54. La Ronde

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Reiko prend son mal en patience. Pas parce qu'elle sait que Michiya a raison, mais parce qu'elle estime qu'elle ne peut pas juste frapper à leur porte en se présentant comme une divinité vengeresse, qui va se retrouver parmi les énièmes victimes. Le fait que ses collègues de travail rentre à plusieurs l'agace bien assez comme ça. Il ne manquerait plus que l'une d'elle se fasse abîmer... pour qu'elles aient peur de venir gagner leur pain.

- Bonjour, dit Hajime en la dépassant.

Il lui fait un sourire discret, avant de poursuivre son chemin, pressé.

Elle lui fait un signe de tête rapidement, et comprend ce qu'il se passe lorsque Tooru entre à son tour dans son champ de vision :

- Salut ! dit-il essoufflé.

Leur professeur de la première heure a beau être absent, si Hajime est encore dans la rue, lui est en retard. Cette pensée la fait pouffer un rire, et elle secoue la tête.

Elle a cogité toute la nuit, s'est inquiétée de ce qu'elle allait ou n'allait pas faire, et à ronger son freint. Maintenant, elle a envie de passer à autre chose.

- Ce sont des pensées trop sombres pour un matin aussi ensoleillé, songe-t-elle en saluant d'un mouvement de tête le gardien du portail.

Elle commence par se rendre en salle des professeurs, pour faire tamponner son absence, expliquant qu'elle ne se sentait pas bien, qu'elle est désolée, que ça ne se reproduira plus, et c'est tout. C'est tout ce qu'elle a à faire dans l'heure qui suit.

L'adolescente monte à la bibliothèque, redescend, et croise plusieurs autres lycéens sur le chemin. Ce sont des personnes de sa classe, mais pas seulement. Des filles de celle de Matsumoto et d'autres membres de l'équipe de volley sont en dehors de leurs salles, à bavarder.

En passant près d'eux, elle apprend qu'il y a eu un accident de voiture, sur le périphérique de la ville, et que certains sont encore coincés dans les bouchons.

- Notre deuxième prof est en retard aussi, déclare Tooru en la voyant arriver.

- Ah... je n'ai pas pu aller à la bibliothèque, il y avait trop de monde. Iwaizumi-kun n'a pas eu de souci avec sa prof ?

- Non, elle était plus à la bourre que lui, elle n'est pas encore arrivé.

Elle s'apprête à demander pour Matsumoto, comme mue d'un vieux réflexe, et se ravise.

- Je vois.

Après que les cours ont réellement commencé, en milieu de matinée, le ciel se couvre progressivement de nuages et Reiko songe avec amertume que ça y est, le temps s'accorde enfin avec elle. Elle glisse les mains dans ses poches, et sort de la classe à la dernière pause de la journée :

- Je vais faire un tour.

Tooru acquiesce, sans trop relever le nez de son carnet, sur lequel il note les dernières stratégies de match.

Le ciel est presque noir, dehors. On dirait qu'il fait nuit, tant la lumière peine à traverser les boules de cotons crayonnées de gris foncé.

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