Chapitre 24 : Ginny

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J'attendais qu'ils disparaissent de la pièce avant de me retourner. Abattue, je ne pouvais rien faire pour lui. Il allait devoir assumer les conséquences de ses actes. M'opposer à mon père, à ce point, était impossible. Il avait gagné sur ce coup. Je savais qu'il devait en passer par là. Chez nous, on ne faisait pas de cadeau aux intrus. C'était soi ça, soi je le laissais se condamner à une vie de servitude. Mon père ne se serait pas privée pour en faire un Skull's de bas étage tout au long de sa vie. Il aurait fait partie de la famille, certes, mais il n'aura jamais atteint un statut, au sein de la communauté, assez conséquent pour ne pas être le larbin de tout le monde. Il était hors de question qu'il devienne l'esclave des autres parce qu'il a voulu me protéger. Il n'avait juste pas mesuré la grandeur de l'impact de sa venue en ces lieux. Je venais de me coucher devant mon père. Cela aussi était dégradant. J'avais dû admettre qu'il avait le dessus sur moi. Une première... même lorsqu'il me traitait comme de la merde, je ne lui faisais pas ce plaisir mais je n'avais pas eu le choix. Il fallait que je minimise la casse.

Jeaper me scrutait d'un air entièrement satisfait. Ce connard jouissait de ce moment qu'il avait tant attendu pour se prouver qu'il avait raison.

- Tu tiens vraiment à ce petit con, hein ! s'amusa-t-il.

Cet homme était mon père. il m'avait vu grandir. Pourtant, pas une fois, depuis le départ de ma mère, son cœur n'avait émis un battement pour moi. Il me haïssait pour une quelconque raison, jusqu'à refuser d'entendre de ma bouche le mot «papa». il me gardait auprès de lui pour l'honneur. Il achetait mon silence en cédant à mes caprices. Je n'avais rien obtenu d'autre de lui depuis mes quatre ans. Aujourd'hui, il me regardait avec une lueur malsaine de satisfaction intense. Il aimait la colère, la défaite dans mes yeux. C'était le pire des pères au monde.

- Si tu savais comme je te hais, Jeaper, crachais-je.

Il éclata d'un rire, presque hystérique.

- Tu vas encore plus me détester dans quelques secondes, petite, annonça-t-il diaboliquement.

Je compris immédiatement ce qu'il avait en tête et je reculais d'un pas, tout en essayant de mettre toute ma haine en un seul regard.

- Non !

- Oh que si !

Il s'approcha de moi et me choppa le coude pour me conduire dans la cour. Je détournais le regard lorsque j'aperçus l'étudiant à genoux, entouré de tous ces hommes, prêts à le battre. Ils n'allaient pas l'épargner. Ils allaient y prendre du plaisir. Je connaissais ce genre de règlement de comptes, ce genre de lynchage, pour y avoir déjà assisté. C'était brutal, sans pitié. Les armes étaient proscrites. Ils devaient seulement se servir de leurs poings. Cela allait être douloureux pour lui... extrêmement douloureux. Je ne pouvais pas voir ça. Impossible !

Ce gars s'était visiblement insinué assez profondément en moi pour que le voir souffrir me torture. Je ne pouvais pas mettre de mot sur ce qui se passait en moi mais je n'étais pas assez conne pour ne pas me rendre compte qu'il était suffisamment important à mes yeux pour que sa punition me révolte et me fasse mal. Si cela était l'amour, je comprenais mieux pourquoi Jeaper et Howl s'en protégeaient en traitant les femmes comme ils le faisaient. J'étais dans la merde.

Jeaper appela un de ces hommes à venir vers nous. C'était Perse. Le mec s'avança jusqu'à nous.

- Boss ?

- Tiens la pour moi. Je veux qu'elle regarde, ordonna-t-il en me balançant dans ses bras que je connaissais que trop bien.

Perse m'entoura la taille.

River of complicationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant