II - 9. Les conséquences peuvent aller aux oubliettes

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PRINCIPE N° 9 : LES CONSÉQUENCES PEUVENT ALLER AUX OUBLIETTES

***

Si ses amis avaient choisis un emplacement idéal pour regarder l'estrade, il ne s'adaptait pas du tout au plan de Nozikaa.

La porte de l'aile militaire constituait pour elle le moyen le plus efficace d'entrer dans le bâtiment ; or, l'aile militaire se trouvait côté est de la Grande Place, à l'opposé du jardin. Impossible de couper droit sans passer devant tout le monde ! La jeune fille voulait éviter de devoir jouer des coudes pour faire un détour par la foule serrée. Elle préférait s'échapper de la place par la première rue, puis contourner le Palais et son immense parc.

En longeant la grille, elle heurta Martariéna.

— Aïe ! Fais gaffe !

— C'est toi qui m'est rentrée dedans, espèce d'idiote, rétorqua la blonde.

— Eh ben ? T'aurais pu t'écarter.

Nozikaa poursuivit son chemin. Elle parcouru d'un pas vif la très longue route autour du Palais. Elle savait que la cérémonie durerait des heures, mais elle ne souhaitait pas perdre ce précieux temps à arpenter son propre quartier.

— Qui a eu l'idée de planter autant d'arbres dans ce parc ? grogna-t-elle.

Des années plus tard (ou presque), elle retrouva l'assemblée de l'autre côté de l'estrade. Elle se présenta devant la porte de l'état-major, mais l'endroit était gardé. En fait, tout le périmètre grouillait de soldats.

Que mon père et sa sécurité soient maudits.

Nozikaa s'autorisa un instant pour reprendre son souffle.

— Hey ! Vous ! chuchota-t-elle alors à la personne en faction sur le pas de la porte. Laissez-moi passer. Le Capitaine a besoin que je récupère quelque chose dans son bureau.

Le soldat, bouleversé par la cérémonie, ne la regarda même pas.

— Hein ?

— J'ai une course à faire pour la Capitaine. C'est urgent !

Il la considéra enfin.

— Pourquoi demanderait-il cela à une adolescente ?

— Huh ? Je suis sa fille ! rappela Nozikaa.

Faites que ça fonctionne.

— Euh... OK. Il n'empêche qu'il y a des centaines de soldats disponibles pour ce genre de tâche. Je ne peux pas vous laisser entrer, désolé. Et puis, de quoi le Capitaine peut-il bien avoir besoin ?

Bon.

— C'est confidentiel, petit génie ! cracha-t-elle. Et il s'agit d'un truc super important pour la cérémonie. Si je ne l'apporte pas à mon père tout de suite, ce sera un désastre ! Tout sera ruiné et ce sera votre faute. C'est ça que vous voulez ? Un enterrement raté pour votre roi qui a servi ce pays loyalement pendant des années ? Alors ? Répondez !

Le soldat, clairement embarrassé, baissa la voix :

— Eh, écoute. Je ne peux rien faire pour toi. Dis-lui d'envoyer un soldat...

— Partir du principe qu'il reste des troupes sans occupations, là, qui attendent que le temps passe... C'est audacieux. Mais d'accord ! Je vais lui dire que vous ne voulez pas, c'est tout. Il comprendra.

Pour parfaire le mensonge, mieux valait qu'il la voit en train de communiquer. Nozikaa se concentra et visualisa une tête blonde avec deux boucles pendant de l'oreille droite.

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