Chapitre 15 - Le manque

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— Tu veut venir passer le week-end chez nous ?

Tobio me regarda les yeux grand ouvert, manquant de cracher son repas. Je réprime un sourire amusée. Je voulais passer du temps avec lui. J'avais un peu délaisser mon seul ami sur le campus. Et je pense aussi que j'étais son unique ami.

— Pourquoi pas, mais ça ne va pas déranger ta mère ?

— Non au contraire, elle sera ravie.

— C'est d'accord alors. Toute façon personne ne m'attends.

Il m'avait auparavant parlé de sa relation avec sa mère. Elle n'était pas odieuse ou elle ne le battait pas ou quoi que ce soit. Mais elle désapprouvait son orientation sexuelle. Comme si c'était un choix. Enfin bref. Je suis désolé pour lui et c'est aussi pour cela que je l'invite.

— Parfait, on se retrouve ce soir, je vais retrouver une fille pour qu'elle m'envoie le cours que j'ai loupé.

— D'acc, à ce soir !

Je mets mon plateau à l'endroit prévu à cet effet. Dans la cafétéria, je cherche Yachi du regard. Elle est dans la même filière que moi. Mais je ne la trouve pas. Ce n'est pas grave.

Je me dirige vers la sortie du campus. Je possède une heure de trous, je m'assieds au pied d'un arbre, sortant un livre. Le vent caresse les joues, les rayons du soleil me réchauffe.

Je lis pendant une bonne demi-heure lorsque je sens une ombre planer au-dessus de moi.
Je lève la tête, je vois une fille au cheveu châtain, de grand yeux marron. Elle me sourit et s'assied en face de moi. Je la regarde avec incompréhension.

— Je peut t'aider ?

Elle secoue la tête de gauche à droite. Elle est vraiment étrange. Elle finit par me mettre mal à l'aise à m'observer aussi intensément et sans retenu. D'ailleurs, son regard me fait penser à Tooru.

— T'es vraiment beau ! Je comprends que mon frère s'intéresse à toi.

— Ton frère ?

Elle tend la main, accompagnée d'un grand sourire enthousiaste. Je la serre en retour.

— Taara, sœur jumelle de Tooru.

— Oh, il t'a parlé de moi ?

— C'est plus compliqué...

Elle me raconte ce qui se passait ce matin. Je manque de m'étouffer et de pousser des cris d'effroi à chaque parole infâme qu'elle employait lorsqu'elle imitait leur père. J'étais désolé pour Tooru, mais je comprenais un peu mieux le personnage.

Je commençais tout juste à m'attacher à lui. Je venais de franchir un cap dans ma vie, prêt à me lancer dans une nouvelle histoire...Une nouvelle aventure comme mon père le disait si dignement. Sa présence est réconfortante. Il m'était devenu important.

Je me masse les tempes, je réfléchissais : comment allais-je faire pour continuer à lui parler. Je voulais continuer à maintenir ce lien que nous étions en train de tisser.

— Merci d'être venu me prévenir, tu lui diras que je ne lui en veux pas, et que l'on trouvera forcément une solution ?

— Bien sur ! À bientôt !

Je lui souris, m'en allant dans le bâtiment pour mon prochain cour. Mais mes pensées étaient tournées vers ce problème qui n'était que le début de tous les autres.


C'était le week-end, j'étais sur la route avec Tobio, nous allions passer le week-end chez ma mère. À ma grande surprise, il était extrêmement anxieux.

Moi, j'avais un autre problème, nous n'avions pas trouvé de moyen de communication avec Tooru. Ainsi, on passait par le biais de sa sœur. Mais même pour elle, c'était compliqué. Je commençais à désespérer. Si c'était comme ça, qu'allait être l'avenir ? Je pousse un soupir interminable.

— Tu est étrange ces derniers temps...si tu veux euh hum en parlé, je suis là.

— Oh, je n'avais pas remarqué que j'étais si expressif. C'est compliqué pour Tooru et moi en ce moment, on ne peut plus se voir à cause de son père et on chercher une solution...

— Je comprends, mais pourquoi vous ne parlez pas uniquement en message le temps que ça se tasse ?

— Bah en fait il -

M'arrêtant en plein milieu de ma phrase. Tobio a son insu venait de trouver la solution à notre problème. Un second téléphone ! Il fallait seulement qu'il le cache au mieux !

— T'a pas fini ta phrase ?

— Ah oui, mais tu m'as aidé à trouver la solution ! Merci ! Ah, regarde-nous-y sommes !

Il détourne le regard. Jetant un œil à l'extérieur. Je vois ma sœur et ma mère sous le perron. Nous faisant de grand signe. Je me gare, nous sortons de la voiture, récupérant nos affaires au passage.

Je m'avance vers ma mère et là prend dans mes bras, elle m'embrasse le front, me détachant d'elle, elle tend les bras vers Tobio qui s'avance hésitant. Et lui fait également un baiser sur le front.

Je lui avais parlé de la relation entre lui et sa mère. Je pense que c'était sa façon de lui montrer un peu de compassion.

Il rougit, j'imagine que ce n'est pas à son habitude. Natsu saute dans mes bras. Je la bombarde de baisers, elle fait un timide coucou à Tobio qui lui rend.

Je les laisse rentrer avant moi, envoyant un message de mon idée à Taara.

" — Moi : Salut Taara, désolé de te déranger le week-end, mais je viens d'avoir une idée. Est-ce que tu pourrais trouver un second téléphone pour Tooru ? Qu'il cachera, de cette manière, nous pourrons discuter.
Bonne soirée."

— Shoyo chéri, tu rentres ?!

— Ouais, j'arrive !

Je me dépêche d'entrer à mon tour, un goûter nous attendais sur la table. On s'installe tous, discutant de tout et de rien. Tobio n'était pas très bavard, mais je le comprenais.

Ayant terminé Natsu nous invite à jouer au volley. À l'instant où ces mots ont été prononcé Tobio a eu un regard qui pétille.


La séance de sport terminée, nous nous étions bien amuser. Tobio devenait de plus en plus détendu. Je ne l'avais jamais vu rire autant. Il m'avait complimenté sur ma façon d'attaquer. Cela faisait extrêmement longtemps que je n'avais pas eu de compliment à ce niveau.

C'était toujours lui qui m'en faisait constamment. Je soupire le week-end prochain, c'est « l'anniversaire » de sa mort. Je déteste parler d'anniversaire, comme si cela était une fête ! J'essaye de ne pas y penser, mais c'est inéluctable. Cela me poursuivra jusqu'à la fin. Même si j'arrive à m'en remettre.

Je secoue la tête comme pour remettre les idées en place. J'attends mon tour pour filer dans la douche. Je vérifie mes messages, mais toujours aucune réponse de la part de Taara.

Je m'allonge, soupirant, les yeux tournés vers le plafond. Je me sens angoissé rien que de savoir qu'il est coincé dans une maison comme la sienne. Je fane une main furieusement sur mon visage.

La porte de ma chambre s'ouvre sur Tobio. Il fallait que je profite de mon week-end. Je lui souris me dirigeant vers la salle de bain à mon tour.

Lorsque je m'apprête à prendre ma douche, ma musique est arrêtée par un appel. J'attrape l'appareil en question regardant celui qui me dérange, mais c'est un numéro que je ne connais pas.

Ainsi mon cœur s'accélère, devinant l'interlocuteur de cet appel. Je décroche sans hésitation.

" Appel téléphonique d'inconnu à Shoyo

— Allô ?

— Salut...

L'émotion est considérable, je sais que ça ne fait qu'une semaine que nous nous sommes pas parlé, mais cela va bientôt faire plus d'un mois que nous nous connaissons et quelques semaines que nous avons commencé à nous fréquenter plus intimement.

— C'est surprenant ce que je vais dire, mais tu m'as manqué...

Ses paroles affectueuses me font rougir, je me sens bien rien que d'entendre sa voix. Il m'avait manquée aussi. Et pourtant, notre séparation était de courte durée.

— Pourquoi ça serait bizarre ?

— Parce que, on se connaît depuis pas longtemps...

— Tu m'a manqué aussi...

Nous étions un peu gênés. Nous ressemblions à deux adolescents prés pubères qui ne savaient pas comment se parler.

— Est-ce que tout va bien ?

Il soupire, je sens qu'il est à bout, même sa voix est fatiguée.

— J'ai connu mieux, c'est invivable chez moi, mais je n'ai pas le choix. Sinon t'entendre me détend.

— Je t'envoie plein de soutien ! Je suis vraiment désolé pour ton père... T'entendre aussi me réjouit. J'ai fait un cauchemar depuis notre dernière nuit.

— Mes bras ton manqué à ce moment-là ?

— T'es con, mais oui ! Bref, quand est-ce qu'on pourra se revoir.

— Je ne sais pas trop, je vais rien te promettre. J'attends que mon père se calme un peu. J'essayerai d'arranger un rendez-vous sur un TD, je m'arrangerai avec le charger de TD.

— D'ailleurs, je pensais te voir au club de débat moi !

— Mon père a retiré tous ces cours de mon planning...

— Ho...

J'entends des coups à la porte.

— Mon cœur ! Qu'est-que tu fais ? Le dîner est servi.

— Ok maman, j'arrive.

— D'accord.

Je l'entends s'éloigner.

— Allô ? Désolé, pour ça, en plus, Tobio est là ce week-end, je ne vais pas tarder à y aller.

— Tobio hein ? Vous allez dormir ensemble ?

— Oui, comme au dortoir ! Je ne voulais pas le laisser seul ce week-end.

— Ok.

— Ne réagis pas comme ça, t'a pas à t'en faire.

— Je sais, excuse moi. Je suis à cran en ce moment.

— Je comprends ne t'en fais pas, on parle par message ça te vas ? Seulement, pendant le dîner, je ne pourrais pas te répondre.

— C'est d'accord, quand tu as terminé, previene-moi.

— Ouais, salut.

— Bisous."

Je raccroche. Fixant mon téléphone les joues rosies. J'avais cette sensation de bonheur qui remplissait, mon cœur, mon corps et mon esprit.

Instinctivement, je place le téléphone sur mon cœur battant. Je n'avais même pas remarqué que mes battements avaient adopté un rythme plus accentué. Je sors de la salle de bain décidant de prendre une douche après le repas.

Lorsque j'arrive, ils sont tous à table. Je m'excuse de mon retard, m'asseyant à côté de ma sœur en face de Tobio.

Les discussions fusent, Tobio parle un peu plus que cette après-midi. Il semble à l'aise et heureux en notre compagnie et ça me fait plaisir.

— C'est quoi ce sourire niais ?

Ma mère me pose la question, soutenant mon regard, le sien est rempli de sous-entendu.

— Tu sais très bien pourquoi...

— Je suis vraiment heureuse de te voir, comme ça, ça faisait longtemps. Tu me raconteras !

Je lui souris , un peu de les larmes aux yeux, on avait traversé tant de choses. Je lève les yeux au ciel avant de lui répondre.

— Bien sûr comme d'habitude, madame commère.

Elle rit de mon comportement. Je pioche dans l'assiette de Natsu pour l'embêter. Elle boude de façon très mignonne, ce qui nous fait rire.

Lorsque le repas est terminé, ma mère s'attelle à coucher Natsu pendant que Tobio et moi débarrassons et faisons la vaisselle. Je lui dis que je l'abandonne un peu, le temps que je prenne ma douche.

Et qu'on regardera un film ensemble. Il hoche la tête. J'entre dans la salle de bain, prenant une bonne douche chaude comme je les aime.

Assis sur le canapé, nous débattons de quel film nous allons regarder. Personne n'est d'accord. Ma mère et Tobio, se sont ligués contre moi pour mettre un film d'horreur, mais j'ai horreur de ça. C'est le cas de le dire.
Alors j'ai décidé de me plaindre auprès des Tooru.

" — Moi : Qu'elle plaie, on me force à regarder un film d'horreur."

𝒴𝑜𝓊 𝓂𝓎 𝓂𝒾𝓃𝒹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant