Binôme

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Ada

J'ai envie de pleurer tant il me manque. Il est pourtant là, tout prêt, je le vois mais ne plus avoir aucune importance à ses yeux, me déchire de l'intérieur.

Il farfouille dans mon sac en quête de mon briquet. Je lui enfoncerai bien la tête dedans. Pas histoire de l'étouffer lui, mais seulement son sale caractère.

Y a quelques heures, j'avais retrouvé le Daryl tendre et protecteur, et en une fraction de seconde, il avait de nouveau cédé sa place au Daryl froid et distant.
C'est la même rengaine avec lui. Je pensais m'y être habituée.
Visiblement non !

Il vient de trouver la photo qu'on avait prise ensemble la nuit où je lui ai tout raconté.
Et ça le fait rire ! Je vois pas ce qu'il y a de drôle! Il doit me trouver conne, d'avoir gardé ce cliché.

Tu as gardé la tienne ? je lui demande, convaincue que non.

Depuis le début me répond t'il en sortant la photo de son veston.
Je suis surprise et touchée. Elle est même pas dans son sac, elle est sur lui. Ce détail a de l'importance pour moi.

Daryl allume sa clope et il se rend compte qu'il ne devrait pas, entre la fumée qu'il dégage et le fait que je suis en sevrage forcé, avec ma pneumonie.

J'ai pas envie qu'il parte plus loin. Je lui fais le coup de "je veux juste sentir l'odeur, blabla" .
En vérité, je veux juste le retenir quelques instants supplémentaires.
La dépendance à la clope est minimine à côté de ma dépendance à ses beaux yeux bleus, à son odeur de sous bois et de tabac froid, à ma dépendance à lui tout entier.

Mais c'est trop tard... Il fait déjà demi tour.
Le campement s'est endormi peu à peu, et ceux encore éveillés sont loin de nous. Rapidement j'observe le feu, qui crépite, puis mon regard se pose sur les ailes dans le dos, du chasseur.
Daryl... Reste un peu s'il te plaît. La clope me manque mais, c'est rien comparé à toi.

Il s'arrête et sans se retourner pourquoi ?

Parce que... J'en ai envie et que j'en ai besoin je lui dis discrètement

-C'est pas ce que je te demande..

-mais.. Qu'est ce que ça peut foutre ?

Il ne paraît pas satisfait de ma réponse et reprend le chemin en direction de son vieux tronc d'arbre
Parce que quand t'es pas avec moi, y a une part de moi même qui se fou en veille. Je lui dis plus fort pour qu'il se force à se retourner.

Mais ça n'a absolument pas l'effet désiré. Il retourne poser son cul sur son tronc d'arbre.
Ça me gonfle.. Je bouillonne.
C'est toujours pareil.

Et puis merde ! Ni une ni deux, je prends mon sac et ma gourde et je file d'un pas décidé vers lui.
Je balance tout à côté de lui et je m'assieds. Il me dévisage et à ses yeux je comprends rapidement que ça va partir en cacahuète. Mais rien à foutre.
J'y peux rien. Je le contrôle pas. Avec toi, même dans tes phases aiguës de connard monumental, tout est facile. Je suis capable de tout.
De parler de mon passé, danser comme une gamine dans une cabane délabrée, te réclamer des câlins, même à venir te voir au bord de la crise d'hystérie pour te dire ce que je pense. Je reprends mon souffle.
Et... Et quand tu t'éloignes, que tu ne me donnes plus aucune importance, que je deviens transparente à tes yeux, ça me ronge tellement, que je suis..

Faible? Me coupe le chasseur

Je suis pas faible, malgré ce que tu penses ! Sur une pointe d'agacement.

Je t'ai retrouvé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant