Chapitre 29

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— Loki, il faut que tu fasses libérer ton frère.

Loki et moi nous baladons dans les rues de Sakaar, en milieu d'après-midi le lendemain de notre nuit ensemble. Nous n'en avons pas reparlé, et c'est tant mieux : ça ne se reproduira pas, et ça ne voulait rien dire.

— Je ne le ferai pas libérer, Darling. Il est très bien là où il est.

— Alors après gamine, et Maya, j'ai droit à « Darling » maintenant ?

— Thor a ce qu'il mérite, reprend Loki sans relever ma dernière phrase C'est une sale petite fouine.

— Il est juste venu pour vérifier que j'allais bien, réponds-je. Tu ne peux pas lui en vouloir.

— Oui et bien tu vas bien, non ? rétorque-t-il en haussant les épaules. Alors il aurait pu s'en aller. Mais non. Dès que j'ai quelque chose, il faut qu'il l'ait aussi. Ça a toujours été comme ça.

Une fois de plus, Loki me compare à un petit animal égaré et ça ne me plait pas. Mais je ne prends pas le temps de le lui faire savoir : au bout de la rue à quelques dizaines de mètres de là, un homme au regard dur est en train de frapper le bras d'une petite fille. À ce moment-là je ne prends pas le temps de réfléchir, et commence à avancer dans leur direction.

— Qu'est-ce que tu fais ? demande Loki en marchant derrière moi.

Je me rapproche suffisamment de l'homme et de la petite fille pour comprendre ce qui se passe. Je crois qu'elle a essayé de voler un fruit sur son étal et qu'il l'a prise la main dans le sac. Je fronce les sourcils. Est-ce que ce mec est vraiment en train de frapper une gamine parce qu'elle essaie de survivre ?

Alors que la petite fille commence à pleurer et que l'homme retourne à son étal, je prends une décision. Il n'y a pas de mal à utiliser ses capacités, si on le fait pour de bonnes raisons. En tout cas, c'est ce que je pense. Alors j'avance vers l'enfant en pleurs jusqu'à m'accroupir devant elle. La petite lève des yeux curieux vers moi, et je me mets à sourire.

— Ne t'en fais pas, lui dis-je, je ne vais pas te faire de mal.

Tout en tenant ses mains les paumes vers le ciel, je ferme les yeux une seconde et me concentre un peu. En quelques instants le tour est joué : un panier de fruit a disparu de l'étal de l'homme pour atterrir droit dans les mains de la petite fille. Celle-ci nous regarde tour à tour le panier et moi, des yeux exorbités.

— Maintenant file, reprends-je.

La petite ne se fait pas prier. Après un remerciement silencieux, elle court dans une rue parallèle avec le panier de fruits et disparait quelques instants plus tard. Alors je me relève et, voyant que l'homme ne s'est aperçu de rien, je hoche la tête d'un air satisfait. Puis, je me retourne vers Loki et voit qu'il me regarde... étrangement.

— Écoute, me défends-je, je n'allais pas laisser cette petite mourir de faim.

— Ne t'en fais pas Darling, me répond Loki de son sourire malicieux, tu n'as pas besoin d'essayer de me convaincre. Il n'y a rien de mal dans le fait d'aider les plus démunis. Même si ça veut dire déposséder les plus forts de leur pouvoir.

Quand il me parle comme ça, qu'il me regarde comme ça, je ressens des frissons dans tout le corps.

Maya, tu es en train de devenir une vraie cinglée, tu le sais ça ? 

Mischief's RealityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant