Chapitre 19

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Joy

Je ne sais plus quoi dire ni faire. Il est cinq heures du matin, je suis tellement fatiguée et il s'est passé beaucoup trop de choses depuis cet après-midi pour que je puisse réfléchir comme il le faut. J'ai l'impression que tout n'a été qu'enchaînement et j'ai comme le pressentiment que je ne dormirai pas de sitôt.

Mon Dieu, j'ai une maison avec Ash ! Enfin, je dirai plutôt un grand chalet, mais ça revient au même. Comment ai-je fait pour ne pas le savoir plus tôt ? C'est quoi la prochaine étape ? Apprendre que j'ai un gosse et que je suis mariée avec le motard ?

Je ne sais même plus où donner de la tête tellement il y a d'informations qui entrent dans ma tête. Tout d'abord la maison, ensuite le fait que mon accident soit bel et bien en rapport avec Ash et maintenant, j'apprends que ce dernier a passé les derniers mois à dormir dans un hôtel juste parce que l'idée de dormir chez nous sans moi lui retournait l'estomac. Putain, pendant tout ce temps, je ne savais pas ça.

Je n'ai même plus la force d'ouvrir la porte. Je serai capable de dormir à même le sol juste pour pouvoir fermer les yeux quelques minutes.

Nous finissons par nous lever du banc et avancer jusqu'à la porte d'entrée. Je ne sais pas pourquoi, le stress est à son comble. Je vais enfin pouvoir découvrir l'intérieur de la maison qui se trouvait être la mienne il y a quelque temps. Bien sûr, je ne m'attends pas du tout à ce qu'elle soit géniale lorsque je rentre puisque Ash m'a avoué avoir tout cassé, mais dès lors où la porte s'ouvre, je crois bien que ma mâchoire se décroche.

Tout le mobilier qui, autrefois devait être très joli se trouve fracassé au sol, autour des morceaux de verre. Tout a été envoyé valser à travers les pièces et vu l'état des murs, je suppose que Ash s'est donné un malin plaisir à balancer les objets contre ces derniers. Il n'y a plus rien qui est à sa place normale. Les chaises sont basculées, la table du salon retournée, la télé fracassée. Je comprends soudainement mieux pourquoi Ash était inquiet à l'idée que je découvre l'état de la maison. Tout est sens dessus dessous. Malgré tout, je suis certaine que ce chalet devait être très accueillant dans le temps.

Dans tout ce bordel, j'arrive à retrouver des fragments de la peine qu'a ressentit Ash ce soir-là. J'arrive à voir à quel point il a été détruit, mais surtout, je ne sais pas pourquoi, mais je vois tout ce désastre comme une déclaration d'amour de sa part. Je sais que ça peut paraître étrange, mais j'arrive à voir à quel point il m'aimait et comme me perdre l'a dévasté. Si ce massacre n'est pas une preuve d'amour, je ne comprends plus rien à la vie...

Lorsque j'ai appris pour la maison, la première question que je me suis posée était : mais pourquoi avons nous emménagé ensemble aussi vite ? C'est vrai quoi, d'après mes calculs, je devais avoir vingt-trois ans et Ash vingt-neuf à ce moment-là. Nous étions jeunes et nous connaissions seulement depuis un an. Maintenant, je comprends mieux. L'amour qui nous unissait était bien plus fort que je ne le pensais jusqu'à là. C'est pour ça, tout ce vide que je ressens lorsqu'il n'est pas là ; le fait qu'il m'ait laissé partir, mais ne cessait de veiller sur moi ; le fait qu'il m'ait littéralement supplié de ne pas partir le premier soir où je suis venue au bar ; son pétage de plombs dans cette maison ainsi que le fait qu'il lui était impossible de revenir tant que je n'étais pas là ;... Nous étions follement amoureux l'un de l'autre et mon accident nous a séparé bien trop brutalement. Rien n'est plus douloureux que de se quitter lorsqu'on s'aime encore.

C'est peut-être pour ça que je me sens si bien avec Ash et que je ressens tant de choses à ses côtés. Parce qu'il n'y a pas si longtemps, je l'aimais plus que tout et que je n'ai pas perdu tout l'amour que j'avais pour lui avec mes souvenirs. Certes, je sais que j'ai des sentiments à son égard, mais c'est loin d'être de l'amour. Pourtant, plus le temps passe à ses côtés et plus tout ce qui se trouve en moi devient plus fort. Si en deux semaines et demie, j'ai attrapé autant de sentiments à son égard, je ne parle pas ce qu'il en sera dans trois mois. Surtout qu'en l'espace d'une soirée, mes lèvres ont frôlé déjà trois fois les siennes et que bordel, j'ai encore envie de l'embrasser, mais beaucoup plus intensément. Je ne sais pas ce qui m'a pris de prendre à plusieurs reprises cette initiative, mais j'en avais tellement envie (et puis, la troisième fois est venue tellement naturellement que je m'en suis rendu compte qu'une fois que nous nous sommes séparés).

The Flame Of MemoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant