I- 19. Le Capitaine de la Garde

36 6 22
                                    

Les trois jours qui suivirent, Izidor fut misérable. Le premier matin, alors que Parki la réveillait pour l'école, elle refusa de sortir de sous ses édredons.

— Aller, s'il te plaît, sors de là...

— Je ne veux pas y aller, se lamenta Izidor.

Parki s'en alla et Izidor cru qu'elle avait gagné, mais peu après, on toqua trois coups à la porte de sa chambre.

— Izidor ?

C'était Lioski. La petite fille s'étonna qu'elle ne soit pas encore partie travailler. La mère de Nozikaa s'assit sur le bord de son lit.

— Sors de là.

Izidor n'osa pas désobéir. Avec réticence, elle repoussa la couette et la lumière aveugla ses yeux rougis. Elle vit le visage de Lioski penché sur elle, avec sa figure mince et ses cheveux courts.

— Viens là.

Et la Nartiz la prit dans ses bras. Izidor eut à nouveau envie de pleurer. Elle s'abandonna dans l'étreinte, submergée par sa peine. Elle crut que la femme allait lui dire de se lever et de s'habiller, mais celle-ci lui murmura simplement :

— Tu n'es pas obligée d'aller à l'école aujourd'hui. On verra cela demain.

Izidor resta donc toute la journée à la maison. Au bout d'une heure à tourner en rond, elle réalisa que l'inactivité ne lui permettait que de mieux ressasser les événements de la veille. De plus, Nozikaa n'était pas là pour la distraire.

Elle passa une grande partie de la matinée à aider Parki dans son travail. Elle l'accompagna pour changer le réservoir de snil, ainsi que celui d'eau. Les bonbonnes furent déposées sur le pas de la porte par un livreur. Izidor découvrit que Parki dissimulait une immense force physique quand il fallut les porter tout en haut de la maison.

Elle aida également l'employée à faire l'inventaire des liqueurs et à dépoussiérer les tapis de l'escalier public, là où Nozikaa et elle s'étaient cachées durant l'intervention de Féltèr. Tout cela était en prévention du bal qui surviendrait trois jours plus tard.

Izidor fut surprise par la quantité de travail que la jeune femme fournissait chaque jour. Tenir une demeure de cette taille toute seule représentait un sacré défi !

— Ozaharta et Lioski m'ont engagée il y a à peu près vingt-cinq ans, lui raconta Parki alors qu'elles battaient les tapis. Ils étaient débordés, avec Nozikaa qui faisait ses premiers caprices et leurs boulots à temps plein... La maison était dans un sale état, quand je suis arrivée ! Au départ, je ne devais pas avoir le job, vu que j'habite loin et que je n'avais pas beaucoup d'expérience - j'avais à peine 90 ans à l'époque - mais finalement, j'ai été la seule sur laquelle Nozikaa n'a ni renversé son assiette, ni coupé les cheveux, ni déchiré les vêtements !

Elle gloussa à ce souvenir et Izidor se représenta une Nozikaa bébé, déterminée à faire fuir chaque potentiel domestique qui tenterait de lui faire la morale.

— En tout cas, poursuivit Parki, je suis vraiment heureuse de travailler ici. Le quartier est époustouflant, le salaire est plus que correct. Il me permet de prendre soin de mes parents.

Quand midi sonna, Nozikaa rentra de l'école à l'aide d'un grand coup de pied dans la porte.

— IZIDOR ! hurla-t-elle. Demain, tu reviens en cours ! Je me suis ennuyée à mourir ce matin. En plus, cette idiote de Siliérii n'a pas arrêté de chouiner à cause de son devoir que j'ai découpé à la machine. De toute façon, ce n'était pas une grande perte ; elle est tellement stupide que si tu lui demandais combien font trois plus trois, elle serait incapable de répondre.

ErzikOù les histoires vivent. Découvrez maintenant