Chapitre 22 - Toi, mon esprit

137 20 0
                                    

À chaque nuit, il y a un jour. La nuit n'est pas éternelle. Mais pour Shoyo, cette soirée, ressemblait à un éternel cauchemar qui n'était pas prêt de se terminer.

Toujours à terre. J'étais complètement sonnée. Taara apparaît, m'aidant à me relever. On se dirige ensemble vers le canapé, personne ne prend la parole.

Elle se lève, s'absentant de la pièce, ses pas résonnent légèrement. Je réfléchis à ce qui venait de se passer, j'étais perdu et déboussolé.

Taara revient avec deux tasses de thé en main, elle s'assied. Je la remercie, ma voix est un murmure.
Elle décide de prendre la parole.

— Est-ce que tout va bien ?

Je soupire. Je n'avais pas la réponse à cette question naturelle soit-elle. J'étais pris entre plusieurs émotions qui se bousculaient en moi.

Je pris un peu du thé qu'elle m'avait apporté. Il aurait été déplacé de ne pas y toucher. Cependant, je voulais rentrer chez moi, non pas que je n'appréciais pas la compagnie de Taara.

— Je vais rentrer, est-ce que tu peux garder Langa pour moi encore ?

Son visage forme du grimace. Elle m'observe longuement.

— Je suis désolé, j'ai un impératif avec mon père.

Fait chier. Je passe ma main dans mes cheveux. Non clairement cette soirée représentait tout le contraire de ce que j'espérais.

— Je prends le petit avec moi, est-ce que tu pourrais me déposer chez ma mère ?

Elle hoche la tête, tout en se mettant debout. Elle se dirige à l'étage, j'imagine qu'elle va récupère Langa et quelques affaires. J'en profite pour aller sur la terrasse, les mains tremblantes, j'allume une cigarette.

Sortant de la voiture, je remercie Taara, en mettant le sac de Langa sur l'épaule droit, ainsi que le mien à gauche. Je prends Langa qui dort dans mes bras le serrant fort.

J'observe la maison de ma mère, la lumière est toujours allumé. J'entrouvre la porte doucement, peut-être que quelqu'un s'était endormi en regard la télévision.

Deux visages se retournent soupçonnant ma présence. Le visage de ma mère se décompose tandis que Tobio me regarde avec incompréhension. Ma mère s'approche de moi tout en regardant le petit être que je serrais dans mes bras.

J'étais parti en étant un étudiant deuxième de ma promo, en couple et je revenais avec un enfant dans les bras qui n'était autre que mon fils. Alors je comprenais le regard de ma mère à cet instant.

— Ça va ?

J'ai le cœur serré et lourd, et toujours quand ça ne va pas, on nous pose cette question qui déclenche une rivière de larmes. Elle me fait signe de respirer, elle récupère l'enfant, puis se dirige à l'étage.

J'imagine qu'elle va le coucher, je dépose les sacs à terre en plein milieu. Tel un zombie, les yeux embués, je me dirige vers Tobio qui sans hésiter me prend dans ses bras, alors qu'il n'est pas spécialement tactile.

J'entends les pas de ma mère qui forme une mélodie lugubre et angoissante. Elle s'assied, pousse un long soupir que j'entends parfaitement tant mes pleurs son silencieux. Elle croise les bras sur sa poitrine, s'avance vers le bord du canapé.

— Tu nous explique ?

À l'aide de mon tee-shirt, j'essuie négligemment mes larmes. Je rassemble le peu de force et de courage qu'il me reste.

— C'est mon fils, enfin celui de Tooru et moi, je vous épargne les détails-.

— Alors là non ! Tu n'épargnes rien du tout, parce que ce que je viens d'entendre n'est pas courant ! Ça ce n'est pas normal !

Ma mère se lève, pointant du doigt l'étage, j'imagine que « ça », c'était débarqué avec un enfant dans les bras. Je l'avais rarement vu énervé.

Et quand elle l'était, je n'aimais pas ça. L'angoisse me prend, je respire avec difficulté tant elle m'effraie. Tobio fait un geste de la main à ma mère pour qu'elle baisse d'un ton.

— Calme toi Lylia, les enfants dorment, on est tous un peu choquée et à cran, je vais aller nous chercher des verres d'eau.

Je le remercie intérieurement. Ce soir, il était la voix de la sagesse. Tandis que Tobio s'en est allé. Ma mère n'arrive pas à se calmer, elle tourne en rond, à ce rythme là, elle va finir par creuser le sol.
Tobio réapparaît rapidement, tendant un verre d'eau à tous. Je le gratifie d'un sourire crispé.

— Continuons...

— Donc Tooru a adopté un enfant-.

— Comment as-tu pu accepter ça ?

Mais là, c'est trop. Ma main se resserre autour de mon verre vide.

— Mais bon sang, laisse moi en placer une !

Elle détourne le regard, se renfrognant. J'étais déjà dépassée par les événements, et je comprenais parfaitement ce qu'elle ressentait, mais elle devait également se mettre à ma place.

— Tooru à adopter un enfant, je n'en savais rien ! Je l'ai appris aujourd'hui ! Au départ, j'étais contre cette enfant, mais ce dernier n'avait rien demandé ! Alors on est parti le voir. Je l'ai immédiatement aimée et accepter et inversement. Par la suite, on s'est disputé et j'ai appris qu'il savait tout de ce qui c'était passé, avec ces hommes et Kei. Tout dans les moindres détails. Putain ! Je me suis senti blessé et trahi ! Je le suis toujours d'ailleurs. Certes, ce n'est plus aussi douloureux qu'auparavant, mais c'était à moi d'en parler ! C'est ma blessure mon passé et il a bafoué mon droit d'en parler ou non donc je l'ai quitter puis il a disparu.

Après mon récit. Le silence plane dans la pièce. Ma mère passe une main sur son visage. Elle a l'air complètement dépassée par les événements. Le regard que Tobio me lance signifie "je t'avais prévenu, il ne t'apportera que des problèmes".

— Shoyo, tu te rends compte ? Je ne dis pas être grand-mère, c'est super, mais tu n'as même pas fini tes études et puis en plus, tu l'as quitté ? Shoyo-

Mes oreilles bourdonnent, j'ai chaud. J'entends des voix m'appeler en panique, mais je ne les entends pas correctement. Ma respiration s'est accélérée. J'ai mal. De l'air.

Je pointais du doigt l'extérieur. Ils mirent emmènent. À genoux, essayant tant bien que mal que reprendre mes esprits. Je me sens défaillir juste après avoir prononcé ces mots.

— Tooru va mal, j'en suis sûr. Il lui est arrivé quelque chose.

Quelle sensation étrange, qu'elle était ce lien qui nous unissait ?

𝒴𝑜𝓊 𝓂𝓎 𝓂𝒾𝓃𝒹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant