22. Le Chœur

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Fatiguée, Matsumoto peine à sortir de son lit le matin. Mais ce n'est pas sans compter sur Reiko, qui à peine sortie de sa courte nuit épuisée par le travail qu'elle a fait la veille au soir, qui débarque à l'heure, et se fait ouvrir la porte des Oikawa avec bonne humeur. Bonne humeur qui ne persiste pourtant pas quand elle pousse celle de son amie.

- Koko ?

- Tu ne devrais pas te lever ?

- J'ai pas envie...

Reiko soupire, s'assoit sur le rebord du lit, et tire la couette.

- Hé !

- Tu es fatiguée parce que tu dors mal, parce que tu regardes ton téléphone jusque pas d'heure, ou... ?

Matsumoto grimace, contrariée.

- Tu n'es là que depuis deux semaines, et tu recommences déjà, souffle-t-elle agacée. Pars devant, on se retrouve ce midi. J'ai envie d'être un peu toute seule.

- Et ça va aller, toute seule pour aller au lycée ?

Elle lève les yeux au ciel.

- Les agressions dans une rue bondée sont déjà rares, je ne pense pas qu'il soit statistiquement possible que je me fasse agresser deux fois en un mois, dans le même quartier. Tu peux dormir sur tes deux oreilles. Si j'avais besoin d'un chien, j'en aurais un.

Reiko arque un sourcil.

- Dans ce cas, je te vois ce midi... avec, si le cœur t'en dit, des excuses, termine-t-elle en se levant. Oh, et n'oublie pas ton sac de danse.

Elle referme la porte, s'attarde sur le pas, et descend les escaliers. Mettant la tête dans l'embrasure de la porte de la cuisine, elle salue ceux qu'elle n'a pas encore vu, et demande :

- Quelqu'un pourra vérifier qu'elle prendra bien son bento ? Je pars en premier.

On la regarde, étonné, et elle leur fait un signe de main, pour leur signifier qu'elle s'en va. Tooru attend patiemment que la porte soit refermée pour demander au reste de la tablée :

- Vous savez ce qu'il se passe ?

- Non... je ne savais même pas qu'elle était arrivée.

Matsumoto descend les marches à son tour, et, les cheveux en vrac, elle tente de reboutonner sa chemise à manches courtes, uniforme d'été oblige, après s'être rendu compte qu'elle en avait accroché deux qui n'allaient pas au bon endroit.

- Quoi ? demande-t-elle en les regardant de travers.

- Tu t'es disputée avec Reiko-chan ? demande Kotori en servant sa nièce.

Si au départ l'adolescente était prête à ne pas répondre, elle dit finalement à sa tante :

- J'ai envie d'aller au lycée toute seule, tranquille. Ça change.

- Tu veux dire que tu vas... aller au lycée toute seule... ? Sans nous ? la dévisage Tooru.

Elle qui venait de s'asseoir, se lève brusquement, les mains posées à plat sur la table de la salle à manger.

- Vous savez que je n'ai pas besoin d'être dorlotée ? C'est bon, c'est passé, arrêtez de penser que je ne suis pas capable de m'occuper de moi ! On se retrouve à l'école, bonne journée.

Elle sort de la pièce, attrape sa veste, met ses chaussures, et le sac sur l'épaule, elle claque la porte. Elle la rouvre quelques secondes plus tard, pour prendre son bento dans le réfrigérateur, remonter les escaliers avec ses chaussures, et revenir avec son sac de danse sur l'épaule.

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