Mischief's Reality

Chapitre 11

— Allez gamine, parle.

Désormais assis tous les deux sur le trottoir non loin de l'endroit où nous avons... disons, atterri, Loki et moi regardons l'étendue du vide devant nous. Il n'y a pas de doute, les choses ont vraiment, beaucoup changé pendant la détention de Loki.

Alors, je prends le temps de lui expliquer tout ce qui s'est passé entre sa prétendue mort et aujourd'hui, en 2026. J'essaie d'être brève, tout en conservant l'importance de chaque détail. Je parle de la première guerre, puis de la seconde, je parle des sacrifices, de la souffrance... Durant quelques instants j'ai l'impression d'avoir été là, réellement, d'avoir participé à tout cela. Ce n'est pas le cas, cependant ; et ma vie est bien moins passionnante (et ainsi moins dangereuse) que celle de toutes ces personnes.

Quand, enfin, j'ai terminé de raconter à Loki le déroulement des évènements de son univers, il se tourne vers moi et hausse les sourcils d'un air taquin.

— Alors la moitié de l'univers a été décimé, puis ramené ? Le chaos a été semé sur l'univers et ce n'est même pas grâce à moi. Quelle déception.

Ça ne me fait pas rire, contrairement à ce que Loki avait l'air de penser. En me voyant quasiment sans réaction, il tente le tout pour le tout en en rajoutant une petite couche. Mais cette fois, ce n'est même pas « un peu » marrant : c'est juste angoissant.

— Au moins maintenant, dit-il ainsi en se relevant, tu as encore plus d'utilité à mes yeux. Tu sais des choses qu'apparemment je ne sais pas. Alors... Dis-moi Maria...

— C'est Maya.

— Oui, me coupe-t-il, peu importe. Donc, dis-moi : où peut bien être mon cher frère d'après toi ? Je pensais le trouver avec les Asgardiens, mais les Asgardiens ne sont pas là alors...

Je me plonge dans mes réflexions quelques instants, même si je n'ai pas besoin d'y réfléchir très longtemps. Ensuite, je lève le doigt et hoche la tête avec certitude.

— La dernière fois qu'on voit Thor dans Endgame, il monte à bord du vaisseau des Gardiens de la Galaxie.

— Je te demande pardon ?

Le Dieu de la Malice me regarde avec de grands yeux, et une toute aussi grande grimace. Cette information ne semble pas vraiment lui plaire. Pourtant, je réitère mes dernières paroles et hoche la tête avec conviction.

— Si tu veux retrouver ton frère, tu dois retrouver les Gardiens.

— Génial, marmonne-t-il, manquait plus que ça... Bon allez, viens.

— Comment ça, viens ?

Loki se tourne vers moi et me regarde d'un air curieux. Alors, je lui exprime le fond de ma pensée.

— Maintenant que je t'ai aidé, et plus qu'aidé même, j'aimerais que tu me ramènes chez moi.

— Ah ça, me répond-il en ricanant, je crains de ne pouvoir le faire.

Alors que la conversation n'est pas terminée, Loki recommence à marcher et je dois une nouvelle fois lui courir après pour qu'il continue de m'écouter.

— Et pourquoi ça ? lui demande-je en fronçant les sourcils.

— Écoute gamine, je ne suis même pas sûre que ce soit possible de te ramener là-bas. Je veux dire que d'après ce que je sais, personne ne peut traverser les réalités comme tu le fais. Et je n'ai pas de temps à perdre avec ça, alors pousse toi maintenant. Ou viens avec moi si ça t'amuse, mais ne crois pas que je vais perdre mon énergie à trouver une solution à des problèmes qui ne sont pas les miens.

Au moins c'est clair. Après tout ça ne devrait pas m'étonner ; c'est le Dieu de la Malice, le prince déchu d'Asgard. La personne la plus égoïste et la plus égocentrique que je rencontrerais probablement jamais. Aussi, je sais que rien ne servirait de débattre ou d'essayer de se faire entendre. En revanche, je crois savoir que quelqu'un pourrait être plus attentif que Loki. Alors, je finis par soupirer et hocher la tête d'un air entendu.

— Alors retrouvons ton frère. Lui, il m'aidera à rentrer chez moi.

— Je ne comprends pas pourquoi tu as tellement hâte de partir, me dit Loki en recommençant à marcher.

— Comment ça ?

Loki se tourne vers moi, fronce légèrement les sourcils avant de pencher la tête et de sourire. Ce sourire est malicieux, plein de méchanceté gratuite, tout comme le sont ses paroles.

— Il y a quelque chose, quelqu'un qui t'attend là-bas ? Un parent, un frère, un mari ?

C'est blessant, trop blessant pour que je dise clairement la réponse. Seulement, cela se lit sur mon visage : non, je n'ai personne. Rien, ni personne ne m'attend dans mon monde. Devant mon lourd silence, Loki hausse les sourcils ainsi que les épaules.

— J'en étais sûr. Alors je ne vois pas où est le problème. Allez, viens maintenant. Il faut que je retrouve mon frère avant qu'il devienne encore plus stupide qu'il ne l'est déjà.