Matsumoto enfile son uniforme, dans la petite chambre d'amis qu'elle va à présent partager avec sa petite sœur. Elle s'agace quelques minutes sur le nœud de son col qu'elle doit bien refaire pour la troisième fois, et finit par laisser les deux bandes de tissus froissées reposer sur sa poitrine.
Elle soupire longuement de désarroi, et secoue la tête, les mains posées sur les hanches. Pliant nerveusement son pied gauche, elle s'appuie sur la pointe, le repose à plat, et recommence, plusieurs fois. Pointe, plat, Flex. Pointe, plat, Flex.
Elle a reçu plusieurs messages d'encouragement la veille. Quand ses amies ont appris qu'elle partait, il lui a semblé qu'elles avaient plus de peine qu'elle-même. Mais une seule personne ne lui a rien dit. Pas de message non-plus. Ni d'appel. Elle est arrivée l'avant-veille au matin, et tandis que tout le monde lui demandait si elle était bien arrivée, la personne dont elle attendait le plus de nouvelles ne s'est pas manifestée. Pas encore. Mais après tout, elle est partie une semaine et demie après la rentrée...
- Tout va bien ? demande Eimi en passant la tête dans l'embrasure de la porte.
Matsumoto se mord la lèvre, et ramasse ses cheveux brun clair en queue de cheval.
- Ouais, ouais, ça va.
- Tu veux que je fasse ton nœud ?
Les deux sœurs se regardent un moment, avant que la plus jeune ne grimpe sur le lit, pour être à la même hauteur qu'elle et lui noue sa cravate, une fois que son aînée s'est tournée vers elle.
- Ne sois pas nerveuse, ce n'est pas parce que c'est le premier jour que ce sera difficile, tu le sais ? dit Eimi en serrant le tissu.
Matsumoto lui attrape les joues.
- Dis donc, tu peux parler, toi. Tu vas arriver dans ta classe, te faire des amies, en cinq minutes, et le tour sera joué. Tout le monde n'a pas ta faculté incroyable à se faire des amis. Tu le sais ?
La petite lui fait un sourire crispé.
- Désolée. Tu avais l'air tendue.
- Et maintenant ?
- Tu as l'air tendue, et en retard.
Le téléphone de l'adolescente émet un son de notification. Elle n'y prête d'abord pas attention, avant de se rendre compte que ce n'est pas le même son que les autres. C'est le son de ce qu'elle attendait.
Matsumoto se rue sur son téléphone, le déverrouille, et lit avec plaisir, avant de rire doucement : « Tu es en retard. Laisse ton nœud de cravate tranquille. Ou demande à Eimi de le faire, si elle ne l'a pas encore fait. ». « N'oublie pas de prendre de quoi manger pour ce midi, ta sœur va se débrouiller. ». « Courage. ».
Trois messages. Les plus importants de tous ceux qu'elle a reçu depuis son arrivée. Et ce sont ceux qui prouve que sa meilleure amie est définitivement celle qui la connait le mieux.
« Tu savais que tu es géniale ? ».
La réponse ne tarde pas : « Tu es celle qui me le dit le plus souvent. », « N'oublie pas tes écouteurs. », « Ni ta carte de bus. ».
La lycéenne glisse toutes ses affaires dans son sac, plus que consciente qu'elle les aurait oubliées si Koko ne lui avait pas rappelé de les prendre. Elle attend encore une seconde, se posant mille et une questions sur ce qu'elle aurait pu oublier d'autre, quand la notification suivante affiche : « Tu as tout, file. ».
Matsumoto se fie au message, et sort de la pièce en trombe, pour y revenir une minute plus tard : « Tu n'as pas sport, si ? ».
Elle descend finalement les marches en sautant les trois dernières comme si elle les avait connues toute sa vie, et s'apprête à sortir de la maison, devant laquelle les deux garçons l'attendent.
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Solitaires
FanfictionUne tension dans le regard, un quelque chose qui fait se demander comment ce groupe d'ados se fait confiance, mais qui ne les intrigue pas eux. Pas tant qu'ils ne se détournent pas les uns des autres. Et pourtant, soudain, plus personne ne regarde...