Chapitre 19 : Aaron

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À mon sens, cela avait été l'idée du siècle. Le fameux Joe ne pouvait rien contre moi tant que Ginny était à mes côtés, alors pourquoi ne pas tenter de l'amener à rester près de moi. Il était bizarre de demander à une femme de me protéger, en tant que chevalier servant, mais le but n'était pas là. Si elle avait décidé de me suivre partout, nous aurions pu en apprendre plus sur l'autre. Une approche qui aurait, peut-être, lui aurait révélé ce lien entre nous. J'aurais eu l'occasion de lui montrer que je n'étais pas le gamin qu'elle pensait que j'étais. De plus, j'étais assoiffée de connaissance. Je voulais qu'elle m'apprenne tout d'elle. Je voulais qu'elle voie la vie simple que je menais, contrairement à elle, et en apprécie chaque aspect. Dans mon monde, elle ne serait pas obliger d'être constamment sur la défensive, méfiante. Elle pourrait découvrir ce que le monde avait à lui offrir en dehors de ces criminels. J'avais bien conscience qu'elle aurait toujours une part d'elle prisonnière de ce monde froid et brutal mais elle aurait le choix de s'en libéré pour vivre une vie plus paisible, où elle aurait droit d'afficher un sourire joyeux et sincère. Elle avait tant à découvrir si elle s'ouvrait à la perspective d'entrer dans ma vie.

Pourtant, à mes mots, elle s'était enfuie. Elle s'était tout simplement retourné pour parcourir l'espace vert devant le hall de Farah et s'était rendu sur le parking pour enfourcher sa moto et s'en aller aussi sec, d'un pas tendu. J'aurais dû m'en douter. Ginny était inatteignable. Du moins, c'était ce qu'elle voulait laisser paraître d'elle-même mais je savais que c'était un système de défense. Ne pas s'impliquer émotionnellement devait être une règle chez elle. Malgré tout, je pensais qu'il était trop tard pour ça. Sa façon de se dresser devant Joe pour qu'il ne puisse pas m'atteindre était une preuve en soi. Le faite est qu'elle avait, aussi, chercher un moyen pour me mettre en sécurité le temps qu'elle gère, elle-même, la situation avec cet homme. Elle ne tenait donc pas qu'il m'arrive quelque chose. Cela était la confirmation de mes premiers doutes. J'en étais heureux car je n'étais pas seul dans cette situation bancale. Elle naviguait à vue, comme moi, dans cette histoire mais contrairement à moi, elle cherchait à nier cette chose qui existait entre elle et moi. Il était clair qu'elle n'en voulait pas. Ce qui m'inquiétait était qu'elle parvienne à le repousser. Plus encore, que ce mariage se concrétise. Il était clair qu'elle n'en voulait pas non plus. J'avais bien vu la lueur de défaite quand Joe était parti énervé, sans Farah. Elle jetait clairement mon amie en pâture à cet homme pour se libérer de cet engagement. La pauvre Farah était devenu un moyen pour Ginny et moi d'obtenir ce que nous voulions jusqu'ici. Cela ne me ressemblait absolument pas et je me promis de faire plus attention à celle-ci à présent. Surtout depuis, que j'avais pu rencontrer son petit ami en question. Farah était, certes, mal vu par mon groupe d'amis mais je savais qu'elle était fragile. Elle recherchait l'affection et l'amour auprès des hommes. Lorsqu'elle réussissait à en avoir un, elle s'y accrochait désespérément. C'était méchant de ma part de mettre servi d'elle de la sorte. Malheureusement, Ginny ne possédait pas la même conscience que moi. Elle continuerait à pousser celle-ci dans les bras de cet homme tant qu'elle aurait l'espoir d'échapper à ce mariage. Comment lui en vouloir pour ça ?

Farah voulait Joe. Ginny n'en voulait pas. Pourtant, des deux, c'était elle qui allait contracter ce mariage. C'était injuste. Je devais avouer, également, que cela ne me faisait pas plaisir, non plus. Ginny était la seule femme à avoir réussi à attirer mon attention, à ce point, depuis... eh bien depuis toujours. Je savais que ce qui nous arrivait n'était pas courant. Cela n'arrivait pas à tous les coins de rues. C'était un cadeau exceptionnel. C'était ainsi que je le ressentais... comme un cadeau du ciel. J'ai d'abord été perplexe sur celle avec qui cette étincelle était née mais je pensais qu'il y avait une raison à tout.

On dit des âmes soeur, qu'il s'agirait d'une seule âme séparer en deux lors de sa venue sur terre pour se retrouver dans deux corps humains différents. Il est possible qu'elles ne se retrouvent jamais de leur vivant mais lorsque cela se produisait, elles se reconnaissaient en un seul regard. J'avais toujours aimé cette histoire que ma mère me contait lorsque j'étais qu'un petit garçon. Elle affirmait avoir trouvé la sienne en la personne de mon père et espérait que cela m'arrive également, plus tard. Son souhait semble être réalisé aujourd'hui mais pas sûr qu'elle apprécie la deuxième partie de mon âme. Ne serait-ce qu'imaginer leur rencontre me donnait envie de rire mais me donnait, aussi, des sueurs froides. Ginny n'avait pas sa langue dans sa poche, c'était certain, mais ma mère pouvait se montrer très peu ouverte d'esprit non plus. Les deux femmes allaient se tirer dans les pattes, c'était sûr et certain. Quoi qu'il en soit, nous n'en étions pas là. Faudrait-il, encore, que Ginny supporte ma présence plus de cinq minutes...

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant