II - 6. Rien ne vaut un plan pour finaliser son plan

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PRINCIPE N° 6 : RIEN NE VAUT UN PLAN POUR FINALISER UN PLAN

***

Nozikaa accompagna son père au travail le surlendemain, après les cours.

Son objectif était de jeter un œil sur les plans du Palais. Elle en trouverait quelque part dans le bureau du Capitaine, pour sûr. Il fallait qu'elle sache par où entrer dans les conduits d'évacuation et s'il était possible de les remonter.

Durant la première partie de l'après-midi, Ozaharta demeura penché sur son écritoire à traiter des formalités administratives. La grande salle qui lui servait de bureau s'ouvrait par une formidable baie vitrée sur l'esplanade du Palais. Juste devant, le bureau s'ancrait dans le sol en tant que pièce maîtresse du lieu. Il s'agissait d'un meuble de bois noir, massif, lourd, vernis, qui devait à lui seul avoir vu passer une bonne dizaine de Capitaine au post. Il était la première chose que voyaient les visiteurs en arrivant d'en face, depuis les belles portes aux reliures dorées. Deux autres entrées, côté est et ouest, fluidifiaient le trafic des officiers.

La couleur bleu drapait la pièce ; bien sûr. Mais contrairement au reste du Palais, où l'on retrouvait un bleu ni clair ni foncé - un bleu dit "parfait" - l'aile militaire offrait un majestueux bleu roi, couleur de la Garde. Nozikaa avait entendu dire que l'aile de l'institut royal ne présentait qu'un vieux bleu pâle. Naze.

Une odeur de cuir et de parchemin persistait malgré le parfum fleuri déposé par le nettoyage. Elle venait des armoires et des vitrines massives aux murs. Enfoncée dans un gros siège devant le bureau, Nozikaa observait les portraits austères des prédécesseurs de son père, logés dans la hauteur du plafond. Elle imagina un instant le sien à leurs côtés.

Elle regarda son père travailler encore un peu, puis elle se leva. Rester sans bouger n'était pas son fort. Elle farfouilla dans les étagères par curiosité et en profita pour voir si elle ne dénichait pas des plans entre les documents officiels.

Ozaharta leva un œil pour la surveiller.

— Je re-range tout à sa place, ne t'en fais pas ! promit Nozikaa, Un vrai maniaque...

— Je t'avais prévenu que ce serait ennuyant, sourit-il en retournant à son travail.

En toute franchise, Nozikaa attendait qu'il s'en aille pour pouvoir fouiller à sa guise dans les tiroirs du comptoir. Elle alla à la fenêtre et laissa les rayons brûlants de la Saison Rouge lui chauffer les joues.

Prise d'une soudaine inspiration, elle demanda :

— C'est vrai que t'as raté l'examen d'entrée dans la Garde ?

— C'était l'examen de fin de formation, pas l'examen d'entrée. Mais oui, absolument.

Au bout de quelques secondes, elle entendit le grattement du stylo s'interrompre.

— Qui t'as parlé de ça ? Je ne te l'ai jamais dit, si ma mémoire fonctionne toujours.

Nozikaa contourna le bureau et retourna s'affaler sur le fauteuil.

— Alors c'est vrai ? Wouah ! Comment c'est possible ?

— C'est possible lorsqu'on est un jeune homme trop sûr de ses capacités en combat rapproché et qui préfère aller faire la fête plutôt que de réviser le test écrit.

Nozikaa posa son menton dans ses paumes.

— Incroyable. Hahaha !

Il haussa le coin de sa lèvre en même temps que son sourcil.

— Pourquoi ça te fait rire ?

— Je sais pas. C'est drôle. Ça me fait penser à toutes les fois où tu m'as traîné à l'école en me rabâchant l'importance des études et bla bla bla...

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