Reiko suit Aki. Elle ne l'avait pas vu la veille, mais à présent, il l'emmène à l'étage, en passant par la fameuse porte à clef. Elle monte les marches, son sac sur l'épaule, intriguée. Elle n'a avec elle que ses affaires de sport de l'après-midi, sans ses baskets, mais elle se dit que si besoin, ce n'est pas elle que l'odeur de sueur dérangera.
Il s'arrête devant une deuxième porte, plus épaisse, et bien plus isolante.
- Bon, il va falloir que tu te fasses discrète. Retire bien tes chaussures en entrant, d'accord ?
Elle hoche la tête sérieusement. Quel que soit l'espace à l'étage, il est visiblement géré par une personne de mauvais caractère, très pointilleuse.
La porte s'ouvre, et la musique lui donne un frisson incroyable. Elle comprend tout de suite de quel genre d'endroit il s'agit : une salle de danse. Le parquet lisse et brillant, limé par le temps et par le passage des pieds dansants lui donne l'envie immédiate de s'accroupir pour le toucher. Ce qu'elle fait en ayant l'air de défaire les lacets de ses chaussures.
Elle porte encore son uniforme, et son sac pendu au bout du bras, elle regarde l'endroit. Les miroirs lui renvoient son image sans pudeur, et elle se regarde de tout son saoule, avisant les barres accrochées au centre des glaces, et la chaine de musique, dans un autre coin.
- La salle où on s'entraine nous est encore en haut, dit-il en lui désignant un escalier sur le côté. Mais on peut discuter et s'échauffer ici. Tu vas pouvoir être là quand on n'y est pas. Il y a un vestiaire juste là, dit-il en lui montrant une autre porte à côté de celle qu'ils viennent de traverser.
- Vous êtes « Koko » ? demande une voix.
Elle se tourne vers les escaliers, et s'incline en avant pour se présenter.
- C'est moi.
- C'est un surnom de danseuse, ricane-t-il.
Aki ne semble pas apprécier particulièrement la remarque, sans qu'elle ne sache pourquoi.
- Je suis danseuse, Monsieur, répond-elle intriguée.
Il fait un geste qui la fait comprendre qu'il parlait dédaigneusement des danseuses d'en bas, et elle ne cache pas sa grimace.
- Elles sont tout aussi danseuses, vous savez ?
- C'est ça, oui, et je suis le Père Noël. Garret dit que vous n'êtes pas là pour danser, mais que vous travaillez pour lui. Pour quoi ? Les paillettes, les pourboires ?
- Parce que c'est un travail respectable, avec une bonne équipe, qui paye bien.
Il ricane de nouveau.
- C'est une amie à moi, intervient Aki. Elle avait besoin d'un boulot, je lui en ai trouvé un.
- Une amie à toi ?
L'homme est plus âgé que son patron. Elle n'a pas besoin de voir ses cheveux clairs méchés de blancs pour le comprendre, si la manière qu'il a eu de descendre les dernières marches. Cela lui a indiqué qu'il était danseur. Non, elle voit qu'il est vieux à la peau de ses mains, et de leurs tâches ridées.
Elle en déduit qu'il doit être « Peter ».
Il ricane à nouveau, et elle s'incline à nouveau :
- Merci de me laisser-
- Je n'ai pas l'intention de laisser l'une de ses filles danser ici. Vous pouvez redescendre, Mademoiselle « Koko ».
Une fille comme Matsumoto se serait sentie humiliée. Ou terriblement gênée. Sauf que Reiko ne se sent même pas en colère. Elle voit Aki ouvrir la bouche pour protester, et elle s'incline de nouveau.
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Solitaires
FanfictionUne tension dans le regard, un quelque chose qui fait se demander comment ce groupe d'ados se fait confiance, mais qui ne les intrigue pas eux. Pas tant qu'ils ne se détournent pas les uns des autres. Et pourtant, soudain, plus personne ne regarde...