Chapitre 35 - Ma décision est prise

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J'arrivais pas à en croire mes oreilles. J'étais complètement désarçonné, pris au dépourvu. Aucun son ne pouvait sortir de ma bouche à cet instant. Je fronçai les sourcils d'incompréhension.

— Shoyo ? Qu'est-ce que tu viens de dire ?

Une voix mal assurée et tremblante. Hier soir, tout était "beau et rose". Alors je ne concevais pas une telle réaction. Une réaction aussi brutale.
Il se détache de mon emprise, esquivant mon regard.

— J'ai dis pars avec elle.

Je m'assois, ce n'était pas une erreur, il était bel et bien sérieux. Incrédule. Je n'ai pas les mots afin de lui répondre comme il se doit.

— Shoyo, enfin calme toi !

— Maman laisse tomber ok ? Et vous disparaissez avant que je ne revienne.

Il s'échappe de la pièce. Je reste muet, je ne comprenais pas comment la conversation avait pu dévier autant. De quelle façon en est-on arrivé là ? J'agrippe ma tête entre les mains massant mes tempes. Une main, ce pose délicatement sur mon épaule gauche.

— Rentrons. Ton père a raison. Ce garçon n'est pas pour toi... Tu vas te trouver une belle jeune femme.

J'ouvre grand mes yeux. Prêt à explosé à la minute prête. Elle s'y mettait, mais pourquoi maintenant ? Pourquoi était-elle venu en fin de compte ?

Tout allait bien avant son arrivée. Elle est comme mon géniteur en fait. Arrivant à briser davantage tout ce que je bâtissais.

— Vous vous entendez mère ? Pourquoi êtes-vous venu ? C'est père qui vous envoie ? C'est ça ?

J'aperçois furtivement un voile de culpabilité passer devant ses iris. Elle se mord la lèvre inférieur, tellement fort, qu'elle finit par saigner.

En fait, ça ne me choque pas spécialement, j'avais l'habitude qu'elle joue les pigeons pour mon père. Seulement, j'étais déçu, j'avais espoir ne serais-ce qu'un peu qu'elle soit venu pour renouer avec moi et non me ramener de force au donjon familiale.

— Allez-vous-en, je ne veux plus jamais vous revoir. Même en peinture. Je pensais réellement que nous pouvions renouer, évoluer, que vous suivrez Langa dans sa croissance, comme une grand-mère normalement constituée. Mais enfin, vous êtes comme père, détestable, irritable, je crois même que je vous hais plus que lui, un pantin prêt au service. Bref Lylia, je te prie de m'excuser, pour cette dispute qui n'avait pas lieu d'être, et je retire tout ce que ma mère a dit à ton égard, tu es une personne merveilleuse et si tu avais été ma mère alors ma vie aurait été bien plus rayonnante.

Je quitte le séjour sans un mot de plus. J'avais le besoin d'être seul à cet instant. J'avais un trou béant dans mon cœur. Une douleur lancinante.

J'enfile mes chaussures, n'ayant pas pris la peine de me changer. Je claquai la porte et pris la route vers... Je ne savais pas où j'allais concrètement. Mon cerveau était enclin à une multitude de questions auxquelles je ne détenais pas la réponse.

Mes problèmes ne faisaient qu'amplifier à mesure que je pensais m'en sortir, un autre faisait surface : entre mon père, mon entreprise, ma mère et Shoyo. Je ne savais plus où donner de la tête.

J'avais le sentiment amer que le sort s'acharnait contre moi. Je marche encore et encore, finissant par trouver un coin calme et apaisant, avec une vue sur un lac qui brillait dut au rayon du soleil qui se reflétait.

Je m'assieds mon dos s'appuyant contre un arbre. Malgré la chaleur, un vent vient effleurer mes joues. Les feuilles bougent au rythme du vent, laissant un son agréable sortir.

Je réfléchissais ce qu'il fallait faire. D'abord mon entreprise. Je l'avais fermée congédiant mes employés. Heureusement qu'ils n'étaient pas nombreux. Il m'était laborieux, de convaincre de nouveaux investisseurs, le milieu est petit et tout le monde se connaît.

Peut-être que je devais me réorienter ? Changer radicalement de projet. Un rêve trottait dans ma tête depuis un moment : crée une chaîne d'hôtels de luxe.

À dire vrai, je n'appréciais pas réellement ce que je faisais. Parfois, il me venait à l'esprit d'évacuer le pays. D'aller créer ma chaîne d'hôtels à l'étranger, là-bas, j'étais certain que mon père ne pouvait rien y faire et surtout dans le domaine hôtelier.

Mais qu'en était-il de ma relation avec Shoyo ? Me suivrait-il ? Je ne pouvais m'empêcher de m'interroger sur, si notre couple pourrait résister à la distance ?

Lui qui avait si peur de perdre un être bien-aimé à nouveau. Et puis nous n'étions plus deux. Et je savais pertinemment que le cas de Langa allait créer la discorde entre nous. Il avait complétement adopté.

Je me lève d'un bond. C'était décidé. J'allais créer ma chaîne de luxe et j'allais partir dans le meilleur pays pour ça : la France.

Et puis peut-être que m'être un peu de distance entre nous, allais apaiser nos nerfs beaucoup trop tendu ces derniers temps. Pour notre fils, on verra bien.

D'ailleurs, c'est pour eux que je me bats autant, avant, je n'avais que faire, je faisais ce que me disait mon géniteur.

Enfin, je reprends le sens inverse afin de revenir au domicile. Cette petite sortie seul, m'avait permis d'éclaircir quelque idée afin de m'éradiquer un premier problème. Enfin, n'allons pas vite non plus, ma chaîne n'était pas encore créée. Mais j'avais le cœur un peu plus léger maintenant. Il me restait à en parler...

Rentrer. Je venais de fermer la porte. J'entrai dans le séjour et vis que ma mère avait belle et bien quittés les lieux. Je soupirais de soulagement, l'adrénaline de tout à l'heure était redescendue, et je n'avais pas la force de la confronter de nouveau.

Je cherche Shoyo du regard, mais ne le vois pas, ni dans le séjour, ni dans le jardin. Je décide de monter dans sa chambre.

Il est dans son lit, dos à moi, j'entre refermant la porte doucement. Je m'assieds sur le lit. Je n'étais pas en tort, mais les histoires de fierté, très peu pour moi. Je passe ma main dans ses cheveux, mettant en évidence ma présence un peu plus fermement.

— On peut parler ? J'ai quelque chose d'important à te dire.

Je le sens ce tendre. J'imagine très bien qu'il appréhende ce que je vais lui dire, d'ailleurs moi aussi, j'étais anxieux. J'avais légèrement peur de sa réaction. Mais s'il m'aimait et me comprenait alors, je n'avais pas à m'en faire, n'est-ce pas ?

Il se retourne, toujours couché, son regard indique " tu veux quoi ?", je souris légèrement, puis reprends mon souffle.

— Je vais partir, non pas pour ma mère. Je quitte le pays, je vais aller monter mon entreprise à l'étranger.

Il se relève doucement, mais vraiment avec une lenteur déconcertante.

— Pardon ?

Je fronce les sourcils. Sa voix est peu audible. En le regardant bien, je remarque que ses yeux son rouge.

— T'a pleuré ?

— Mais on s'en fou ! T'es en train de me dire que tu pars à l'étranger et tu nous laisses seul Langa et moi ?

— Non pas du tout, mais on va pas rester vivre chez ta mère toute notre vie. Il faut bien que je trouve une solution pour nous faire vivre !

— Tooru, je veux bien être compréhensif, je te le promets, mais là...J'ai même pas les mots.

— Tu n'a qu'à venir avec moi ! Tu vas te trouver une faculté à Paris.

Son regard est rempli de tristesse, un sourire sans joie l'accompagne.

— C'est pas aussi simple Tooru, c'est pas quelque chose à prendre à la légère. Je ne parle même pas un mot de Français. Alors allez à l'université là-bas et ne pas comprendre les cours... Et j'ai peur d'être déboussolé. Fin bref il y a de nombreuses angoisses qui m'étouffent. Et puis laisser ma mère et ma sœur pour une durée indéterminée... Je ne sais pas, et puis si tu pars avec Langa, je ne t'en parle même pas ou s'il reste avec moi, je suis sûr que ce sera dur pour lui comme pour toi.

— Réfléchit, tu as jusqu'à début septembre, j'ai des trucs à régler avant d'y aller, alors je partirai, avec ou sans toi.

𝒴𝑜𝓊 𝓂𝓎 𝓂𝒾𝓃𝒹 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant