PRINCIPE N° 7 : ON NE DONNE PAS LA CHASSE À UN FUTUR SOUVERAIN
***
Nozikaa finit par comprendre, plus ou moins, où elle pourrait peut-être trouver la sortie du conduit dans le dédale du Palais. Elle dû patienter deux jours pour se rendre sur les lieux car, comme souvent, Izidor était invitée chez elle après les cours et elles passaient l'après-midi ensemble.
Parfois, elles arpentaient la ville en quête de mésaventures, parfois, elles traînaient avec leurs amis du quartier. D'autres fois, elles se posaient dans la chambre de Nozikaa et ricanaient sur tout et rien jusqu'à la tombée de la nuit. Dans tous les cas, c'était très amusant et Nozikaa ne manquerait jamais ça. Et puis, elle ne pourrait s'y soustraire sans attirer les suspicions de son amie, qui la connaissait trop bien.
Le dixième jour de la quatorzaine, Nozikaa engloutit son repas d'une bouchée et se précipita hors de la demeure. Elle arpenta le pied de l'Exclusive en tournant et retournant le plan sans fin jusqu'à ce que le Palais se vide de la moitié de ses visiteurs. Elle découvrit enfin une porte ronde en métal dissimulée derrière une tenture bleue. Le loquet s'ouvrit aisément sur la bouche d'un étroit tunnel, obscure, poussiéreux, infini. Nozikaa l'imagina s'enrouler autour de la grosse tour jusqu'au ciel. Elle frissonna malgré elle.
— Bon. Ça va être un long chemin.
Elle passa la tête à l'intérieur. Le noir l'engloutit.
Il me faudra une lampe.
Elle se demanda combien de temps cela prendrait de grimper jusqu'à l'atelier. Est-ce que les parois glissaient ? C'était le but, non ? De glisser jusqu'en bas au cas où la tour avait un problème ?
Ça va être plus dur que ce que je croyais.
Cette pensée la réjouit. Nozikaa posa un genoux à l'intérieur, juste histoire de tester.
— Pour l'amour d'Erzikaa, qu'est-ce que vous faites ?
Elle se retourna en bondissant.
Un homme se dressait de toute sa hauteur devant la bouche du conduit. De toute sa hauteur, et ce n'était pas peu dire ! Il culminait plus haut que Nozikaa, plus haut qu'Ozaharta, plus haut que la majorité des citoyens d'Erzik, qui déjà n'était pas réputés pour leur petite taille. Mais là n'était pas le plus frappant : l'homme possédait une chevelure châtain rougeoyante et foudroyante de santé, cascadant comme du satin dans son dos. Sur son visage sévère, on apercevait les marques des échappés (deux traces brunes sur les joues et une entre les sourcils) ainsi qu'un autre symbole sur son front, bleu, brillant, en forme de lotus. Il était richement vêtu d'une veste brodée et d'une pèlerine violette. Enfin, pour compléter le tableau, il lui manquait la moitié de l'oreille gauche. Son moignon avait été recouvert par un bandage.
Nozikaa savait qu'il avait perdu le bout de cette oreille pendant la guerre du Fendikofèl, trente-neuf ans plus tôt. Elle savait cela car l'homme qui la regardait avec désapprobation ne lui était pas inconnu.
— Aspirant Sirinia !
C'est pas vrai...
— Qu'est-ce que vous faites ? répéta l'aspirant.
Nozikaa descendit du tunnel en enfouissant d'une main les documents dans sa besace. Elle referma prestement la porte.
— Rien. Je visite.
— Attends une minute. Je te connais. Tu es la fille du Capitaine. Nozikaa, c'est ça ?
Elle plissa des yeux incrédules.
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Erzik
FantasyDu haut de ses huit ans, Isabella est plus seule que jamais. Son père, impitoyable, lui interdit presque tout. Il vient juste de renvoyer sa tendre nourrice ! La fillette ne sait plus où trouver du réconfort. Un soir, pourtant, en fouillant dans un...