II - 11. Le sommeil est une perte de temps

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PRINCIPE N° 11 : LE SOMMEIL EST UNE PERTE DE TEMPS

***

Le soir tomba plus vite qu'on en avait l'habitude en Saison Rouge. 

Le nez collé à la fenêtre du séjour, Nozikaa ne bougeait plus. 

Un éternité plus tard, elle capta enfin un mouvement sur la route descendant de la Grande Place. Nacrés de la lumière violette des nuits izoldiennes, une petite dizaine de soldats trottaient droit sur la maison.

— C'est une plaisanterie ?

Son cri attira Izidor et Lian. Izidor regarda à son tour dehors avant de déclarer, blanche :

— ...J'ai comme une impression de déjà vu.

Le sang de Nozikaa ne fit qu'un tour lorsqu'elle aperçut ses deux parents devant le bataillon. Elle bondit sur les portes d'entrée. L'air nocturne s'engouffra dans la pièce.

Ozaharta atteint le perron le premier. Elle l'interpella :

— Qu'est-ce qu'il se p...

Mais son père lui tapota l'épaule et pénétra à l'intérieur sans la regarder.

— Papa ! s'ingurgea Nozikaa.

L'homme fonça à l'étage sans ôter ni bottes ni cape. Nozikaa sentit comme une aiguille triturer son cœur. Elle fit volte-face et se retrouva face à sa mère.

— Maman !

Lioski lui passa également devant en lui effleurant le coude.

— Rentre à l'intérieur, ma chérie.

Nozikaa avança sous le parapet. Les soldats se déployaient autour de la demeure assombrie par la nuit, leur lances sorties et en évidence.

— Attends, qu'est ce qu'ils font ? Ils m'arrêtent ?

— Allez, viens.

Sa mère l'attira de l'autre côté des portes qu'elle referma. Elle fila à la fenêtre, jeta un coup d'œil par les interstices des volets puis répéta l'opération vers la fenêtre du mur opposée, les sourcils froncés.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? répéta Nozikaa.

Lioski se tourna vers Lian :

— Merci beaucoup. Vraiment, merci.

— Maman ! La reine a dit quoi ?

Mais enfin, que quelqu'un lui réponde !

— Il n'y a aucun souci, répondit Lian. Tenez, je vous rends les clés. Voilà. Izidor, tu viens ? On ferait mieux de se mettre en route.

— À bientôt, fit Lioski, serrant la main de la Ouahali.

— Bon courage.

— Papa est en colère, ou quoi ?

Nozikaa devinait qu'il n'appréciait pas voir sa maison surveillée par ses propres soldats une seconde fois au cours de sa vie.

Izidor lui murmura :

— On se voit demain, d'accord ?

— Oui, oui. Maman, répond. Que s'est-il passé, pourquoi les soldats ?

Nozikaa entendit à peine les portes se fermer dans son dos.

— Viens, soupira sa mère. Nous avons beaucoup de choses à nous dire.

*

Lioski laissa Nozikaa pénétrer devant elle dans le bureau d'Ozaharta. Ce dernier, debout, parcourait avec empressement les fichiers d'un tiroir.

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