Katelyn Roy
J'avais pleuré toute la nuit.
Dimanche, Zara m'avait appelé de l'hôpital. Nous nous étions ensuite retrouvées chez elle et elle m'avait tout raconté. Ni une, ni deux, j'avais quitté sa maison en trombe pour aller chercher le carnet bleu de Blue.
Je ne me souviens pas vraiment qui j'ai croisé sur la route de cette chambre. Je sais juste que j'y suis entrée, que j'ai cherché le carnet, que je l'ai trouvé et que je suis rentrée chez moi.
Sur mon lit, le carnet en face de moi, je n'ai pas pu l'ouvrir tout de suite, mon corps entier tremblait. Puis, je me suis calmée en me souvenant que c'était Blue qui voulait que je l'aie. Elle était d'accord pour que je le lise, alors j'ai ouvert la première page, j'ai lu la première phrase et j'ai éclaté en sanglot.
« Je suis Blue, je suis aussi bleu que mon prénom, mais j'espère qu'un jour je serais un peu plus jaune, ou rose, ou verte...J'espère qu'un jour, je deviendrais un arc-en-ciel ».
Blue était douée pour les mots, elle utilisait souvent les couleurs pour parler de ce qu'elle ressentait. Bleu pour la tristesse, jaune pour la joie, rose pour l'enthousiasme et vert pour la réussite. Elle disait que le vert était la couleur de la floraison, de la nature, du printemps. Elle parlait tellement bien...Alors j'ai pleuré de ne pas avoir pu l'écouter un peu plus, puis j'ai encore pleuré en me rendant compte que j'avais ses mots entre mes mains.
J'ai beaucoup pleuré, toute la nuit. Mais j'en ai aussi appris plus sur elle, sur son vécu mais plus important encore, j'en ai appris plus sur ses sentiments. Blue était souvent bleu mais le plus surprenant c'est qu'elle l'était plus pour les autres que pour elle-même. Elle était triste pour eux.
Étonnamment, elle parlait beaucoup des autres, tantôt elle les plaignait, tantôt elle pestait contre eux...C'était parfois drôle, Blue avait aussi le sens de l'humour, j'aurais aimé l'entendre dire des blagues, rire de ça et surtout rire avec elle ; alors j'ai de nouveau pleuré. Puis, je l'ai imaginé rire en écrivant tout ça, et même si ce n'était pas au même moment qu'elle, j'ai ri, et je me suis dit qu'on riait ensemble.
Elle parlait aussi du ciel, beaucoup, elle philosophait encore et encore sur les mythes auxquels les constellations étaient liés. Blue aimait la mythologie, vraiment, elle voulait devenir historienne et voyager dans le monde entier pour découvrir les histoires des autres civilisations.
Blue voulait beaucoup de choses, mais surtout Blue voulait vivre, exister...elle voulait que quelqu'un, quelque part se souvienne de son nom ; Blue Owens.
Blue comme le bleu.
Blue comme la tristesse, le blues, la mélancolie ou comme le dit si bien Baudelaire, le « Spleen ».
Mais aussi bleu comme un ciel d'été, bleu comme la mer, bleu comme la Terre, bleu comme la paix.
Elle était tellement de choses, elle était incroyablement forte...Et en lisant une énième page au levé de soleil, j'ai compris que Blue ne partirait jamais totalement. Que ses pensées, ses mots, ses innombrables possibilités de futur continueraient à résonner dans l'existence de tous ceux qui l'ont côtoyé. Elle sera toujours quelque part dans nos cœurs, son souvenir jamais ne périra.
Finalement Blue n'était pas partie, Blue allait simplement vivre d'une nouvelle manière. Blue vivait désormais dans mon cœur, dans celui de Zara et de tous les autres...
Et dans ton cœur aussi.
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Ce n'est pas mon CORPS!
Teen Fiction-aaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhh ces cris venaient de la chambre d'hôpital de ma fille, je me precipitais dedans pour savoir pourquoi elle hurlait. En pénétrant dans la chambre, je la vis écœuré en se regardant dans un plateau qu'elle avait en...