II - 23. Dignité, toujours

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PRINCIPE N° 23 : DIGNITÉ, TOUJOURS

***

— Attendez, attendez. Il faut qu'on parle de votre excursion sur la Riziade !

Lioski recula la tête.

— Comment es-tu au courant de ça ?

— C'est ta mère qui a dû le lui raconter. N'est-ce pas ? compris Ozaharta.

— Oh, oui. Nolariona m'a appris un tas de trucs l'autre jour. Je vais tout le temps chez elle mais jamais nos conversations n'avaient été si fructueuses, s'esclaffa Nozikaa.

Sa mère poussa une exclamation indignée.

— On ne peut plus compter sur personne.

— Alors ? N'essayez pas d'éviter la conversation parce que je veux tout savoir.

Installés dans une chambre vide, ils parlaient depuis la tombée de la nuit. Maintenant, le matin approchait, mais Nozikaa avait toujours plein de sujets à aborder.

— Par Erzikaa, quel âge avions-nous ?

— Pas bien plus jeune que Nozi' aujourd'hui, je pense, se souvint Ozaharta. Quelle journée ça avait été ! Je n'arrive pas à croire que nous avons descendu le fleuve sur un coup de tête, sans aucune expérience de navigation.

— Tu rigoles ? Ça a l'air génial, s'écria Nozikaa. Vous devriez réessayer !

— La première fois, j'ai seulement accepté parce que tu m'agaçais, révéla Lioski à l'homme à ses côtés.

Ozaharta chuchota à sa fille en appartée :

— Elle ment ! Elle ne veut pas avouer que son esprit de compétition est pire que le nôtre.

Cela lui valut une tape sur la bras.

— En tout cas, on a failli se noyer. Une ou deux vagues de plus et tu n'existais pas, Nozikaa.

Elle éclata de rire.

La nuit se poursuivit ainsi, entre anecdotes et hilarité. Nozikaa leva le voile sur un tas de ses manigances des dernières années. Après tout, que pouvaient-ils y faire, maintenant ? Leurs réactions valaient tous les aveux du monde. Par exemple, Nozikaa rirait toute sa vie du regard alarmé qu'ils avaient échangé quand elle leur avait parlé des liqueurs alcoolisées subtilisées chez sa grand-mère entassées dans sa chambre. "Pour les soirées !" avait-elle expliqué. Elle leur avait conseillé de les consommer ou de les rendre à Nolariona ; autant ne pas gâcher.

Au final, la jeune fille ne garda pour elle que ses aventures de la quatorzaine écoulée. Il n'existait qu'une personne avec qui elle souhaitait partager ce secret et cette personne brillait par son absence.

Un éclair illumina la pièce. Des gouttes aussi aiguisées que des couteaux s'abattaient en rafale sur les carreaux. Dehors, les éléments se déchaînaient. Elias avait vu juste : l'orage avait éclaté au cours de la nuit, et c'était à peine si la maison ne tremblait pas à chaque coup de tonnerre.

— Oh, d'ailleurs : aujourd'hui était ma dernière prestation avec l'orchestre royal, déclara Lioski à un moment donné. Je démissionne.

Nozikaa poussa un cri de surprise. Elle consulta son père, qui à l'évidence était déjà au courant.

— Mais pourquoi ?

— Je n'ai plus envie de travailler pour le gouvernement.

Sa mère affichait un froid mépris qui envoya Nozikaa dans une délicieuse jubilation.

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