Chapitre 14 : Ginny

616 65 0
                                    


Putain, c'était clairement une mauvaise idée !

Tous ces cons me dévisageaient comme des abrutis et cela faisait enfler en moi une colère sourde. Je n'étais pas un foutu monstre de foire !

Farah m'entraînait vers le coin droit de ce qui semblait être un salon. Un type massif était poster derrière un bar improviser. Il ne nous regardait pas et semblait figer de stupeur, sur place.

- Bonsoir Brennan. Tu peux nous faire deux cocktails ? demandait-elle alors que je zieutais le bonhomme qui m'apparaissait appétissant pour les yeux.

L'homme ne réagissait pas. Il resta bloqué sur moi, et mon cuir décorer de ses écussons, jusqu'à ce que je le fusille du regard.

- Quoi ?

- Deux cocktails, s'il te plaît ? répéta Farah avec moins d'assurance dans la voix.

Elle m'envoya un regard qui signifiait, «je te l'avais bien dit de te changer». je haussais les épaules. Si ma présence les foutait mal à l'aise, c'était leurs problèmes, pas le mien. Le mec commença à exécuter ses préparations mais lorsque je le vis sortir une bouteille de tequila, je ne lui laissais pas le temps de finir ses mélanges.

- Exactement ce qui me fallait, grommelais-je entre mes dents.

Je débouchonnais la bouteille et bus directement au goulot. La brûlure de l'alcool dans ma gorge fut d'un certain réconfort alors que j'observais tous ces gens à la vie tranquille, exempte de la merde qui constituait la mienne. Ces salopards avaient tendance à se plaindre de ce que la vie leur donnait sans savoir qu'il aurait pu avoir un destin bien plus cruel. Bande de cons !

Une autre gorgée et j'entraînais la jeune femme plus loin, lorsqu'elle eut son verre en main. La tequila toujours à la main, je me vautrais dans un fauteuil. Farah prit place sur l'accoudoir en souriant.

- Alors que penses-tu de l'ambiance des fêtes étudiantes ?

- S'ils arrêtaient de me regarder comme des abrutis, je pourrais en voir plus, grognais-je de mauvaise humeur.

Les soirées au bar du club ne ressemblaient en rien à cela. Les mecs buvaient des alcools purs jusqu'à ne plus connaître leur nom puis allaient baiser une fille quelconque ou dans une chambre, dans la cour ou même encore dans le bar lui-même, sans se soucier des regards sur eux. Les rires étaient bruyants et gras. Les discussions assourdissantes et extrêmement animées. Les bagarres étaient, également, monnaie courante. Il y en avait, au minimum, deux par soir. Les concours de tir, aussi. La drogue se prenait librement à même sur les tables du bar. La consommation était à la vue de tous. La musique était différente aussi. La prédominance musicale du club était la country, le rock et le métal. Ici, la pop semblait primer. Chiant à mourir, quoi. Les étudiants se remirent à leurs activités, arrêter par mon arrivée, mais cela ne changeait pas grand-chose. Leur fête était très... sage. Rien de bien excitant. Je sentais que cette soirée allait être chiante à mourir. Joe allait devoir m'en devoir une, pour le coup.

Je sentis sa présence approcher avant même de la voir se diriger vers nous. Cet Aaron était une plaie. Il se stoppa d'abord devant Farah pour la saluer d'une accolade avant de se tourner vers moi, hésitant.

- Si tu prévois de m'honorer de la même, je ne te promets pas que tu en ressortiras indemne, le prévins-je.

L'hésitation disparut de son regard. Il se contenta d'un bref signe de main auquel je ne répondis pas.

- Tu apprécies la soirée ?

Je levais un sourcil sans répondre, une nouvelle fois. Était-il sérieux ?

- Vous voulez un verre ? demanda-t-il nerveusement.

Farah leva son verre pour qu'il le voit. Ses yeux dérivèrent sur la bouteille qui était posée en équilibre sur ma cuisse et se racla la gorge.

- Ces décorations sont super. Vous avez fait du bon travail ici, complimenta Farah.

- Oh, merci, mais je n'y suis pour rien. C'est les autres qui ont tout fait avec l'aide des kappa.

- Ça y est, je me fais chier. On peut y aller ? demandais-je.

Elle ne semblait pas ravie.

- On vient d'arriver.

- Sérieusement, pourquoi avoir autant insisté pour ça, dis-je en englobant la pièce d'un geste, avant de me tourner vers Aaron. C'est à cause de toi que je suis là, l'accusais-je.

Le type eut les joues rouges en deux secondes. Il lança un regard paniqué à la fille qui ne me lâchait jamais.

- Désolée. Je te l'ai dit que je ne lui cachais rien. Je ne suis pas en position pour faire des secrets...

- Tu n'as pas intérêt à commencer ce genre de petits jeux de toute manière. N'oublie pas qui tu es, la menaçais-je.

Au sein de notre communauté, la hiérarchie était installée depuis longtemps. Si une traînée du club venait à faire des cachotteries, même minuscules, elle serait jugée par les hommes de haut rang comme n'étant pas fiable. Selon sa faute, elle en subirait les conséquences. Farah cherchait clairement à me foutre dans le lit de ce type. Si cela venait à se savoir, elle serait probablement bannie de nos terres. Ça m'emmerdait de le constater mais il fallait qu'elle reste pour mon bien-être. Mon père voulait que Joe soit à moi. Howl voulait que Joe soit à moi. La rencontre entre l'homme en question et cette fille venait de tout changer cependant. Farah voulait Joe. Joe voulait Farah, même s'il n'était pas prêt à se l'avouer. Dans tout cela, qui se demandait ce que Ginny voulait ? Personne. Bande de connards !

Je me levais précipitamment quand je sentis les nerfs me bouffer de l'intérieur au point que cela en devenait douloureux. J'avais envie de tout casser. J'en avais marre d'être la marionnette des Skull's. j'aimais ma vie. J'aimais cette liberté de mouvement. Ce que j'aimais moins, était la façon dont j'étais utilisé dans leur putain de stratégie «marketing». être la femme de Joe pour assurer son statut auprès du club du côté de celui-ci. Être la femme de Joe pour s'assurer la meilleure protection et la pérennité de la hiérarchie du côté de ces salauds de Jeaper et Howl. Qu'ils aillent se faire foutre !

Les deux pots de colle m'avaient suivi alors que je m'arrêtais devant la baie vitrée ouverte qui donnait sur un grand jardin.

- Je suis désolé si je t'ai blessé, s'excusa Aaron.

Je ricanais méchamment en me tournant vers lui pour planter mon regard cruel dans ses doux yeux.

- Personne ne peut me blesser, mon grand. Pour me faire du mal de cette manière, il faudrait que j'aie un cœur. Manque de pot, je n'en ai pas.

Sa pomme d'Adam fit un aller-retour alors qu'il déglutit.

- Tout le monde a un cœur, Ginny.

Je fis un pas en avant. Nos corps se frôlaient dangereusement. La tension qui crépitait autour de nous devint plus électrique.

- Barre-toi, grognais-je pour le prévenir avant de faire une connerie.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Si tu ne veux pas que tout ça finisse mal, suis mon conseil et barres-toi immédiatement, ordonnais-je d'une voix sourde de retenue.

Je connaissais bien cette tension. Je la ressentais à chaque fois qu'un mec faisait joujou avec mes parties intimes. Qu'est-ce qui m'arrivait? Étais-je vraiment en train de mouiller pour ce mec ?

M'écoutant, il s'en alla rapidement. Je devais avoir une expression peu commode pour qu'il fuit la queue entre les jambes. Maintenant, qu'il s'était éloigné, je pus respirer pleinement mais la tension entre mes cuisses, elle, demeurait. J'avais besoin d'une bonne partie de jambe en l'air. Mon regard se posa sur lui alors qu'il s'affalait sur le canapé, à côté d'un type à la gueule de déterrer. Il n'était pas la bonne personne pour me soulager, pourtant mon corps hurlait que pour le sien, à cet instant. Je serrais les mâchoires et me détournais de lui. Il me fallait une clope...

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant