I - Épilogue

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— Izidor, qu'est-ce que tu fabriques ?

— J'arrive !

Izidor entendit sa mère soupirer, puis monter les escaliers. Lian débarqua dans sa chambre, coiffée, habillée, chaussures aux pieds.

— À cette allure, on arrivera l'année prochaine, morigéna-t-elle.

— J'arrive pas... à attacher... mes cheveux !

Elle s'acharnait depuis dix minutes sur ses chignons et toujours pas moyen de composer quelque chose de symétrique ! Lorsque son quatrième élastique éclata, Izidor laissa tomber ses bras meurtris le long de ses flancs, dépitée. Sa mère gloussa.

— Laisse-moi faire.

Lian sortit un élastique neuf de son poignet et joignit les cheveux de jais d'Izidor entre ses mains. La fillette contempla leur réflexion dans le miroir de la coiffeuse. Que sa mère était belle, dans son habit d'argent, avec ses mèches brillantes, son visage mince, ses yeux d'amandes ! Izidor espérait lui ressembler en grandissant ; d'après ce qu'elle voyait dans le miroir, elle partait dans la bonne direction.

— Voilà. Maintenant, mets tes chaussures. Edeï va nous attendre.

Izidor jeta un dernier sourire à son reflet aux chignons parfaits avant de bondir dans les escaliers. L'étage inférieur était vide : son oncle, chez qui elles logeaient, partait très tôt travailler. Il faisait sombre, aussi, car tous les volets avaient été fermés. Les beaux jours revenaient après un hiver sec et avec eux, la chaleur étouffante du Rikdoménèl. Conserver la fraîcheur dans les maisons devenait primordial.

Izidor chercha à tâtons la poignée semblable à celle d'un robinet qui permettait d'ouvrir les vannes de snil. Elle la trouva. La pièce s'alluma.

Et elle ne s'éteindra que si je le décide, songea-t-elle avec joie.

Tandis que sa mère cherchait l'argent pour payer une calèche, Izidor enfila ses sandales. Au moment où elle se relevait, trois coups résonnèrent derrière la porte d'entrée. Elle laissa Lian ouvrir.

La silhouette de sa mère cacha le visiteur, mais une voix bien familière claironna aux oreilles d'Izidor :

— Bonjour ! Est-ce qu'Izidor est là ?

— Nozikaa ! s'exclama la concernée en se matérialisant sous le bras de sa mère.

— Izidor !

Nozikaa rayonnait plus que jamais dans sa robe bleu horizon. Ses boucles brunes cendrées ondulaient à quelques centimètres de ses épaules, sa mâchoire tendue d'un sourire était encore plus carrée que d'ordinaire et ses prunelles glaciales exprimaient autant de suffisance qu'il n'était possible de voir dans les yeux d'un enfant.

Lian s'appuya au cadre de la porte d'entrée. Izidor rejoignit son amie sur le perron ensoleillé.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je suis venue en calèche (elle pointa du pouce le majestueux dione qui attendait sur la route). Je t'emmène danser sur la Grande Place !

Izidor sautilla de plaisir.

— Oh, mais non, je ne peux pas ! se souvint-elle alors. On va à l'atelier aujourd'hui.

Nozikaa laissa échapper un râle agacé.

— Pas aujourd'hui ! C'est le premier jour de la saison rose ! Il faut que tu viennes ! Aller, on va bien s'amuser ! ajouta-t-elle en voyant Izidor hésiter.

Cette dernière se tourna vers sa mère.

— Je peux ?

Lian sourit :

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