Chapitre 3 : Aaron

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La femme restait silence, ne lâchant pas son téléphone portable des yeux, tout en buvant sa deuxième bière lorsque je commençais à me lever pour partir. J'étais content d'avoir pu avoir des nouvelles de Farah. Celle-ci s'était fait absente durant un long moment et savoir qu'elle allait bien était rassurant.

- Il faut que j'y aille maintenant. Je ne veux pas être en retard.

- D'accord. On se revoit sur le campus alors.

- Avec plaisir, Farah. Au revoir Ginny, tentais-je.

J'entendis la jeune femme souffler d'agacement avant de lever enfin la tête. Ce fut la première fois que je pouvais voir son visage. Tout le long de notre conversation, avec Farah, elle était restée caché derrière le rideau que ses cheveux avaient créé autour d'elle. Ses yeux étaient aussi noirs que ses cheveux et brillaient par leurs noirceurs. Je pouvais sentir que cette fille était différente et pas dans le bon sens. Elle semblait dangereuse. Tout en elle hurlait la colère, la rage, la fureur. elle ne correspondait aucunement à la personnalité pétillante de Farah alors que faisait-elle avec une femme pareille ?

- Tu ne veux pas venir avec moi ? On pourrait faire le trajet ensemble jusqu'à ta chambre, proposais-je, soupçonnant que Farah était, peut-être, sous son emprise.

Farah m'offrit un grand sourire qui me sembla sincère.

- Non, merci. Je n'ai pas cours aujourd'hui. Ginny et moi, nous offrons une après-midi entre filles.

Je vis la femme lever la tête vers mon amie pour la fusiller du regard. Farah baissa la tête lorsqu'elle le remarqua.

- Casse-toi, grogna l'inconnue.

- Mais pourquoi ?

- Casse-toi !

- Ginny...

- Farah, il vaut mieux que tu te barres avec ce ringard immédiatement si tu veux continuer à te faire baiser par Joe, susurra-t-elle entre ses dents.

La tension était palpable durant le temps que j'avais passé en leurs compagnies mais il était plus fort à cet instant. La femme semblait être sur le point de lui sauter dessus. Je pris alors l'avant-bras de mon amie et la tirer à moi pour qu'elle se lève.

- Tu pourrais être un peu plus sympa. Farah est ton amie, oui ou non ? la confrontais-je en faisant passer mon amie derrière mon dos.

Cela fut une erreur. Ginny reporta sa rage contre moi. Son regard était si noir que j'aurais pu jurer qu'elle n'était pas humaine. Cette femme sortait tout droit des enfers. Son regard posé sur moi m'envoya des frissons dans l'échine. Étrangement, pas seulement de peur. Une sorte d'adrénaline fit battre mon cœur un peu plus vite. L'excitation de cette confrontation nouvelle face à elle me fit vibrer de l'intérieur, comme si la vie s'imprégnait dans mes veines. Ginny se leva, lentement, sans jamais me quitter du regard. Elle s'approcha de moi jusqu'à se coller contre mon torse. Elle se mit sur la pointe des pieds pour parvenir à mon oreille.

- Tu es un chevalier servant... mais je ne crois pas que tu veuilles te retrouver avec une belle entre les deux yeux, te noyant dans ton propre sang dans un terrain vague, n'est-ce pas ?

Elle se recula pour me regarder dans les yeux, extrêmement sérieuse, après m'avoir susurré ces mots. Je déglutis car je sentais qu'elle en était capable. Je me redressais, le dos droit, afin de cacher le poids que cette menace avait fait naître dans mon estomac.

- Non. Tout ce que je veux, c'est allé à mon cours et que tu laisses tranquille Farah. Laisse-la partir avec moi.

La femme eut un petit sourire en coin. Rien de joyeux ou même sarcastique. Ce sourire était plutôt diabolique puis elle leva les yeux au ciel en soupirant.

- Prend-la. J'en ai rien à foutre. Au contraire. Emmène-la loin de moi.

Surpris, je commençais à comprendre que je m'étais fourvoyé. Je lançais un regard à mon amie. Celle-ci eut une moue déçue.

- Aller, je te promets que nous irons où tu veux mais j'ai envie de passer l'après-midi avec toi, Ginny.

- Non.

Je ne comprenais plus rien. Étais-je aussi impressionnable que cela pour avoir eu peur d'une fille qui n'impressionnait même pas une fille comme Farah ?

Ginny se tourna vers moi et son aura obscure semblait moins forte. Elle semblait plus exaspérée, à présent.

- Emmène-la avec toi si tu tiens à elle. Je ne suis pas le genre de personne extrêmement patiente.

- Je l'emmène avec moi mais tu devrais essayer de te détendre, parce-que franchement, tu as l'air d'être sur les nerfs.

Ses yeux s'assombrirent de nouveau.

- Lorsque j'aurais besoin d'un conseil d'un merdeux, je te promets de faire appel à toi mais pour le moment, tu la prends, tu en fais ce que tu veux, rien à foutre, et vous disparaissaient pour que je puisse aller enchaîner les shots jusqu'à ne plus me rappeler qui je suis, compris ?

Cette femme avait un gros souci. Elle avait clairement besoin d'une aide psychologique. Elle était dans l'excès. L'alcool, peut-être même la drogue. Elle n'était pas saine pourtant, quelque chose chez elle transperçait. Une sorte de lumière, bien cacher, brillait dans ses yeux. Était-ce ce que je voulais voir ou existait-elle vraiment ?

- C'était un plaisir de te rencontrer, Ginny, la saluais-je en me tournant pour fuir cette situation qui me mettait mal à l'aise.

Je l'entendis ricaner alors que j'entraînais Farah dans mon sillage pour nous éloigner rapidement de cette fille malsaine. Cependant, le souvenir de la chaleur du corps de celle-ci, presser contre le mien, resta imprégner un long moment dans mon esprit autant que son parfum titillait encore mes sens en fin de journée.

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant