Chapitre 34 : Aaron

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Mon souffle se coinça dans ma gorge. Elle était là, dans ce petit lit... branchée à tout plein de machine. Le son récurent du respirateur emplissait la pièce. L'odeur de javel citronnée envahissait mes narines. Il y avait tant de tuyaux raccordés à son corps.

Je fis un pas dans sa direction. Je fus devancer par Jared, qui me passa devant. Il s'arrêta près du lit et attrapa sa main dans la sienne pour l'embrasser.

- Tu as intérêt de survivre, ma beauté, ou tu vas m'entendre lorsqu'on se retrouvera sur les bords du Styx.

Je l'écoutais lui parler avec douceur, dans une menace presque tendre. Il était vraiment amoureux d'elle. Il dévia son regard sur moi et s'écarta d'elle.

- Pourquoi le Styx ?

De tout ce que j'aurais pu dire, seule cette question avait franchi mes lèvres... il eut un petit sourire triste.

- Nous ne nous faisons pas d'illusions. Avec tout ce qu'on a fait dans la vie, c'est l'enfer qui nous attend.

Je refusais d'y croire. Elle avait, certes, commis le pêcher mortel mais elle avait la vie devant elle pour faire amende honorable... Je m'approchais, enfin, du lit et déposais un baiser sur son front.

- Elle a toute une vie pour se racheter.

Il ricana.

- Si tu le dis...

Je m'installais dans le fauteuil, près de son lit, sans lui lâcher la main. Le silence était retombé. Plus personne n'osait parler presque de peur de troubler son repos. Je regardais mes parents. Mon père fixait Ginny avec tendresse alors que ma mère essayait de voir en elle, autre chose qu'une meurtrière. Le premier vint à mes côtés, je penchai au-dessus d'elle et posai sa main sur sa joue.

- Reviens-nous, Ginny. Tout est fini. Plus personne ne pourra te faire de mal. Tu as une famille, à présent. Ne nous laisse pas tomber, murmura-t-il près de son oreille.

Il se releva et rejoignit ma mère, rester en retrait. Elle semblait mal à l'aise face au revirement du comportement à mon père. Il fallait dire que je l'avais été, également, lorsque j'avais compris la même chose. Je cessais de me laisser distraire pour les personnes autour de nous et me concentrais uniquement sur elle. Elle avait l'air si paisible. C'était la première fois que je pouvais observer son délicat visage avec des traits aussi sereins. Elle était belle, si belle que cela m'en faisait mal au cœur de la voir dans cet état. Les coudes sur le matelas, je posais sa main sur ma bouche et la scrutais sous toutes les coutures. Son visage portait les marques de coups. Un gros hématome colorait sa joue de noir. Son torse nu était entièrement recouvert de bandage sanguinolent. Ses mains étaient recouvertes de légère coupure peu profonde. Et ses cheveux courts étaient très sales et emmêler. Elle restait, quand même, la plus belle femme au monde à mes yeux. J'avais l'espoir qu'elle ressente mon toucher et que cela l'aide à retrouver son chemin parmi les vivants.

La porte de la chambre s'ouvrit sur l'infirmière qui nous avait conduits jusqu'ici. Dans un sourire prévenant, elle annonça que la visite était terminée. Jared déposa un dernier baiser sur son front et partit sans attendre. Mon père en fit de même et me serra dans ses bras. Quant à ma mère, elle s'approcha doucement de nous et avec hésitation, approcha sa main de celle de Ginny et lui caressa, dans un geste aérien, la main avant de la retirer aussi sec, comme si son toucher l'avait brûlé. Elle faisait des efforts et j'en étais heureux. Elle se pencha sur moi pour m'enlacer puis ils partirent à leur tour. Je me retrouvais seul avec elle. Le bip-bip de ses moniteurs brisés, à eux seuls, le silence tranquille de la pièce. Tout était fini. Mon père avait raison. J'allais pouvoir reprendre le cours de ma vie. J'avais l'espoir qu'elle serait à mes côtés. Il fallait qu'elle se batte, qu'elle survive. Je serais anéanti si elle abandonnait la bataille, si elle disparaissait à tout jamais.

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant