Chapitre 5 - Peur et Determination

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— Shittykawa, présente nous tes amis !

— On n'est pas ses amis.

Ma parole, qu'avais-je fait dans mon ancienne vie pour mériter ça ? Tobio crache ces mots avec dédain, peu heureux que son espace soit envahi, surtout par Oikawa.

— Encore heureux !

Yuna passe la main dans ses cheveux, d'un geste qui se veut supérieur. Levant les yeux au ciel, je me penche près de l'oreille de mon colocataire de chambre.

— Écoute, quittons cet endroit, on peut prendre nos plats à emporter.

Il hoche la tête d'un air entendu et soulagé. Je n'avais pas non plus envie de rester ici. J'avais le sentiment qu'Oikawa n'était pas le même.

— Eh Le Roux ! Ne t'en vas pas si vite.

Il saisit mon bras, il le serre fort, que s'en est presque douloureux, je grimace à cette démonstration de force.

— Lâche le ! Ça ne va pas ou quoi ?

Tobio attrape quant à lui le bras d'Oikawa. Une guerre sourde se déclare entre eux, la tension est à son paroxysme. Ils ne se lâchent pas du regard.

L'un comme l'autre se défit : « Qui lâchera en premier ? ». Mes pensées sont interrompues part un homme blond et musclé, un sourire mesquin se dessine sur son visage, il pose sa tête dans sa main.

— Tooru, je ne t'avais jamais vu réagir comme ça, même pas quand nous étions en-

— Tsum referme ta gueule !

Le blond rit, Oikawa finit par me lâcher, j'attrape mon poignée douloureux, le massant machinalement. Je jette un regard glacial à Oikawa.

— Ça va pas bien chez toi !

J'éprouvais un besoin primaire de refouler ces papillons que je sentais au fond de moi dès que je le voyais. Ainsi, j'attrape son verre à cocktail et lui lance à la figure. Je devais me protéger coûte que coûte.

Des cris de stupéfaction se font entendre. Certains de ses amies rient à gorge déployée. Tobio attrape mon bras doucement et me sort de la banquette.

— Oikawa- sama ! Qu'est-ce qu'il vous a fait ? Comment oses-tu ?!

Putain. Elle était vraiment ennuyeuse ! Je souffle agacé. Je décide de l'ignorer. Tooru souffle ses mots agacés.

— Yuna, ferme la, s'il te plaît ! Ferme là toi aussi !

Nous récupérons nos commandes et sortons de ce bar mal fréquenté. Tobio n'a pas lâché mon bras... Je suis mal à l'aise, je décide de le retirer précautionneusement.

— Désolé, on voulait être tranquille...

— Ce n'est pas de ta faute, c'est ce fou furieux ! S'il continue à te harceler, tu peux venir me voir, je me procurerais un plaisir de lui refaire le portrait !

Je souris. Je suis rassuré de pouvoir compter sur lui.

— Merci, aller rentrons, j'ai faim et je suis fatigué !


Putain... On ne m'avait jamais humilié de cette façon. Je suis hyper tendu ! Pour qui il se prenait sérieusement ?

— Vous allez arrêter de rire ? Vous me les cassez !

Je me lève. Ma soirée était gâchée. Si je rentrais habillé comme ça, mon père allait en faire des caisses.

— Ça va ! Shittykawa, on arrête, c'est bon.

— Non je me casse, en plus, tu ne t'arrêtes même pas !

Je quitte le bar, l'air frais du soir heurte mon visage, mais me détend. Tout en me dirigeant vers ma voiture, j'enflamme une cigarette à la menthe, la fumée s'échappant de mes poumons m'apaise à point dont je soupire d'aise.

Quelques minutes, j'écrase ma cigarette, que je jette à la poubelle par la suite. Impossible pour moi de polluer la terre.

Enfin, à l'intérieur de l'habitacle, j'appelle ma génitrice.

"— Allô, maman ?

— Tooru, ou est tu ? Il est excessivement tard.

— Bien sûr, il est vingt heure trente ! Bref, je t'ai appelé pour te dire, qui fallait que je dorme à la fraternité. J'ai un travail de groupe, prévient ton mari.

— Tooru, ne parle pas de lui comme ça ! C'est aussi ton père. Tu découches, ne respectes pas ses demandes, ni-.

— Pardon ? J'ai suivi les études qu'il voulait que je suive, les sports qu'il estimait, les langues à apprendre qu'il jugeait utile et j'en passe ! Il contrôle ma vie de A à Z ! Mais tout ce que je fais n'est pas assez bien pour lui !

— C'est pour ton bien ! Il sait ce qu'il y a de mieux pour toi...

— Je rentre demain. Ne cherchez pas à me contacter."

J'étais vraiment une personne contradictoire. Je le détestais, mais je n'avais pas le courage de m'opposer à lui. Alors on disposait d'un accord : j'avais le droit de sortir une fois par semaine, d'aller à des soirées à condition que mes notes soient excellentes et que mon comportement en public soit irréprochable.

Et le pire du pire, c'est que je ne pouvais en aucun « choisir » avec qui je partagerai le reste de ma vie. Il fallait que ce soit inéluctablement une femme de bonne famille, riche, éduquée.

Sauf que moi, je voulais connaître, le véritable amour, l'amour passionnel saint. Savoir ce que ça faisait d'aimer au point de plus pouvoir vivre sans cette personne. Je voulais éprouver ce sentiment.

Que ce soit avec un homme ou une femme. Je n'imagine même pas la syncope que mon père ferait s'il apprenait que j'étais Bi et qu'en plus j'avais déjà couché avec un homme.

Je finis par voir la fraternité, au bout de quelques pas, j'atterris dans ma chambre. Je finis par prendre une douche, mes pensées dérive vers le petit roux. Quand on me résiste, je suis davantage plus déterminée. S'il croit que je vais abandonner maintenant, il se ment à lui-même.

Le lendemain, après cette soirée quelque peu mouvementer, j'ai passé une journée relativement calme et plaisante. Après les cours, je vais au club de débat sur les mythes et légendes.

Ce sont uniquement les présentations, mais j'ai vraiment hâte. Il est dix-huit heures lorsque je franchis la porte de la salle, ils ne sont pas nombreux.

— Bonjour ! Installe-toi où tu le souhaites ! Les présentations se feront quand le groupe sera au complet.

Elle sourit, je lui souris en retour. Puis fini par aller m'installer près de la fenêtre, je sors feuille et stylo par précautions. Les entrées défilent.

Je n'y prête pas attention jusqu'à ce que je sente une présence à mes côtés. Je lève la tête doucement son odeur, je la reconnaîtrais entre mille. Il me lance un sourire aussi faux qu'à son habitude.

— Oh Le Roux ! Quelle coïncidence !

Tout dans son comportement montre qu'il avait conscience que je serais présent. Je vais lui enlever se sourire aussi détestable.

Il fallait systématiquement que je me protège, j'avais peur, alors il fallait que je l'éloigne de moi en étant plus qu'exécrable.

— Tu est toujours aussi sournois ? Ton sourire, t'a voix, tout chez-toi est sonne faux !

Il manque de s'étouffer. Je me redresse et lui lance mon plus beau sourire provocateur. Son rire est plus sincère étant gêné. Il masse sa nuque mal à l'aise. Mais son regard laisse transparaître la souffrance.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Mon sourire est normal...

Je ne réponds pas et continue de le fixer. J'avais décelé une part de lui et je comptais bien l'utiliser.

𝒴𝑜𝓊 𝓂𝓎 𝓂𝒾𝓃𝒹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant