CHAPITRE 34

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Je me suis boucher les oreilles pour essayer de me calmer. De retrouver un bon rythme de respiration. Puis j'avance lentement, d'un pas hésitant vers les voix qui se sont tues. Je voix Kelly, debout près d'un homme coiffé de longues tresses, son chapeau de pirate posé sur la table. Je les regardes tous. Les reconnaissant un par un. Certains que je ne vois pas... Je crois que je suis bloqué. Je ne peux pas faire un pas de plus.

Il se lève. Il me regarde. Je ne le lâche pas des yeux quitte à devoir lever haut la tête pour le regarder moi aussi. Il arrive à ma hauteur, me prend dans ses bras.

— Arrêtez de vous sentir coupable l'amie.

Je laisse les larmes couler et le serre moi aussi contre moi. Les autres viennent nous rejoindre créant ainsi un grand câlin collectif. Ils viennent m'aider à m'asseoir.

— Comment vous avez...

Je passe ma main sur mon visage en soupirant. Je crois bien avoir la réponse, et si c'est bien ça, je sens que la moutarde va me monter au nez de nouveau.

— Il nous a dit de pas te le dire.

Je regarde Kelly. Il détourne le regard. Et la moutarde me monte au nez, comme prévu.

— Vous avez été sauvé par Nómin ?

— Il nous disait qu'il saurait où on pourrait se cacher puis il nous a emmené ici, et nous a dit d'attendre à Seancyty. D'attendre t'as venue.

— De m'attendre ?

De m'attendre... Qu'est-ce qu'on est censé faire après ? Je suis complètement perdue. Qu'est-ce que je suis censé faire ? Je lève les yeux vers Kelly, il pointe du doigt la surface.

          — Si tu veux vraiment y aller, tu dois tout d'abord remonter à la surface.

          — Dis... pouffe ai-je. Tu es le frère de Nómin ou quoi ?

          Je me mets à rire, je suis bien la seule. Je le regarde qui hoche la tête.

— Tu es vraiment son frère ?!

— Son petit frère oui.

Je soupire. Je n'arrive vraiment pas à m'y faire. Au fait que tant de gens connaissent déjà l'issue de cette histoire. Enfin, ils ne sont que trois -la vieille, Nómin et Kelly-, mais c'est déjà énorme. Je regarde le Capitaine et ses hommes.

— Et vous, dites-moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé une fois qu'on a quitter le bateau ?

— Le Kujo-Sha. Voilà ce qu'il s'est passé. Ils ont débarqué sur mon bateau, et nous ont attaquer. Ils vous cherchaient.

— Ils nous cherchaient... répète ai-je. Vous ne vous en êtes pas tous sortis...

— Je vous ai dit de ne pas vous sentir coupable ! On savait tous les enjeux qu'il y avait en vous venant en aide. C'était mon choix. Alors arrêtez s'il vous plaît.

— Plus facile à dire qu'à faire. marmonne ai-je.

— Et on a appris comment ils ont su que vous y étiez ! Ils avaient des infos d'un vieillard. lance t-il pour changer de sujet.

— D'un vieillard ?

— Son pouvoir de clairvoyance était bien plus impressionnant que celui de Cassian. Il pouvait trouver qui il voulait !

Un clairvoyant ? Je comprends mieux. On a été des pions depuis le début de cette histoire donc. Comme ce jour où nous allions prendre le train pour la première fois, cette sensation d'être surveillé... voilà d'où ça venait.

— Et où est cet homme maintenant ?

— Décédé. Je le sais de source sûre, ne vous en faites pas.

— Je vois.

Je reste silencieuse un moment, histoire de resituer tous mes souvenirs. Il y avait pas mal de questions sans réponses, et j'ai pu en avoir quelques-unes. Le Capitaine s'approche et me donne des petits coups d'épaule avec un grand sourire aux lèvres.

— Alors... vous n'oubliez pas de nous dire quelque chose ? Moi qui pensais que l'on était ami... en faisant la moue.

— De quoi parlez-vous Capitaine ?

— On a louper un épisode ?

— Pff... pouffe ai-je de rire. Et bien, je suis enceinte !

— Enceinte ?! Félicitations à vous. Qui est le Père ?

— Quoi ?

— Nan, je déconne.

Ils se mettent à rire, je fais de même.

          Kelly nous demande de le suivre de nouveau. Nous refaisons tout le chemin inverse, et cette fois il nous demande d'emprunter une autre porte. Et je suis beaucoup moins confiante pour celle-ci. Elle me fait peur, et celle là, y'a de l'eau de la vraie ! On croirait une tempête.

          — Tu veux nous tuer ? demande ai-je.

          — Non, mais c'est le moyen le plus rapide pour se rendre aux plaines.

          — Les plaines ?! D'ici tu veux dire ? Je croyais qu'il fallait prendre le train en surface...

          — Je t'ai menti. Désolé. Mais, oui. D'ici. À moins que tu ne veuilles vraiment prendre le train ?

          — Ah, parce que vous venez aussi ? demande un des membres de l'équipage.

          Le Capitaine s'arrête, mais j'ai eu le temps de le voir faire non de la tête.

          — Est-ce que vous venez de me tester ?

          — Oui.

          — Au moins vous êtes honnêtes.

          — Est-ce que vous êtes consciente que vous n'êtes pas seule ?

          — Bien sûr.

          — Est-ce que vous êtes au courant qu'en vous y rendant vous risquez vos vies ?

          — ...Je le sais, oui.

          — Alors pourquoi vouloir vous y rendre ? demande le Capitaine.

          — S'il doit arriver quelque chose, je veux être tranquille avec ma conscience. Je ne veux pas avoir à me dire, « et si j'avais été là pour les aider, pour les épauler. » S'il doit arriver quelque chose, je veux être là. Même si ça me détruit ensuite, mais il faut que je sois là. Il faut que j'essaie de les protéger. Ils sont ma seule famille.

          Kelly se contente de me regarder. Le Capitaine lui, vient poser sa main sur mon épaule.

          — Allez ! Sécher vos larmes ! On est là pour vous aider vous en faites pas ! On veillera sur vous.

          Kelly me prend de nouveau la main, je prends celle du Capitaine qui prend celle d'un de ses matelots, ainsi de suite. Puis nous sautons dans ce tunnel d'eau.

Fenrir TOME IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant