l'opening again de fruit basket, un son hyper déprimant.

L'émotion me prend, j'ai du mal à ravaler les quelques larmes qui m'échappent. La question unique qui me revient en tête, c'est : pourquoi tu as fait ça ?

Je distingue la porte s'ouvrir. J'essuie précipitamment mes larmes. Je ne veux pas que l'on me voie dans cet état. J'aborde mon plus beau sourire, même si à l'instant, il est hypocrite. Tobio entre, me rend un sourire modeste. C'est bien lui ça. Il s'installe dans son lit en silence. Il se tourne vers moi.

— T'as dîné ?

— Non, mais je n'ai pas réellement faim, et toi ?

— Non plus, tu veux qu'on sorte manger ?

— Pourquoi pas, je vais grignoter un truc vite fait.

Il esquisse un sourire, tout en m'invitant à le suivre à l'extérieur. Nous décidons de marcher pour prendre l'air frais. Au bout de dix minutes, nous trouvons un petit restaurant.

Il est assez paisible, lorsqu'on le pénètre à l'intérieur. Nous nous installons, l'un en face de l'autre. La serveuse nous apporte les cartes.

— T'as une idée de ce que tu vas prendre ?

— Aucune idée, franchement je suis perdu !

Je ris ouvertement, il présentait un visage déformé par l'indécision, comme s'il prenait la décision de sa vie.

— Le restaurant ne risque pas de disparaître ! Prends l'un des plats aujourd'hui et la prochaine fois tu prendra un autre.

— Ouais, t'as raison.

Des voix fortes et assurés éveille mon attention, un groupe d'étudiant au vu de leur veste vienne d'entrée. Putain qu'est-ce qu'il fait là ? Je décide de faire comme si de rien n'était espérant qu'il ne m'est pas vu, on fini par commander nos plats.

— Ho salut Le Roux !

— Oikawa.

Depuis notre entrevue à la bibliothèque, je me sentais gêné en sa présence. J'avais le sentiment qu'il savait impérativement comment j'avais réagi, et puis le livre qu'il a mis entre mes mains...

Je n'arrive plus à réfléchir convenablement en sa présence, et ça m'énerve. Je ne peux pas me permettre de m'attacher à qui que ce soit.

— Iwai-chan, vient, on s'installe ici, et amène les autres.

Comme au réfectoire, il ne prête pas attention à ma réponse et s'assoit. Tobio n'a pas l'air extrêmement satisfait que notre sortie se déroule comme cela. Rapidement, la banquette est envahie par Oikawa et ses amies.
Je sens que cette soirée ne va pas être de tout repos...

𝒴𝑜𝓊 𝓂𝓎 𝓂𝒾𝓃𝒹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant