43. Le Contre-Temps

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Après une soirée aussi éprouvante, Hajime ne parvient qu'à peine à rentrer chez lui au milieu de la nuit. Il précise en cours de route à ses parents qu'il est sorti avec un autre groupe d'amis que Tooru, et s'ils doutent de sa sobriété à cause de l'odeur qui s'est incrustée dans ses vêtements, son halène de poulet et légumes les rassurent tout de suite.

- Y avait des fumeurs à côté de nous, en plus, se plaint-il en sortant de la salle de bain. Ça pue, ajoute-t-il en humant ses bras. Je reprends une douche.

Les deux adultes le regardent faire.

- D'accord. Bon, nous on va se coucher, alors...

Il s'arrête au moment où il allait fermer la porte :

- Pas de soucis. A demain, dormez bien.

Sa mère sourit.

- Oui, toi aussi.

Il acquiesce et se renferme dans la pièce encore chaude. Il ne rallume pas l'eau en premier, il se redéshabille, et se savonne, des cheveux aux orteils. Il se rince, et recommence. Il ne pensait pas être aussi sensible à l'odeur qui se dégage de lui. Mais peut-être que l'odeur de son gel douche n'est pas assez fort pour la couvrir, tout simplement. Ou qu'il n'a pas l'habitude. En tout cas, s'il doit utiliser deux mètres cubes d'eau à chaque fois, la sortie commencera vraiment à lui faire jeter l'argent par les fenêtres à ses parents. Sans parler du gaspillage...

Il sort, et dix minutes plus tard, s'allonge sur son lit, pour remarquer que Reiko lui a envoyé un message pour vérifier qu'il est bien rentré. Hajime lui répond que oui avec un sourire, avant de changer d'humeur et de rouspéter après son odeur corporelle. Le rire qu'elle lui envoie à son tour lui fait secouer la tête.

Là-dessus, il vérifie son heure de lever, cinq heures plus tard à peine, et s'endort sur les couvertures. Le réveil est ensuite bien plus brutal que prévu. Et finalement, quand il enfile ses baskets, il se rend compte qu'il n'aura pas la moindre énergie pour aller courir.

- Je n'aurais qu'à parler avec lui pendant une heure. On n'aura pas le temps de courir, comme ça.

Il prend son uniforme qu'il a plié dans son sac de sport un peu plus tôt, et son autre sac, celui de cours, sur l'autre épaule, il sort de chez lui.

- T'as la tronche de quelqu'un qu'a pas dormi.

- Bonjour, Oikawa. J'ai dormi comme j'ai pu, ravi de te revoir.

Son ami lui fait un maigre sourire, et ils se laissent tous les deux tomber sur le banc. Tooru non plus, n'a pas la moindre envie de courir. Essuyer la colère et la tristesse de sa cousine toute la soirée l'a complètement épuisé. Alors ils restent là, en silence, un bon moment. Le parc n'est pas tout à fait vide, mais il est tôt, assez pour qu'il ne fasse pas encore trop chaud, en dépit de l'été qui commence à sortir son éventail de températures à en faire transpirer un thermomètre.

Le trajet pour se rendre au parc était leur ultime effort, et ils se le disent d'un regard rapide. Ils n'ont pas vu le temps passer, certes, mais c'était parce qu'ils étaient trop occupés à réfléchir à comment régler un problème qui ne les concerne pas tout à fait.

- Elle ne s'excusera pas, finit par lâcher Tooru.

Hajime soupire doucement.

- Je ne sais toujours pas ce qu'elles se sont dit, mais je ne crois pas que Nori-chan ne le fasse non plus. Ça faisait un moment que ça n'allait plus, entre elles.

Le capitaine commence par se remettre une mèche de cheveux en place, avant de ses secouer en grognant :

- Non, mais sérieusement ! Elles ne peuvent pas communiquer ?! Ce serait tellement plus simple ! Matsumoto est vraiment en colère, elle a l'impression que Koko-chan la laisse complètement tomber, je ne dis pas que c'est vrai, temporise-t-il en avisant l'air contrarié de son ami. Et je ne vois même pas comment les aider à se rabibocher. Je ne vois pas quoi lui dire.

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