Chapitre 32

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Joy

Lorsque je termine mon livre, ça doit bien faire une heure que Ash est parti.

Je l'ai littéralement dévoré tellement il était génial. Je ne vais pas mentir, un fort sentiment de nostalgie me prend en me rendant compte que je viens de terminer cette pépite. J'ai envie de le recommencer à zéro et de le redécouvrir comme si c'était la première fois.

Je me lève avec tristesse du canapé sur lequel j'étais confortablement installée puis monte dans la chambre pour déposer le livre à sa place dans ma bibliothèque. Je passe ensuite les quinze minutes suivantes à rechercher parmi cette montage de livres le prochain que je dévorerais. La bonne nouvelle dans ma perte de mémoire, c'est que ça me fait une bibliothèque entière de livres que je vais pouvoir de nouveau livre (comme si c'était la première fois pour le coup). Je finis par choisir une romance fantastique qu'Ash m'a offerte la semaine dernière et j'ai à peine le temps de la déposer sur ma table de chevet que la sonnette de la porte se fait entendre. Ne m'attendant pas à ce son, je sursaute, mais je finis par rigoler en me disant que Ash a tenu une heure avant de rentrer. J'étais persuadée qu'il ne tiendrait pas plus de quarante-cinq minutes. Il faut croire que son mental est plus fort de quinze minutes. Il a certainement oublié ses clés...

Je descends les escaliers toute joyeuse en essayant de trouver une blague pour Ash puis une fois devant la porte, cette dernière est fermée à clé. Ce qui est étrange est que je ne l'ai pas fermé donc c'est le motard qui a dû le faire. Mais ça veut dire qu'il a ses clés alors pourquoi prendrait-il la peine de sonner s'il peut entrer ?

Au cas où, je décide de regarder dans le judas, mais il n'y a personne. Mes sourcils se froncent et mes mains deviennent moites. Si ce n'est pas Ash, je ne vois pas qui essayerait de me faire peur hormis son frère. Sauf que je suis certaine que ce dernier ne prendrait pas la peine de sonner à la porte. Je vérifie une dernière fois dans le judas pour m'assurer qu'il n'y a personne et une fois que c'est confirmé, j'ouvre la porte avec la plus grande des lenteurs. Je ne vais pas mentir, je ne trouve plus ça drôle et je suis complétement flippée.

Comme je l'avais vu plus tôt, il n'y a personne derrière la porte et je ne vois rien non plus aux alentours. Lorsque j'avance d'un pas lent pour vérifier sous le porche de la maison, mon pied cogne contre quelque chose. Mes yeux se baissent vers un carton qui se trouve à mes pieds. Il n'est pas très grand, mais assez pour contenir une petite chose. Aussitôt sur mes gardes, je regarde une dernière fois les alentours et le ramasse avec précautions. Une fois fait, je ne perds pas plus de temps et referme la porte à double tour. Je comprends aussitôt que quelque chose se trame et que l'auteur de ce colis ne peut être que Raphaël. Je pose la boîte sur la table du salon sans même regarder ce qu'elle contient et courts à l'étage chercher l'arme de Ash. Lorsque je l'ai vu la semaine dernière, j'ai cru que j'allais faire une attaque de savoir qu'une arme se trouvait chez moi. Aujourd'hui, je suis bien heureuse de savoir où elle se cache.

J'entre en trombe dans le dressing de monsieur et retourne son tiroir à chaussettes pour attraper le flingue. Je le prends dans mes mains toutes tremblantes puis, cours ensuite partout dans le chalet pour vérifier que toutes les portes et fenêtres sont fermées. Une fois fait, je ne vois pas ce que je peux faire d'autres que d'attendre le retour de Ash, donc je m'assoie sur le canapé.

Pendant les quinze minutes suivantes, je me retrouve à observer cette boite posée sur la table du salon comme si elle était prête à exploser. Ce n'est qu'après ce temps que je ressens le besoin de l'ouvrir, de savoir ce qu'elle contient. En réalité, peut-être que je flippe et que ce n'est qu'un simple colis que livreur n'avait pas le temps d'attendre que je vienne lui ouvrir. Dans ce cas-là, je me sentirai bien bête, mais je suis persuadée que ça ne vient pas d'un livreur. Min instinct me hurle que c'est une toute autre personne.

Avec délicatesse, j'ouvre le carton comme s'il contenait une bombe et essaie de contrôler mes tremblements. J'observe aussi chaque recoin de ma maison que ça doit fenêtre ou autre, comme si Raphaël pouvait surgir à tout moment en criant BOOH. Finalement, je réussis à ouvrir le carton et je me rends compte qu'il ne contient presque rien. Juste des photos. Lorsque je tire la première photo, je nous vois, Ash et moi, au supermarché tandis que nous nous tenons la main. La deuxième en est une de moi seule, pendant mon service au bar (Ash devait certainement être en train de se faire un billard avec des membres du club. Je m'apprête ensuite à prendre la troisième photo lorsque je me rends compte que ce n'en est pas une, mais plutôt une lettre.

Je prends une grande respiration et parcours les mots du regard.

"TIC TAC        L'horloge tourne à grands pas, mais la question qu'il faut se poser est : mais quand viendra votre heure ? Bientôt, ne vous en faites pas. En attendant, profitez de votre bonheur car il ne durera pas très longtemps"

Aussitôt que les mots prennent sens dans mon crâne, ma respiration se bloque et des frissons d'horreur parcourent mon corps. J'ai envie de hurler tellement la peur prend possession de moi, mais le pire arrive lorsque la porte d'entrée s'ouvre sans même que je l'entende. J'attrape le pistolet que j'avais posé sur la table et le pointe dans sa direction les larmes aux yeux tellement je suis effrayée. L'arme tremble tellement ma peur est flagrante, mais je me sens protégée derrière elle. Lorsqu'une silhouette passe la porte, je m'apprête à crier ou bien à tirer, mais je finis par reconnaître cette personne...Ash...

- Joy ! Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-il tandis que je tiens toujours l'arme pointée droit sur lui.

Soudain, je craque et je fonds. Je lâche le flingue qui atterrit au sol dans un énorme fracas puis me mets à pleurer tellement je suis heureuse de le voir. J'ai cru que c'était Raphaël qui était venu dans le but de me tuer. J'ai eu tellement peur. Il aurait pu m'arriver n'importe quoi que je n'aurai pas su me défendre. C'est dans ces moments-là que je me dis qu'il n'y a que sur Ash que je peux compter.

Lorsque je m'effondre sur le canapé, je le vois courir dans ma direction en lâchant son sac de sport dans l'entrée. Il paraît tellement inquiet à cet instant que je me demande si je l'ai déjà vu un jour comme ça. Dès qu'il arrive devant le canapé, il attrape mes joues à deux mains et examine mon corps comme pour voir si je suis blessée. Lorsqu'il remarque que physiquement, je vais bien, il sonde mon visage comme s'il pouvait lire dans mes yeux ce qui venait de m'arriver.

- Qu'est-ce qu'il se passe ma belle ?

L'inquiétude est tellement présente dans son regard que j'en suis touchée, mais malgré tout, je suis bien trop effrayée et tétanisée pour pouvoir prononcer le moindre mot. Alors, de mes mains tremblantes, j'attrape les photos ainsi que la lettre et lui les tend. Tandis qu'il les observe, j'essuie mes larmes et essaie de contrôler mes tremblements. Tout va bien se passer, maintenant il est là, il ne peut plus rien t'arriver...

Tout en lisant, ses traits se durcissent et sa mâchoire se contracte. Je vois ses yeux se mettre à cracher du feu tellement il semble furieux. Quant à moi, je suis toujours autant tétanisée. J'ai envie de pleurer toutes les larmes de mon corps tellement j'ai eu peur. Finalement, même si c'est égoïste, je m'en veux d'avoir dit à Ash d'aller faire du sport avec Kaï. J'aurai dû prévoir que Raphaël n'allait pas nous laisser tranquille et qu'il allait profiter de notre séparation.

- Putain, l'enfoiré, dit-il en se levant.

Je reste affalée dans le canapé à le regarder faire des aller-retour dans la pièce toute en lisant et relisant le mot. Ash semble tellement furieux, mais je sais que c'est pour cacher son inquiétude parce que dans le fond, il est complètement mort de trouille. Je peux le comprendre parce que c'est aussi mon cas. J'ai l'impression qu'on est pris au piège et que jamais nous ne pourrons nous en défaire. Raphaël aura toujours une longueur d'avance sur nous et il gagnera à la fin. Ce message en est la preuve parce qu'il a su où nous habitions et que j'étais seule. Il a su jouer ses cartes et maintenant, il ne nous reste plus aucune échappatoire.

Tandis qu'une nouvelle larme s'échappe de mon visage, je vois Ash attraper un vase qui se trouvait sur la table et le balancer avec fureur sur le mur d'en face. Le bruit me ramène à la réalité et me rappelle que nous n'avons plus aucun moyen de nous en sortir.

Raphaël aura sa vengeance.

The Flame Of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant