Chapitre 13 - Retrouvaille

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— Si seulement ce soir-là, je n'avais pas formulé toutes ces paroles infâmes. Si seulement, tant de choses auraient été différentes. Je t'aimais tellement, je t'aime tellement, et je ne sais pas si un jour, je pourrais ne plus t'aimer.

Tellement enfermé dans ma bulle, que je n'entends pas les bruits de pas qui se rapproche.

— Shoyo, est-ce que c'est vraiment toi ?

Je tourne la tête vers la gauche. J'aperçois ses parents. Hazel et Subaru. Cela faisait près d'un an et demi que je les avais évité. Que j'avais fui de peur qu'il m'en veuille. Je savais que ces retrouvailles arriveraient. Mais pas maintenant. Je me lève ne sachant pas quoi répondre. L'émotion est forte, sa mère a la bouche grande ouverte une main dessus. Elle s'avance vers moi et me serre si fort dans ses bras que j'ai l'impression de me briser en deux.

— Pourquoi as-tu disparu ? Tu es comme mon fils, alors pourquoi ?

Je ne sais pas quoi dire, c'est un choc pour moi. Le temps que mes émotions reviennent. Je reste muet. Ne sachant pas quoi faire. Ce qu'il me reste à faire, c'est m'excuser.

— Je suis désolé... Tellement désolé.

Je suffoque, je ne savais même pas pourquoi je m'excusais. Parce que j'avais fui ? Parce que sa mort était de ma faute ?
Elle s'empare de mon visage entre ses mains, me perçant de son regard.

— Pourquoi enfin ? Pourquoi je distingue autant de culpabilité dans cette voix ?

— J'ai été hideux avec lui, juste avant qu'il ne parte ! Il était naturel que vous ne vouliez plus me voir, que je vous ai déçu, que vous m'en vouliez.

Son père s'avance. Le regard remplit d'une tristesse qui me transperce de part et d'autre. Il me prend dans ses bras sans un mot. C'est rapide, mais je sens tout l'amour qu'il me porte.

— Les disputes, les divergences c'est normal dans un couple. Tu souffrais, lui également. Je suis certaine qu'il savait que tu ne pensais pas tes paroles.

Je me détache brutalement de Subaru, élevant la voix. J'éprouvais trop de colère, de tristesse. Ce tourbillon d'émotion était en train de m'engloutir. Je ne détenais plus la force de le supporter. De supporter ses veines paroles, qui étaient censées me rassurer.

— Alors pourquoi il est partir sans dire un mot, sans dire au revoir ? Sans que je n'ai pu m'excuser, lui dire à quel point je l'aimais ? Que tout simplement, il représentait mon monde...

Je soupire la dernière phrase, non sans manquer de hoqueter.

— Il s'en voulait tellement de ce qui c'était passé. Mais à un point inimaginable. Je pense que c'était invivable pour lui. Viens t'apaiser à la maison avec un petit goûter mon garçon.

Assis sur une chaise, une tasse de thé à la menthe à la main... Elle n'avait pas oublié que j'adorais ça. Des sablés maisons comme elle savait si bien les faire.

Cette maison, où j'avais passé autant de temps, regorgeait de souvenir merveilleux et amer à la fois. Je n'avais qu'une envie : c'était monté dans sa chambre, mais j'avais peur. J'étais toujours incapable. Qui plus est, ses parents avait peut-être retiré toutes ses affaires.

— Je suis vraiment heureuse de te revoir, que fais tu maintenant ?

— Je suis en premier année d'archéologie, à l'université d'Oxford, spécialisé en mythe et légende.

— Comme ton père en fait. Tu lui ressembles beaucoup.

Elle me sourit, je lui rends, mais en étant à l'ouest. Impossible de ne pas revivre ces moments : des rire sur le canapé. Des disputes que nous avons eu là haut. Des repas que nous avons partagés sur cette même table. Pourquoi ça me hantait tellement ?

𝒴𝑜𝓊 𝓂𝓎 𝓂𝒾𝓃𝒹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant