33. Le Jeu

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Quand Hajime l'attrape au col, il se dit que ça y est, Reiko a bavé, et que son meilleur ami est déjà au courant de sa petite escapades dans les endroits qu'il lui a formellement interdit d'aller voir. Mais à la première phrase, il comprend que son coéquipier de toujours est simplement moins bête que lui :

- Tu étais encore je ne sais pas où, pas vrai ?! crache-t-il en lui attrapant le col.

- J'ai pas...

- Que tu ne dises pas tout à tes parents, je comprends, mais que tu me mente à moi, il fallait le faire. C'est plus fort que toi ? T'es pas assez intelligent pour savoir que dans ces cas-là, on dit la même chose à tout le monde ? Pourquoi tu leur a dit qu'on rentrait ensemble, idiot ! J'ai l'air de quoi, si je viens leur demander si je peux t'emprunter pour la soirée ? Si t'es pas rentré !

Tooru s'apprête à répliquer, mais son ami est plus rapide :

- Tu sais, je crois que Noiri a raison, tu vas juste te faire planter dans un coin, et on ne te retrouvera que le lendemain.

- Oui, parce qu'elle en sait quelque chose, c'est sûr, réplique-t-il sèchement en se dégageant. J'ai pas besoin d'une baby-sitter.

- Je pensais que tu allais mieux et que tu commençais à te reconcentrer sur les matchs, je n'aurais jamais cru-

- Que je serais aussi tenace ? C'est vrai, tiens, ça ne me ressemble pas, ironise le jeune Oikawa. Et me sentir mieux ? Y a trois semaines, Matsumoto a fait un malaise dans le centre commercial, je t'en ai parlé ? Elle a commencé à faire une sorte de crise d'angoisse, tu crois qu'elle, elle va mieux ?

- Et toi, tu crois que tu l'aideras à aller mieux, si tu te fais massacrer dans le même quartier qu'elle ? On a match demain, putain, il serait peut-être temps que tu dépense ton énergie dans autre chose. Si tu veux l'aider, accompagne-la à la danse, va la voir s'entrainer, natte-lui les cheveux le soir, mais ne vas pas te balader dans des rues sordides tout seul ! Tu ne sais même pas ce qu'il peut t'arriver, laisse la police faire son job.

- C'est trop frustrant, je ne peux pas !!

Hajime reprend son inspiration en demandant d'une voix sourde :

- Parce que tu crois que je ne suis pas frustré, moi ? Une fille que je connaissais s'est fait agresser, mon meilleur ami fait n'importe quoi en s'improvisant apprenti justicier, et accessoirement, c'est le capitaine de toute une équipe qui affrontera Shiratorizawa demain, et je vais t'en apprendre une bonne, ils ont beau être des gars bien, ils s'en tamponnent de tes problèmes familiaux. Ce qui n'est pas mon cas, et je me sens concerné. Mais j'ai affaire à un menteur, qui a oublié que c'était juste un lycéen, et qu'il avait des responsabilités. Réveille-toi, bordel. Parce que tu veux pas de mon aide, et que tu ne sers à personne, et que tu n'aideras personne si tu es blessé. Mais tu sais qui, je m'en fous. Débrouille-toi, tu me saoule.

Il fait deux pas en arrière et commence à s'éloigner, les poings serrés.

- Je suis désolé, lui dit soudain l'idiot resté là. D'accord ? je suis désolé. Y a des moments où je n'arrive pas à me la sortir de la tête.

Hajime s'arrête et pivote pour le regarder.

- Je vais te casser la figure, arrête-toi là.

Tooru ouvre les bras en grand, agacé :

- Et pourquoi ?

- Parce que tu ne m'en n'as pas parlé. Bon sang, si ça ne va vraiment pas et que ça t'obsède, pourquoi tu ne m'en n'as pas parlé.

- Pff, ça change quoi ? Tu m'aurais fait la morale comme tu viens de le faire.

Dépité, l'adolescent secoue la tête :

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