II - 17. Une séance d'entraînement est un contexte idéal pour les confessions

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PRINCIPE N° 17 : UNE SÉANCE D'ENTRAÎNEMENT EST UN CONTEXTE IDÉAL POUR LES CONFESSIONS

***

Huit jours.

Voilà le temps que Nozikaa possédait pour tout réparer.

Elle recommença à arpenter la maison. Huit jours, sachant que personne ne pouvait être au courant sous risque d'allonger fatalement son exil et qu'elle était confinée chez elle, surveillée jour et nuit.

Nozikaa poussa un râle, les doigts crispés de frustration. Elle DÉTESTAIT ne pas pouvoir sortir. Elle passait la moitié de son temps dehors en règle normale ! Elle se languissait d'aller danser dans un pub au hasard sur la place, là où elle était reine.

Comment réglerait-elle quoi-que-ce-soit sans quitter la maison ? Elle ne savait même pas quel était l'antidote et comment le donner aux souverains sans alerter toutes les Ouahalis du coin. Une petite voix dans sa tête lui souffla de filer en douce. Elle en était capable ! L'excitation familière du challenge lui titilla le ventre.

Non !

Elle ne pouvait pas se permettre de briser les règles. Nozikaa ne mettrait pas son retour en jeu.

Elle aurait su fabriquer un plan parfait sans même sortir de chez elle, c'était sûr... Cependant, le temps lui manquait. Huit jours ; pas assez du tout. Ces choses-là demandait de la réflexion.

La solution était simple, au final. Nozikaa devait s'y résoudre même si chaque cellule de son être résistait. Mais oui ; elle allait être obligée de prévenir ses parents.

Ils étaient les seuls à pouvoir régler le souci en deux ou trois conversations sans jamais tenter de la dénoncer. Ils seraient efficaces, discrets. Et il ne l'aimait déjà plus de toute façon. Que pouvait-elle perdre à leur révéler la vérité, pour une fois ?

Nozikaa s'affairait à convaincre ses dernières cellules réticentes quand elle croisa son père dans l'escalier ouest. Il la cherchait, apparemment. D'un coup de tête, il pointa l'étage supérieur.

— Entraînement.

— Allons-y.

Nozikaa le suivit. Une séance d'entraînement. Un contexte idéal pour les confessions.

Leurs épaules à tous les deux se relâchèrent lorsqu'ils pénétrèrent dans leur salle d'exercice. C'était leur endroit. Ils y possédaient assez de souvenirs pour remplir leur mémoire jusqu'à leur mort. Nozikaa se força à rester concentrée malgré le désir d'action dans ses veines ; une séance avec son père suffisait d'ordinaire à lui faire tout oublier.

Ozaharta passa dans l'armurerie. Il parcourut les différentes armes, songeur.

— À quoi on s'entraîne aujourd'hui ? voulut savoir sa fille en revêtant une tenue plus légère derrière un paravent. Lames de Pluie ? Arbalète? Oh, je sais, combat rapproché !

C'était sa discipline favorite.

— Ou bien devrions-nous juste jouer à la babask ?

Elle souhaita soudain se frapper la tête contre le mur, car elle venait de réveiller par accident le monstre dans son ventre en réalisant qu'elle ne disputerait plus de match aux côtés de son père avant très, très longtemps. Elle ne disputerait plus de match tout court, en fait. La babask existait-elle sur Terre ? Non, évidemment que non.

Elle secoua la tête. Au dodo, le monstre.

— Je pensais plutôt à... Combat de bâtons.

Il fit sauter dans sa main deux manches en bois.

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