PRINCIPE N°21 : LES PROMESSES SONT UN EXCELLENT MOYEN DE FAIRE BAISSER LES GARDES
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Nozikaa était heureuse que tout se termine.
Elle s'était réveillée en sursaut ce matin-là, les mots "deux jours" surgissant dans sa tête avant même qu'elle n'ait le temps de se souvenir où elle se trouvait. Il existait un mot pour décrire "dans deux jours" : après-demain. Wow. Elle avait presque bondi hors du lit pour empiler des affaires. Sauf que... Eh bien, elle n'avait rien à emmener.
Au moins, elle était débarrassée du problème d'empoisonnement. Avant de monter dans la calèche qui la mènerait au Affaires Terriennes, elle avait rejoint sa voisine qui l'attendait sur les marches du perron. Il avait cessé de pleuvoir un court instant, assez pour que Nozikaa lui remette plusieurs poignées de billes d'antidote.
— Tu devrais juste me passer le sac, ça irait plus vite, avait remarqué Martariéna, toujours amère après la conversation de la veille, alors qu'elle luttait pour tenir toutes les billes entre les doigts.
— C'est pas parce que je m'en vais que je vais commencer à distribuer mes affaires. Tu te souviens du plan ?
— Oui.
— Tu as toujours la clé ?
— Oui, oui.
— Bon. Dis-moi quand c'est fait.
— Bien sûr. Et ensuite, ne parlons plus jamais, d'accord ?
— De toute évidence.
Le plan était simple ; Nozikaa l'avait élaboré dès qu'elle avait reçu la lettre d'Izidor. Grâce à sa connaissance du Palais, elle savait que l'eau bu par les résidents était acheminée dans les tours tous les jours dans la matinée. Ce moment de flottement où les barils changeaient de place était idéal pour lâcher quelques doses d'antidote dans ceux filant droit vers la suite poiarigissoise. Mais comment accéder à l'endroit du Palais ou cette transaction s'effectuait ? Nozikaa n'avait pas mis longtemps à trouver. Le jour de l'incident, son père avait confié à sa mère une clé ; elle ouvrait une porte arrière du Palais. Alors qu'elles fuyaient vers cette porte, Nozikaa avait entrevu les cuisines, les réserves, les celliers... Des lieux interdits au public, mais dont Ozaharta possédait la clé.
Observer payait à chaque fois. La jeune fille avait subtilisé la clé du trousseau - toutes les clés ressemblant à celle de son souvenir, en fait - pour la donner à Martariéna. Cette dernière, vêtue de marron pour se fondre parmi les domestiques, n'aurait plus qu'à prendre en charge le bon baril d'eau, y mettre l'antidote, et l'expédier à sa destination. Elle y arriverait sans problèmes : le système d'eau était le même dans leur maison respective.
Dans trois jours maximum, le roi et la reine auraient bu de l'antidote sans s'en rendre compte. Pareil pour leur suite, d'ailleurs, ce qui était toujours un bonus. Ce serait pile suffisant pour qu'aucun ne passe au stade irréversible de la maladie.
Bientôt, Martariéna l'interpella : la mission avait été un succès. Un gros sourire fendit les lèvres de Nozikaa. Pfiouh !
— Qu'est-ce qu'il se passe ? voulut savoir son oncle.
— Rien. Je pensais à quelque chose.
Le souci familier de choisir entre la satisfaction de se vanter d'un exploit et la jouissance de garder un secret ne se posait pas, cette fois-ci. Personne ne devait être au courant de ce qu'elle et Martariéna venait d'accomplir. Seules les deux filles sauraient jamais à quel point ils avaient tous frôlé la catastrophe.
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Erzik
FantasyDu haut de ses huit ans, Isabella est plus seule que jamais. Son père, impitoyable, lui interdit presque tout. Il vient juste de renvoyer sa tendre nourrice ! La fillette ne sait plus où trouver du réconfort. Un soir, pourtant, en fouillant dans un...