Chapitre 7 : Aaron

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Un grand débat avait actuellement lieu au sujet de bière autour de la table, où nous déjeunions. À savoir quelle était la meilleure. La conversation ne m'intéressant absolument pas, je mangeais mes frites silencieusement en scrutant la salle bondée à la recherche de quelqu'un de bien particulier. Les portes du diner ne cessaient de s'ouvrir et se refermaient derrière les étudiants en quête de nourriture pour leurs pauses de midi mais la personne qui m'intéressait n'était toujours pas arrivé. Je l'avais pourtant invité à déjeuner avec nous, ce midi. Farah avait été ravi de mon invitation, en précisant qu'elle n'était plus un cœur à prendre. Après l'avoir rassuré sur mes intentions, elle avait accepté. Cela faisait vingt minutes que je lorgnais l'entrée. Elle était la seule à pouvoir m'apporter des réponses. Cette fille... Ginny... elle ne me sortait pas de la tête. J'avais l'impression d'être aussi dingue que Cam avec sa Nicah. Cela ne me plaisait pas car Ginny n'était pas Nicah. J'avais eu l'occasion de rencontrer Nicah, lors d'une fête à la fraternité, autour d'un feu de camp, la semaine dernière. La jeune femme était candide et joyeuse au possible. Elle semblait si innocente et avait une soif d'apprendre détonante. Sa joie nous avait tous contaminé durant la soirée. Il était agréable de passer du temps avec elle. Elle avait l'air d'être tout le contraire de la femme qui refusait de quitter mon esprit. J'avais besoin de savoir ce qui m'intriguait tant chez elle. Ainsi, je pourrais, peut-être, me libérer de son image. Elle ne m'avait, même, jamais adresser une seule parole civilisé alors pourquoi ses yeux aussi obscurs que la nuit apparaissaient dans mon esprit chaque fois que je clignais les paupières. Étant inatteignable, j'avais pensé questionné son amie à son sujet. Je n'avais aucunement envie de recevoir une gifle, ou bien pire, de sa part parce que j'aurais posé des questions auxquelles elle n'avait pas envie de répondre.

Dix minutes plus tard, j'engouffrais ma dernière frite dans ma bouche et la clochette au-dessus de l'entrée sonna pour la centième fois en une heure. Cette fois-ci, c'était Farah. Elle chercha du regard notre table et lorsqu'elle nous repéra, elle approcha avec un grand sourire. Je tournais le regard sur mes amis qui me regardait avec perplexité. Farah était connue pour être un loup déguiser en brebis auprès de mes potes, aussi ils ne comprenaient pas ce qu'elle faisait ici. Ils ne la cernaient pas réellement. Ils ne voyaient en elle, qu'un moyen de se soulager mais Farah était une gentille fille quand on apprenait à vraiment la connaître. Cela ne leur ferait pas de mal de discuter avec leur conquête. Ils verraient qu'elles étaient bien plus que des poupées disposer à leur bon plaisir. Je me décalais de la banquette, afin de lui faire de la place en la saluant.

- Salut les gars ! lança-t-elle à l'assemblée.

- Salut, rétorqua Brennan.

Quant aux autres, ils se contentèrent d'un mouvement de tête. Ils se méfiaient tous. Farah n'avait été une conquête comme les autres pour eux. Il fallait dire qu'elle s'était accroché à chacun d'eux après être passé dans leur lit. Ils la voyaient comme un pot de colle. Pour ma part, je voyais clair en elle. Elle recherchait simplement l'amour. Farah était une amoureuse de l'amour et elle était en grande demande d'affection. Cela était une souffrance pour elle. J'en étais persuadé.

- On ne savait pas que tu allais venir déjeuner avec nous, avança Scott en me fusillant du regard.

- Je l'ai invité à se joindre à nous.

- Ne faites pas cette tête, les gars. Je ne suis pas là pour créer des problèmes. De plus, vous ne m'intéressez absolument plus. J'ai un homme dans ma vie et je compte bien passer le reste de mes jours à ses côtés, expliqua-t-elle tout sourire.

Elle avait l'air heureuse et j'en étais ravi pour elle. Elle le méritait. Farah était quelqu'un de bien. Après avoir rassuré les gars, qui étaient repartis dans une nouvelle discussion somme toute inutile, Farah se pencha à mon oreille.

- Si tu m'as fait venir, ce n'est pas seulement pour déjeuner, n'est-ce pas ? aussi non, ils auraient été au courant. Je ne te connaissais pas cachottier, blagua-t-elle.

Force était de constater, qu'elle avait raison.

- En effet.

- Qu'est-ce qui y a ?

- C'est délicat... je ne sais pas par quoi commencer...

- Non mais je rêve où Aaron est en train de rougir, se moqua soudainement Brennan, ce qui me brûla un peu plus les joues.

Il reçut un coup derrière la tête de la part de Jerry, ce qui le fit grimacer.

- Occupes-toi de ton assiette et fous-lui la paix, gronda-t-il.

Je lui lançais un regard reconnaissant. Il m'offrit en retour un petit sourire puis retourna à sa conversation.

- Ne t'occupe pas de cet idiot et dis-moi, Aaron. À moins que tu ne veuille que nous allions discuter à une autre table ?

L'idée n'était pas mauvaise. Je me levais et elle suivit le mouvement. On salua mes amis et partit s'asseoir à l'autre bout de la salle qui se désemplissait à vue d'œil.

- Alors, raconte-moi, commença-t-elle.

- J'aimerais... euh... comment dire...

- Cela concerne Ginny ?

Je levais le regard sur elle, surpris. Étais-je aussi transparent ?

- Ne fais pas cette tête, rigola-t-elle gentiment. J'ai vu comment tu l'as regardé au café et sur le parking. C'est une belle femme, n'est-ce pas ?

Je hochais la tête. Il était vrai que je m'étais focalisé sur ses yeux brutaux et non, sur cette beauté presque irréelle.

- Seulement, tu devrais jeter ton dévolu sur une autre femme, Aaron, me prévint-elle.

- Tu peux me parler d'elle ?

- Je ne peux pas t'en dire trop...

- Pourquoi ?

- Ce n'est pas une femme pour toi mais si tu insistes... Ginny est une femme déterminée. Elle possède un caractère assez... difficile, on va dire. Elle n'a peur de rien, du moins je ne pense pas...

- Elle est vraiment dangereuse ? ne pus-je m'empêcher de la couper pour la questionner sur ce qui m'inquiétais réellement .

Elle hésita un long moment, regardant partout comme si elle avait peur d'être surveillé. Cela m'inquiéta d'autant plus.

- Oui. Elle peut l'être. Tu es un homme bien, Aaron. Tu es tout le contraire de Ginny, chuchota-t-elle.

- Pourquoi es-tu amie avec elle, alors ?

Elle baissa la tête et un petit sourire étira ses lèvres.

- J'ai fait un choix par amour. Mon petit copain est le meilleur ami de son frère.

Je hochais à nouveau la tête. Cela faisait sens maintenant. Puis je soupirais désespérément. Il me fallait l'oublier, je le savais, mais en serais-je capable, étant donné qu'elle ne quittait plus mon esprit ?

- Tu sais... commença Farah, j'ai eu Joe dans la peau en une nuit... il m'a attrapé si facilement dans ses filets... je comprends ce qui est en train de t'arriver. C'est comme s'ils avaient un magnétisme propre à eux... fais juste attention parce que si mon Joe est du même acabit que Ginny, elle, elle est imprévisible.

Je la fixais sans rien dire, pas sûr de vouloir en savoir plus pour le moment. Elle grimaça soudainement en me scrutant, tout en se levant lentement, comme prête à prendre la fuite.

- Il va falloir que je lui parle de cette conversation, Aaron... je ne peux rien lui cacher parce que si elle le découvre par quelqu'un d'autre, ça va être ma fête... et Ginny est toujours au courant de tout... il faut que j'y aille, maintenant... à plus tard.

Comme presser par le temps, elle s'enfuyait presque en courant du diner. Je la suivis du regard quand mes yeux tombèrent sur ladite jeune femme en question qui m'observait, les sourcils froncés... Nous venions, visiblement, d'être pris en faute pour une quelconque raison...

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant