Ils parlent longuement, et marchent. Ils ne font pas attention à la distance qu'ils parcourent, si bien que deux heures plus tard, ils se rendent compte que le temps de refaire le chemin dans l'autre sens, ils n'auront pas le temps d'aller se coucher. Alors ils parlent encore, il lui demande de lui montrer comment faire les quelques pas qu'elle et Matsumoto avaient fait le jeudi de la semaine précédente, et elle lui montre, avec un rire.
- Tu as un talent pour ça, dit-elle alors qu'il la fait tourner. Tu bouges comme si tu avais dansé toute ta vie !
- Ne te moque pas, dit-il en secouant la tête.
- Non, non, je te jure ! Si tu voulais en faire ta vocation, tu le pourrais !
Leurs chaussures sont dans le sable, ils en auront très certainement jusque dans les chaussettes, mais ils dansent sur la plage, lentement, et le jour pointe.
- Je ne suis pas convaincu.
Elle finit par laisser tomber, et ils repartent, ramassant les chaussures au vol. Ils parlent encore sur le retour, et déplorent même qu'aucun magasin ne soit ouvert pour qu'ils puissent s'acheter de quoi boire.
Quatre heures et demie plus tard, ils entrent dans le lycée, elle baillant derrière sa main en les attendant, et lui en courant derrière les deux cousins pour les rattraper devant le portail, la cravate dénouée pendue autour du cou. Il a des cernes aussi larges que ceux de Reiko, mais elle au moins, a la chance d'avoir eu le temps de se maquiller avant de partir, ce qui n'est pas son cas à lui, il a une heure de plus de trajet qu'elle, puisqu'il devait rentrer chez lui. Un peu plus d'une heure.
Il lui fait un signe de tête sans vraiment lui dire bonjour, et elle fait de même. Ça passe plutôt inaperçu, et les autres les saluent avec plus d'entrain, mais ils passent la journée à somnoler, chacun dans leur coin. Ou plutôt, chacun dans leur classe.
« J'ai du sable dans les cheveux. », lui envoie-t-il à la première pause. Reiko hausse un sourcil en lui demandant comment il s'en est sorti, et la réponse ne l'aide pas à comprendre : il n'en n'a lui-même aucune idée. Elle se dit toute fois qu'il finira avec du choux fleur avec le sable, s'il continue à piquer du nez devant son assiette, deux heures plus tard. Elle finit par lui donner un coup de pied, qui le fait se redresser en grognant sourdement.
- T'as pas dormi ou quoi ? se moque Tooru en lui piquant un morceau de viande dans son assiette.
- Ah, ah, ah... très drôle, dit-il en se réveillant davantage. Au fait, ça avance avec ton binôme pour la danse ? demande-t-il à la cousine.
Matsumoto sourit vivement, en hochant la tête comme un ressort cassé :
- Oh oui, très bien ! On commence à adapter la chorégraphie, parce que... certaines choses sont un peu trop compliquées pour nous.
Elle lance un regard en biais à Koko en espérant qu'elle ne lui en veut pas de trop, mais celle-ci hausse les épaules :
- Je ne suis pas lui, et il n'est pas moi. On n'a pas forcément la capacité de faire la même chose, alors adaptez ce dont vous avez besoin. Si tu veux t'entrainer sur un mouvement en particulier, n'hésite pas à me demander. Ah, d'ailleurs, ça ne te dérange pas si on se voit ce soir à la place de demain ?
Elle se sert à boire en attendant la réponse.
- Mais j'ai danse, ça ne te dérange pas d'attendre ?
- Nan, j'ai tout le temps que tu veux, aujourd'hui.
La réflexion fait sourire Matsumoto : les rendez-vous avec son partenaire de danse rajoutent des soirées où elle est elle-même absente plusieurs fois par semaines. Elle est rassurée que Koko ne s'en soucie pas vraiment, et qu'elle se cale davantage sur son planning.
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Solitaires
FanficUne tension dans le regard, un quelque chose qui fait se demander comment ce groupe d'ados se fait confiance, mais qui ne les intrigue pas eux. Pas tant qu'ils ne se détournent pas les uns des autres. Et pourtant, soudain, plus personne ne regarde...