Chapitre 20 : Ginny

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J'entrais dans le bar, après avoir fait preuve, pour la première fois de ma vie, de lâcheté en fuyant l'étudiant et sa proposition. Quelques têtes pivotèrent vers moi pour mieux retourner à ce qu'ils faisaient. Au fond de la salle, mon père et ses amis discutaient. Howl, Joe et Farah n'étaient pas avec eux. Je me dirigeais vers la table afin de me poster devant, les bras croisés.

- Où est Joe ?

Jeaper me regardait, visiblement irriter par ma présence. Il jeta un coup d'œil directif à ses hommes et ils se levèrent tous et nous quittèrent.

- Vous n'êtes pas marié, petite. Il ne te doit rien pour le moment. Tu pourras lui prendre la tête quand il te trompera lorsqu'il t'aura passé la bague au doigt, ricana-t-il.

Cet enfoiré croyait que j'allais lui piquer une crise de jalousie. Pire, je ne pensais pas qu'un père normal blaguerait sur le fait que le futur mari de sa fille, la trompera forcément. Je le fusillais du regard, prenant le risque de m'attirer ses foudres. Il leva les yeux au ciel. Quel con !

- Qu'est-ce que tu lui veux ? Il a assez à faire avec cette allumeuse.

Voilà qui était intéressant. Jeaper avait repéré l'intérêt de Joe pour Farah ?

- Ils sont de sa chambre ?

- Fous-lui la paix, Ginny, me prévint-il.

- Aussi non quoi ? me rebellais-je.

- Ne me défie pas, jeune fille. Ça ne t'a rien apporté par le passé.

La lueur menaçante qui brillait dans ses yeux m'apprit que j'étais allé trop loin. Il était à deux doigts de m'en mettre une. Pourtant, il fallait que je parle à Joe et vite, avant qu'il ne lance ses fidèles lèche cul aux trousses d'Aaron. Je contournais Jeaper pour me diriger vers les escaliers menant aux chambres mais celui-ci m'attrapa par l'avant bras. Sa poigne aurait pu me faire grimacer de douleur mais je ne lui donnerais pas cette satisfaction.

- Je t'ai dit de ne pas y aller, gronda-t-il.

- Va te faire foutre !

J'étais à cran et ne me contrôler plus. Je devais voir Joe. Il se mettait en travers de mon chemin. Je pétais les plombs, à cause d'un mec. Putain, c'était bien une première...

Mon père se leva se son siège, l'air en rogne. L'urgence de la situation m'avait rendu aveugle à la personne qui se trouvait devant moi. J'allais morfler. Si cela était le prix à payer pour qu'il me lâche, très bien. J'y étais prête. Cela ne serait pas la première, ni la dernière trempe que je me prendrais de ce connard de toute manière. Il se dressa devant moi, bombant le torse, leva la main et la propulsa sur mon visage. Sa main mangeait tout mon visage tant elle était grande. Il y avait mis toute sa force. C'était douloureux autant que le choc de mes fesses percutant le sol. J'avais l'impression que tout mon visage était en feu. Des étoiles brillaient devant mes yeux. Ma nuque avait légèrement craqué lorsque son violent coup avait atterrit sur ma joue. Les larmes, automatiques, emplirent mes yeux mais je les refoulais. Il était hors de question qu'il voit une seule de mes larmes. Je m'y étais toujours efforcé lorsqu'il «m'éduquait». ce n'était pas tant le coup qui me faisait mal, depuis l'enfance, mais plutôt le dégoût dans ses yeux quand il me regardait.

Mon père ne m'avait jamais abandonné. Je me répétais cela depuis tellement longtemps. Une vaine tentative de lui pardonner sa maltraitance. Je savais qu'il ne m'avait jamais aimé. Je ressemblais bien trop à la seule femme qu'il avait aimée et qui l'avait quitté sans remords. Il se pencha au-dessus de moi. Je ne le lâchais pas du regard. Je ne baisserais pas les yeux. C'était ce qu'il voulait. Il m'attrapa par la gorge et serra.

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