Chapitre 16

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Ash

J'ai beau puiser dans mon for intérieur, il m'est impossible de calmer mes envies de meurtre à l'égard de cet enfoiré de Steeve. Bordel, depuis le temps que je voulais lui foutre mon poing dans la gueule, j'aurai pensé que ça me soulagerait un minimum de le faire. Finalement, cela ne suffit pas. J'ai besoin de plus. De beaucoup plus et Dieu sait de quoi j'aurais été capable si Joy ne m'avait pas arrêté. J'aurai certainement fini par tuer cet enfoiré qui ne s'est pas gêné de toucher à ma copine dans mon dos. Il le savait qu'avant l'accident elle était à moi et il a profité des mensonges de ses parents pour me la reprendre. Désormais, je compte bien faire en sorte que plus jamais il ne puisse la toucher. Je m'en assurerai.

Dès le moment où mon poing est entré en contact avec sa mâchoire, tout ce qui faisait que je n'aimais pas ce type m'est revenu en mémoire : l'image de ses lèves embrassant celles de Joy ; tous les mensonges qu'il lui a sortis dans l'espoir qu'elle reste auprès de lui ; toutes les fois où il a eu la chance de passer du temps avec elle alors que j'étais rayé de sa vie. Cet enfoiré n'a jamais eu ses chances avec Joy pourtant, il n'a cessé de persister et il n'a eu aucun scrupule à la manipuler pour cela. Ce n'est pas une fille avec qui tu peux jouer comme ça. Joy est une belle personne que ce soit de l'intérieur comme de l'extérieur et personne n'a le droit de lui manquer de respect de la sorte.

Tandis que je roule dans la direction du bar, je ne repense même plus au fait que j'étais de base venue la rejoindre pour m'excuser, mais je ne cesse de me dire qu'elle vient peut-être de me sauver. Si les flics avaient été présents, ils n'auraient même pas cherché à comprendre qu'ils m'auraient embarqué pour la simple et bonne raison que je porte fièrement le patch des Hells Angels sur ma veste. Et vu la taille que fait mon casier judiciaire, personne n'aurait cherché à comprendre la raison de cette bagarre.

En réalité, si je suis fière d'elle, ce n'est pas parce qu'elle m'a évité de gros problèmes, mais plutôt parce qu'elle s'est enfin décidée à se rebeller. Depuis le temps que j'attendais ça. Je sais que la Joy que j'ai connue n'aurait pas apprécié plus longtemps de se tenir entre les griffes de cette bande de manipulateurs. Il est clair qu'en arrivant devant son bâtiment, je ne m'attendais pas à croiser Steeve, mais je ne m'attendais surtout pas à ce qu'elle se soit décidée à réagir une bonne fois pour toutes. Elle avait beau le cacher, je sais qu'elle souffrait énormément de la toxicité de sa famille et savoir que tout va bientôt prendre fin me soulage d'une certaine manière. Certes, ça va être compliqué pour couper les liens aussi tôt, mais je serai à ses côtés dans tous les cas et je l'aiderai. Je regrette tellement ce que je lui ai dit lundi et j'ai peur qu'elle ne veuille plus de mon aide. À trop jouer au con, on perd la confiance des autres.

C'est pour ça que je l'emmène au bar et non chez elle. J'ai besoin de lui dire ce que j'ai réellement sur le coeur et non pas la laisser avec ces idioties que je lui ai fait croire lundi soir. J'avais totalement perdu la raison, et même si je sais qu'aucun de mes mots n'est excusable, je veux qu'elle sache que ce n'est pas ce que je pense réellement. Il est temps qu'on ait une fois pour toutes la discussion que nous aurions dû avoir depuis bien longtemps.

Quelques minutes plus tard, je me gare sans un mot sur le parking du bar et laisse Joy s'appuyer sur moi pour descendre de la moto. À mon tour, je fais de même et nous entrons en silence dans le bar. Malgré tout, je prends sa main dans la mienne pour lui montrer que je suis désolé de m'être laissé emporter tout à l'heure. Je sais que je n'ai pas besoin de lui parler pour qu'elle le comprenne. Joy a toujours été très forte pour lire dans mes pensées et encore aujourd'hui, ce don ne l'a pas quitté puisqu'elle m'offre un petit sourire.

Dès lors où nous faisons nos premiers pas à l'intérieur du bar, la plupart des conversations cessent et les gens se mettent à nous dévisager. Il faut savoir que dans les clubs de motards, nous avons beau avoir nos affinités avec certains d'entre nous et ne pas se mêler aux autres, nous sommes une famille et comme dans chaque famille, il y a des commérages. Je ne vais pas le cacher, je sais que Joy et moi sommes le sujet principal de la plupart des discussions. En même temps, notre histoire est tellement compliquée qu'il y a de quoi dire dessus. En ce moment, mes frères doivent se demander la raison de la venue de Joy à mes côtés alors qu'il y a quelques jours, nous leur avons offert un show en nous disputant. Nous revenons surtout main dans la main, comme si rien ne s'était passé.

The Flame Of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant