Matsumoto se fait interroger par la nature de ses blessures en dépit de la présence de son cousin, mais aussi de celle qu'Hajime, plus enclin à distribuer des regards noirs que son homologue. Et quand elle doit passer par la salle de danse, elle peut voir la sollicitude des autres danseuses, qui lui demandent tout de suite si elle va devoir arrêter l'entraînement, et si elle gardera des séquelles de ses blessures.
- Tout va bien, ne vous en faites pas, lance-t-elle à la volée.
Tooru lui porte son plateau à la cantine, et ils se relaient pour l'accompagner en dehors de la salle, comme si elle était en sucre. Et si les aller-retours qu'ils occasionnent l'agacent de plus en plus au cours de la journée, voir la chemise rouge à carreaux noirs ouverte de Koko le soir ne la dérange pas, bien au contraire. Elle lui fait un grand signe, et Reiko sourit, les mains dans les poches, adossée à la barrière par-dessus un vélo.
- Comment s'est passée ta journée ? demande-t-elle en lui prenant son sac.
Les deux amis sont partis pour leur club, et Matsumoto ne se rendra pas au sien davantage, si ce n'est que pour regarder les autres, alors que l'autre jeune fille l'a attendue toute la journée.
- Très bien, merci. Mais je suis épuisée. Où tu as trouvé ce vélo ?
- Un ami me l'a prêté, répond-elle en haussant les épaules.
Elle hausse un sourcil en répétant, curieuse :
- Un ami ? Quelqu'un que je connais ?
Koko rit doucement.
- Non, tu ne connais pas. Pas encore. Allez, viens.
Elle se mord la joue, se concentrant sur le dos de son amie, plutôt que sur ce qu'elle voudrait lui demander. Mais Reiko a remis cette distance entre elles, celle qu'elle sent quand elle veut savoir d'où elle vient, ce qui est arrivé à ses mains esquintées, ou pourquoi elle n'a pas pu venir la voir, là où elles se donnaient rendez-vous avant.
Elle l'aide à monter sur le vélo, sur le porte bagage où Reiko a mis un petit coussin de tissu roulé en boule, et Matsumoto s'accroche à elle de sa main valide. L'autre jeune fille monte à son tour, en prenant garde de ne pas lui faire lâcher sa prise, et celle-ci passe finalement son bras autour de sa taille, agrippant son t-shirt, au niveau de son abdomen. Reiko met le pied sur la pédale, et elles quittent l'entrée du lycée pour rentrer chez les Oikawa.
Matsumoto voudrait savoir ce que son amie a fait de sa journée. Comment elle a pu s'occuper, sans elle. Sauf que l'idée qu'elle lui réponde qu'elle s'est débrouillée, lui faisant comprendre qu'elle peut ne pas s'ennuyer toute seule la met mal à l'aise. Il y a pas mal de choses qui la dérangent, avec Reiko. Et plus de choses encore qui l'arrangent. Alors elle fait comme d'habitude. Elle ne pose pas de questions, les oublie dans un coin de son esprit, et se laisse chouchouter un peu.
Elle se redresse quand elle sent son amie se lever sur le vélo pour grimper la pente qui se trouve juste avant la porte de la maison. Elle voudrait lui dire qu'elle va descendre le temps qu'elle monte, que la côte est raide. Mais elle sait qu'elle n'a aucune chance de la convaincre de s'arrêter. Alors elle la laisse faire.
- Tu ne parles pas beaucoup, remarque Reiko quand elle rentre le vélo dans le petit jardin.
Matsumoto hausse les épaules.
- Je suis fatiguée.
- Tu me l'aurais dit, on aurait pris le bus.
- Tu ne devrais pas dépenser autant d'argent pour moi, soupire-t-elle.
Koko se rembrunit, vexée.
- Je ne crois pas t'avoir demandé la permission pour dépenser de l'argent.
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Solitaires
FanfictionUne tension dans le regard, un quelque chose qui fait se demander comment ce groupe d'ados se fait confiance, mais qui ne les intrigue pas eux. Pas tant qu'ils ne se détournent pas les uns des autres. Et pourtant, soudain, plus personne ne regarde...