Elle s'appelle Matsumoto Oikawa. A seize ans, elle est la plus proche cousine du meilleur ami d'Hajime Iwaizumi. Installée chez lui quelques temps avec sa petite sœur Eimi, elles attendent patiemment la fin du divorce tumultueux de leurs parents.
Le reste de la famille Oikawa est souvent considéré comme un terrain neutre. Un endroit sûr au sein de toute guerre entre les membres d'une même famille.
Oui, c'est Matsumoto qui, sans le savoir, a bousculé leur vie à tous les deux.
Elle est arrivée un samedi matin, sa valise sous un bras, sa petite sœur sous l'autre, un sac à dos sur le dos, et un dernier en bandoulière. Leur père les avait rapidement déposées avant d'aller au travail, appelant son frère aîné la veille au soir, alors que son fils dormait déjà. Il est cinq heures du matin, et les garçons se retrouvent accompagnés de la fratrie pour le petit déjeuner.
Hajime qui était resté pour dormir là la veille tente de nouer sa cravate en descendant, avant de comprendre qu'il est bien trop tôt pour lui de se lever. La tête dans le sac, Tooru tente de descendre aussi, la bouche grande ouverte, épuisé, et encore en pyjama, ou plutôt, armé de son t-shirt et de son short de nuit.
Les deux jeunes filles le dévisagent, le temps qu'il se rende compte qu'elles sont présentes en bas de l'escalier. Une fois que c'est chose faite, il met encore un temps à intégrer l'information, avant de faire un sourire ridiculement charmeur, au vu de la situation, et de remonter les marches comme une flèche, se prenant la dernière dans le genou, étouffant un grognement de douleur.
Matsumoto le regarde faire en silence, un sourcil haussé de fatigue, tandis que sa petite sœur étouffe un rire amusé derrière sa petite main. Elles n'ont pas tout à fait dix ans d'écart. Avec l'une née en début d'année, et l'autre en fin, elles n'ont finalement que huit ans et demi, ce qui ne les empêche pas d'être proches dans leurs plans et dans leurs fugues à la glace à sortie de l'école, avant de rentrer pour les devoirs.
Alors sans se lâcher la main, les deux Oikawa entrent dans la cuisine, pour suivre non pas Hajime qui prépare tout de même le petit déjeuner, mais leur oncle, Sadaaki. La plus grande aide Eimi à retirer son manteau, les chaussures laissées dans l'entrée, et elle retire le sien, avant de les accrocher à l'une des patères.
- Qu'est-ce que je vous sers ? demande Hajime en essuyant la vaisselle de la veille.
Il semble habitué de la maison, range tout dans les placards, et ne cherche pas vraiment, ce qu'il trouve sans hésiter.
- Des céréales ! réclame Eimi avec un grand sourire.
Elle ajoute ensuite :
- S'il-te-plaît.
- Je ne crois pas qu'il y ait des céréales dans cette maison, Eimi, dit doucement l'oncle en allumant la machine à café.
Les lèvres pincées, la fillette hoche la tête en silence.
- Si, il y en a, répond Matsumoto en sortant la boite de la valise. Il n'en reste pas beaucoup, mais il y en a sûrement assez pour le petit déjeuner de ce matin.
Soulagée, Eimi lui sourit.
L'adolescente pose le paquet sur le plan de la cuisine, haussant les épaules face à la question silencieuse de l'homme au café :
- Il n'en reste pas beaucoup, et les parents n'en mangent pas, donc... je l'ai pris.
- Oh ! Il y a des céréales ? demande Tooru avec un sourire joyeux.
Il s'apprête à prendre la boite quand son ami l'arrête, l'attrapant avant lui :
- Sauf si tu es une petite fille, pas de céréales. Je vais faire du riz, si tu veux.
- Et je vais faire de l'omelette, s'il y a des œufs, ajoute Sadaaki.
Son fils fronce les sourcils, mécontent :
- Mais tu n'en fais jamais, d'habitude.
- Peut-être, dit-il gêné, mais tes cousines ont fait une longue route avant d'arriver, et elles sont levée depuis plus longtemps que toi.
Hajime verse des céréales dans un bol bleu sans se préoccuper de l'agitation autour de lui, et pose le bol à côté d'une cuillère sur l'espace repas surélevé. Il fait signe à Eimi de s'asseoir, et l'enfant ne se fait pas prier. Elle grimpe sur le tabouret, et commence à manger.
Son petit déjeuné est complété par un verre de jus de fruit, et une tartine de pain, sur laquelle est englué le Nattô à la vanille auquel sa sœur ne la laisse pas s'échapper.
- Mange.
- Mais...
Matsumoto fronce les sourcils, les mains sur les hanches :
- Si tu ne le mange pas avec le pain, je te le fais manger sans.
Eimi grimace, attrape la tartine et tente d'en faire le moins de bouchées possibles, les joues pleines du soja fermenté.
Si l'aînée a pris l'habitude d'en manger tous les jours, c'est pour l'apport en protéines dont elle a besoin. Et dans le cas de sa cadette, si elle n'avalait que les céréales sucrées et le jus de fruit, elle aurait rapidement faim, et n'aurait pas les nutriments qu'il lui faut pour grandir. D'après la revue scientifique qu'elle a lu sur le sujet.
- Elle ne prend pas son petit déjeuner à l'école, demande soudain Tooru.
- Non, j'ai des allergies, répond Eimi. Je ne peux pas manger les algues. Alors je mange à la maison, la plupart du temps. Mais pour le midi, Maman me faisait un bento !
Matsumoto glisse un peu de l'omelette préparée dans son assiette, se servant aussi dans le riz des garçons, et ajoutant une carotte coupée en lamelles et du poulet réchauffé qu'Hajime se souvient d'avoir mangé la veille au soir avec le reste de la famille Oikawa.
- La vache, tu manges plus que moi, presque ! plaisante son cousin en la regardant s'asseoir à table.
Eimi la regarde faire, avisant le Nattô qu'elle se sert en grandes cuillères sur un rebord de son assiette encore vide. Elle grimace.
- Même Koko-chan ne mange pas autant...
- Qui est Koko-chan ? demande Sadaaki en s'installant à table à son tour.
Seul Tooru s'assoit près de la fillette, essayant de lui piquer quelques céréales, et la mère Oikawa sort de la salle de bain :
- Bonjour tout le monde ! Vous avez fait bon voyage ? demande-t-elle avant d'embrasser Matsumoto sur le front et de faire pareil avec Eimi.
- Oui, merci, il n'y avait pas trop de monde sur la route. Koko-chan est une amie à moi, explique-t-elle aux autres. Nous prenons parfois le petit-déjeuner ensemble.
- Quand elle vient nous chercher pour nous accompagner à l'école ! crie doucement Eimi en parant un autre assaut de son cousin.
Tooru se prend une tape derrière la tête par Hajime, qui revient en cuisine se servir une deuxième assiette, et l'adolescent laisse tomber ses saintes céréales.
Le silence s'installe dans la pièce, et chacun pense à la même chose, regardant le fond de son assiette.
Quand elle venait les chercher pour aller à l'école.
Matsumoto compte mentalement le nombre d'heures qui la séparent de sa plus vieille amie, puis soupire.
- J'imagine qu'on trouvera le moyen de se voir.
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Solitaires
FanfictionUne tension dans le regard, un quelque chose qui fait se demander comment ce groupe d'ados se fait confiance, mais qui ne les intrigue pas eux. Pas tant qu'ils ne se détournent pas les uns des autres. Et pourtant, soudain, plus personne ne regarde...