Le temps qu'elle comprenne le sens de sa question, et alors qu'il lui tient toujours les poignets, qu'elle a gardé près de son visage, il se passe un temps, au bout duquel elle acquiesce enfin.
- Oui ? Je veux dire, je vais bien, pourquoi ?
- Tu... sors du commissariat... ?
Elle se retourne, croise le regard d'un agent de police et elle s'en détourne :
- On devrait peut-être aller chez moi, non ? Pour en parler ?
Il la suit sans poser de questions, alors qu'elle ne se gêne pas pour demander :
- Mais qu'est-ce-que tu fais dans le coin ? Tu vas rentrer tard, non ? Tu veux dormir à la maison ?
Il répète encore une fois, un peu inquiet :
- Ça va ?
Elle acquiesce vivement et recule un peu, juste sur le bord du trottoir. Ce n'est pas du tout comme s'il la regardait étaler son maquillage de boite de nuit sur le reste de son visage, alors qu'elle sort du poste de police. Ça ne pouvait pas plus mal tomber. Oikawa lui a-t-il parlé de la fois où ils s'étaient croisés à l'arrière du Cabaret ? Sûrement, ces deux gars-là sont de grands amis. Il n'y a qu'une seule chance qu'il ne lui dise rien, et attende qu'elle lui en parle. Et elle préfère la saisir, parce qu'il est ce genre de personne qu'on adore avoir dans ses amis, celui sur lequel on peut compter n'importe quand, du moment qu'on ne le prend pas pour un idiot.
- On peut en parler ailleurs ?
Il la lâche avec un air curieux.
- Bien sûr.
- Viens, on va chez ma Grand-Mère, dit-elle en tournant les talons.
Elle vérifie rapidement avant de traverser la route, et il la suit, en mettant ses mains dans ses poches. Elle espère juste qu'ils ne se feront pas arrêter une deuxième fois. Là, ce serait clairement de la poisse.
Ils se rendent chez elle sans se parler. Le pas pressé, ils entrent, elle referme derrière lui, lui dit rapidement que la vieille femme est déjà au lit, et qu'il ne faut pas faire de bruits. Il retire ses chaussures avec un hochement de tête, et elle l'imite, avant de l'emmener dans sa chambre.
- Tu veux boire quelque chose ? demande-t-elle en fermant la porte de la chambre d'amis.
Il secoue la tête, et elle s'approche de la petite commode, en tire plusieurs tiroirs pour en choper ses affaires :
- Je prends une douche rapide, et j'arrive, soupire Reiko en refermant derrière elle.
Le lycéen ne parle toujours pas, et se détend quand elle s'en va. Il avait manqué de ne pas la reconnaitre, avec tout le noir qu'elle a autour des yeux. Ça la change beaucoup de d'habitude. Mais sa posture est tout à fait habituelle, et il n'a pas pensé une seconde qu'elle pouvait être quelqu'un d'autre quand il l'a vue sortir. D'ailleurs, il était plutôt inquiet, sur le coup, il pensait qu'elle avait eu des problèmes. A la place, elle avait l'air sincèrement embarrassée, et il rougit de ne pas s'en être rendu compte avant : il l'a mise mal à l'aise, au beau milieu de la rue.
Il aurait mieux fallu qu'il fasse comme si de rien n'était, et attende qu'elle réponde à ce message.
Pourtant, ce n'est pas comme si elle venait de faire quelque chose de grave, il peut voir à sa tenue qu'elle sort de la danse, et qu'elle a certainement travaillé assez longtemps pour en avoir les cheveux encore humides de transpiration, après une aussi longue marche...
Sa jambe battante se fige, et il se redresse.
- De la danse ? Mais elle danse quelque part ? D'où elle sortait, au fait ?
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Solitaires
FanfictionUne tension dans le regard, un quelque chose qui fait se demander comment ce groupe d'ados se fait confiance, mais qui ne les intrigue pas eux. Pas tant qu'ils ne se détournent pas les uns des autres. Et pourtant, soudain, plus personne ne regarde...