Épilogue : Aaron

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Cinq ans plus tard :

Ce soir, nous célébrions nos huit ans de mariage. Nous avions prévu de le fêter en compagnie de notre famille et nos amis mais voilà, Ginny était de mauvaise humeur. Elle était en train de gueuler, toute seule, dans la cuisine parce qu'elle n'avait pas eu le temps d'aller au pressing chercher sa robe.

- Ça te fait sourire, en plus, cria-t-elle. Tu n'es qu'un enfoiré, Aaron.

Je soupirais. Depuis le début de sa grossesse, elle était insupportable. Elle avait les hormones en folie. Un rien, la m'était en colère. C'était bien pire, maintenant qu'elle avait atteint le troisième trimestre. Elle était enceinte de sept mois. Notre fils était prévu pour juin. Cela avait une surprise pour tous les deux. Ginny répétait constamment qu'elle n'était pas prête pour avoir un enfant. Je pensais, plutôt, qu'elle avait peur d'être mère. Elle serait une merveilleuse maman. Lorsque nous avions appris pour Theo, elle a directement pété un câble mais malgré cela, elle n'avait même pas énoncé une seule fois, l'avortement, ce qui m'avait soulagé. J'avais certes, que vingt neuf ans mais je me sentais plus que prêt à devenir père. J'avais même hâte de voir la bouille de notre fils.

Ginny avait dû prendre congé à son poste de caporal pendant sa grossesse et cela l'avait contrarié. Elle aimait son boulot. Cela lui manquait mais la présence d'un bébé en elle, semblait la distraire de cela, surtout en ce moment. Elle avait fini par accepter et aimer le petit lorsqu'elle a commencé à le sentir bouger. Elle avait eu besoin de ce lien physique entre eux pour cela. Chaque femme vivait sa grossesse différemment, je le savais, mais cela m'avait inquiété qu'elle refuse, tout d'abord, de le prendre en considération.

- Je vais aller la chercher, ma puce, tentais-je de la calmer.

- Il me la faut, Aaron. C'est la seule robe qui me fait pas ressembler à un cachalot échouer.

- Je t'ai dit que je vais y aller.

Elle soupira et sembla s'apaiser.

- Merci.

Je m'approchais d'elle, estimant que la tempête était terminée et que je ne risquais plus ma peau.

- Calmes-toi, ma puce. Tout va bien se passer. Tout est presque prêt. Il ne reste que le gâteau et il est au four. Il faut que tu te reposes, maintenant. T'énerver comme ça, ce n'est bon, ni pour toi, ni pour Theo.

- Je sais, souffla-t-elle. Mais tout n'est pas...

- Carré. Je sais.

- Excuse-moi de t'avoir engueulé.

- C'était un plaisir, plaisantais-je.

Je déposais un baiser sur son front et me préparais à partir chercher cette fameuse robe noire au pressing.

En montant en voiture pour me rendre en centre-ville, je repensais à toutes ces années passées à ses côtés. Cela n'avait pas été facile au début. Nous avions emménagé ensemble, quatre mois après sa sortie de l'hôpital. J'avais trouvé un petit appartement avec une chambre. Notre cohabitation avait été chaotique. Elle me mettait à longueur de temps à l'épreuve de par ses minauderies et son caractère bien trempé. Il a fallu que nous nous adaptions à l'autre mais cela avait été la meilleure décision que nous pouvions prendre. Nous avions appris à nous connaître et à nous dompter mutuellement. Elle, avec toute son éducation, moi, ma tolérance envers ladite éducation qu'elle avait reçue. Nous n'avions rien lâché. Nous tenions suffisamment à l'autre pour nous battre pour notre couple. Aussi, deux ans plus tard, nous nous étions marié. Ginny n'était toujours pas portée sur la religion mais avait accepté que le mariage est lieu à l'église. Elle était magnifique dans cette robe crème avec quelques touches de rouge. Elle avait refusé de porter une robe toute blanche, évoquant le fait qu'elle n'était plus, depuis longtemps, innocente, ni pure. Ma mère en avait fait une syncope mais c'était abstenue de commenter sa robe. Elles avaient toujours des relations difficiles mais elles faisaient des efforts, l'une comme l'autre, pour moi. La relation, entre Ginny et mon père, était tout autre chose. Ils s'entendaient très bien. J'ai l'impression que mon père voyait en Ginny la fille qu'il aurait pu avoir, dans une famille moins... traditionnel, disons-nous. Ils leur arrivaient de passer des heures, assis dans le jardin à boire des bières et discuter de tout et de rien. Maintenant qu'elle était enceinte, elle était passé au jus de fruit mais cela ne changeait absolument rien. 'j'étais reconnaissant à mon père de l'avoir si vite intégrer à la famille. Il avait vraiment l'air d'être une tout autre personne avec elle. Comme si elle lui permettait d'être celui qu'il était réellement. C'était l'effet Ginny. Pas de faux-semblant avec elle. Vous ne pouviez que vous sentir vous-même, tant elle ne se forçait pas à devenir quelqu'un d'autre. Elle forçait le respect et depuis qu'elle avait intégré l'armée, elle avait toute l'admiration de mon père.

Je repensais, également, à la fin de mes études. J'avais réussi haut la main. J'étais devenu avocat. Depuis deux ans, j'avais mon propre cabinet et une clientèle fidèle. Je m'évertuais à être le meilleur dans mon domaine, ce qui nous apportait une vie plutôt confortable. Je travaillais énormément, ce qui n'était pas gênant lorsque Ginny partait une à deux fois par an, en mission, mais à présent, c'était plus compliquer. Elle devait se reposer et rester à la maison, seule. Or, une Ginny stagnant, était une Ginny de mauvais poil. L'arrivée de notre fils sera un bonheur et un soulagement pour nous deux. J'aimais ma femme plus que tout elle savait être insupportable lorsqu'elle le souhaitait. Depuis une semaine, elle avait des saignements et son gynécologue obstrétricien lui avait conseiller de rester allongé jusqu'à la fin de la grossesse. Elle ne pouvait pas l'accepter. Elle n'y arrivait pas, au point que je me posais réellement des questions sur une éventuelle hyperactivité.

Pour la fête de ce soir, nous devions faire appel à un traiteur, elle a tout bonnement refusé. Elle voulait tout faire par elle-même.

«Je n'ai rien d'autre à faire dans cette foutue baraque, alors je vais m'occuper de la nourriture.» avait-elle râlé.

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Trois heures plus tard, nous nous trouvions tous assis autour de la table, dans le jardin, Junie et Drez à nos pieds. Ginny rayonnait, à présent. Elle était heureuse d'être entourée de toutes les personnes qu'elle avait appris à aimer. Mon père était à sa droite, ma mère à ma gauche. J'avais gardé certain contacts de l'université. Brennan était assis face à moi. Sa femme, Jessica, à ses côtés, ainsi que leur fille et leur fils. Cam et sa femme, Nicah, Liam et sa femme, Sophia, n'avaient pas pu venir car ils étaient en tournée avec leur équipe. Mon collègue, Christopher était présent. Jared était assis en bout de table. Sa copine, Darla, près de lui, ne semblait pas à l'aise. Dale, Warren et Karry, des collègues de travail à Ginny, étaient là aussi. L'ambiance allait bon train. Nous formions un petit groupe joyeux qui profitait d'une douce soirée. Ginny discutait essentiellement avec ses amis de l'armée et mon père. Tous les quatre avaient beaucoup de centre d'intérêt et mon père aimait suivre leurs anecdotes de mission. Je n'écoutais jamais vraiment cela, pour ma part. Savoir ma femme prise entre deux feux, ne m'aidait pas à me détendre. Je discutais alors avec ma mère, afin qu'elle ne se sente pas délaisser.

J'étais heureux. Tout simplement heureux. Je n'avais pas une vie parfaite mais elle était parfaitement imparfaite et c'était comme ça que je l'aimais. Je me resservis un verre de vin en déviant mon regard sur ma femme qui était en train de rire aux éclats. Oui, notre vie était ce qu'elle était mais je la passais avec la plus forte, courageuse et tendre des femmes. Je ne pouvais qu'être comblé par l'avenir qui se profilait. Notre fils ne viendrait que renforcer ce lien qui semblait nous unir depuis notre première rencontre. Mon regard amoureux tomba sur son ventre rebondi. Comment ne pas être comblé de bonheur ?

Ma femme était obstinée, caractérielle, têtue, parfois malpolie, mais c'est de cette femme-là dont je suis tombé amoureux et cela n'avait jamais changé. Nous nous complétions. Là, où elle était directe, j'avais du tact. Là, où elle était nerveuse, j'étais calme. Là, où elle était provocatrice, j'étais charmeur. Je ne pouvais voir ma vie sans cette boule d'énergie envelopper dans un corps voluptueusement gracieux.

Elle était tout pour moi. J'étais tout pour elle. Nous étions indispensables à l'autre. Nous étions trouvés dans cette rue passante. Je m'étais accroché pour ne pas la laisser me repousser. J'avais gagné le plus beau des cadeaux. Un amour sans failles avec son lot de courant d'air...

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant