Mouchoirs

1.6K 81 3
                                    

Daryl:

La blonde a allumé le gaz, la bombonne n'est pas vide. Par chance, il y a aussi l'eau.
On a fait chauffer de l'eau pour se faire une toilette et du café soluble.

Dans une des chambres, on a trouvé des vêtements d'hiver. Trois fois trop grand pour elle, mais au moins elle va moins se geler les miches.
J'ai pris aussi une casserole. Ça peut nous servir quand on est dans les bois pour faire chauffer de l'eau.
J'ai retourné la baraque, mais pas l'ombre d'une arme ou d'une munition.

Je commence à nettoyer mon arbalète et j'en profite pour nettoyer le révolver du piaf. Faudra que je lui apprenne à l'occas.

Son idée du Terminus me trotte dans la tête depuis un moment. Dans un sens, elle a raison on doit y aller. Maggie a laissé des instructions au chinois. Mais au fond, y a quelque chose qui cloche... Comment c'est possible qu'une telle communauté existe ?
À Atlanta aussi on avait entendu parlé de camps de réfugiés et tout est parti en couille.

Je recommence à ronger mon pouce. Vieille habitude de merde quand je suis stressé...

La blonde me ramène sur terre quand elle ressort de la salle de bain avec un jogging, seul pantalon qui lui tient à la taille, car elle peut resserrer les liens et un sweat doublé.
Elle a embarqué en plus deux pulls qu'elle range dans son sac.
Elle a tressé ses cheveux avec deux nattes plaquées sur le sommet de son crâne.

Elle a les yeux brillants. Elle doit être fatiguée.
Moi : ça va ? T'as l'air bizarre ?!

Ada: oui ça va. Je suis gelée c'est tout.

Elle éternue de nouveau. T'es malade ?

Ada: euh.. Non !

Moi : ça change! Je lui fais signe, lui désignant ses cheveux.

Elle passe sa main sur sa tête, un peu gênée.
Ouais... j'ai embarqué une brosse et des élastiques. J'arrive pas à me résoudre à les couper...

On a finalement opté pour dormir dans la même pièce. Je sais qu'elle est pas hyper rassurée quand elle est seule.
J'ai été chercher un matelas dans une chambre, que j'ai posé au centre du salon et je vais squatter le canapé.

Ada a toujours froid, je lui ai ramené une des couettes qui était dans la chambre.
C'est gentil merci. La flotte toute la journée m'a congelé.

Elle s'est vite endormie mais sa nuit a été rythmée d'éternuements et de cauchemars.
Elle a appelé plusieurs fois Carol. Je crois même qu'elle m'a appelé aussi. En y repensant c'est une vraie plaie de dormir dans la même pièce, que cette fille.

Sans grand étonnement, le lendemain matin, elle a une sale gueule.
T'es malade !! Je l'avais dis.

Elle me fusille du regard c'est un rhume ça va! Je suis pas à l'article de la mort. Doit bien y a avoir quelque chose dans la salle de bain pour ça.
Allez range tes affaires et on décolle.

En retournant la salle de bain, on a dégotté du paracetamol. Elle a déchiré un drap pour s'en faire un mouchoir. Avant de partir, on a gravé nos noms sur la maison, en indiquant que nous allions au Terminus.
Ada a pris le temps de noter "Wixon" tout en dessous, avec un smiley.
J'avais eu peur de l'avoir foutue de mauvaise humeur, mais visiblement ça va. Elle est beaucoup plus patiente avec moi et ne relève plus mes coups de gueule comme avant. A croire, qu'elle s'y fait...

La journée a été plus dure que d'habitude pour Ada. Elle a passé son temps à se moucher, renifler, éternuer... La voir éternuer et cracher sur un rôdeur m'avait presque fait rire.

La nuit va tomber et on a rien trouvé pour se foutre au chaud.

On s'est foutu à l'abri comme on a pu sous des branchages, qui jonchent le chemin de fer.

J'ai allumé un feu, pour faire cuire un pigeon que j'ai tué en début de matinée et histoire de la réchauffer. Elle est toujours aussi gelée.

Elle regarde le pigeon avec un air de dégoût imagine que c'est du poulet, je lui dis. Sinon on a des trucs dans le sac qu'on a tiré à la dernière baraque.

En reniflant, elle me dit ça pourrait être n'importe quoi, ça me ferait exactement le même effet ! J'ai vraiment pas faim..

Je commence a pester, Ça t'oublies ! Tu manges ou je te le mets de force dans le gosier.

Après s'être mouchée, elle me répond J'ai même pas le courage de t'envoyer une saloperie alors que c'est déjà tout prêt dans ma tête.

Je m'approche d'elle et je lui tend un bout de viande. Elle a vraiment une sale mine. Ses yeux noirs sont bordés de larmes brillantes, et les contours de ses yeux sont rouges écarlates.
Elle croque dans le morceau de pigeon, mais je vois bien que ça la dégoutte.
Je pose ma main sur son front et je constate qu'elle a de la fièvre.

Elle me regarde avec des yeux de petite fille et me lance c'est bon c'est un rhume Docteur Dixon! J'ai déjà pris du paracetamol en arrivant.

Je comprend qu'elle est en train de m'avouer que ça fait un moment qu'elle est fiévreuse, mais qu'elle a rien dit Tu as toujours froid ?

Elle s'enfonce un peu plus loin dans son pull et me dit en riant Je crois que je vais poser directement le cul sur les braises, histoire de me réchauffer.

J'attrape la couverture et la dépose sur mes épaules. Je viens de passer derrière elle. Viens !
Je la colle entre mes jambes, le long de moi et rabats les deux pans de la couverture sur elle. Mes mains se réchauffent au contact de la peau brûlante de son ventre.

Elle a un frisson et sourit. Sur son ton moqueur que je commence à repérer, tu peux plus te passer de moi, en fait ?!

Je soupire, retire ma main et je lui pince le nez. Ta gueule Wilson ou je finis de t'étouffer !!

Elle tourne sa tête afin de me regarder. Je vais me transformer après ça et je te boufferai beau brun.

Moi : Dis pas de conneries !

Ada : quelle connerie? Que je vais me transformer ou que tu es un beau brun ?

Je suis mal à l'aise et elle le sait pertinemment. Elle joue sans arrêt ce drôle de jeu. Je ne sais jamais si c'est du lard ou du cochon.

Elle relève sa tête et dépose un baiser sur mon menton. Je suis surpris et elle a l'air tout autant surprise de son geste.

Elle retourne la tête en direction du foyer qui finit de se consumer.
L'envie irrésistible d'elle revient à vive allure.

T'es ridicule Dixon ! Je pense au fond de moi. Si mon frère voit ça d'où il est, il doit bien se foutre de ma gueule. Je l'entends comme-ci il était derrière moi. Ben frangin, si t'en veux pas, donne la moi !!
Mais non, je ne donnerai ma place à personne et même à Merle.
Je culpabilise un peu de penser ça.

Elle s'installe plus confortablement dans mes bras.
Je lui dis qu'elle peut dormir et que je m'occupe de veiller, quand on entend un cri aussi perçant qu'un pic à glace qui s'enfonce dans nos tympans et qui résonne dans le noir.

Je t'ai retrouvé...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant