The Flame Of Memories

Chapitre 28

Ash

- ellipse d'une semaine -

Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire en voyant cette marque rose sur la joue de mon meilleur ami lorsqu'il me rejoint à notre table habituelle.

- Laisse-moi deviner, t'as dragué une meuf sans savoir que le mec derrière elle était son copain, je dis en me moquant.

- Ça va, c'est bon. Je suis tombé sur une fille et je lui ai fait mon numéro de charme habituel. Sauf que ça n'a pas marché et disons qu'elle a mal pris le fait que ma main se soit posée sur son joli petit cul, se plein Kaï. Putain, elle avait de la force la nana.

Je rigole une nouvelle fois en l'imaginant se prendre un pain. Kaï n'est pas méchant. Il ne ferait jamais de mal à une fille et il ne la forcerait surtout pas à faire quoi que ce soit qu'elle ne veut pas faire. Sauf qu'il a tellement l'habitude qu'aucune ne lui résiste et donc, il ne comprend pas quand ce n'est pas le cas. Quoi qu'il en soit, moi ça me fait bien marrer de voir cette immense trace rouge sur sa joue. La fille devait être plutôt grande vu la taille de la main. Où alors il n'ose pas me le dire, mais elle avait bel et bien un copain qui s'est chargé de faire comprendre le message.

- C'est bon arrête de te marrer, on fait tous des erreurs dans la vie, se défend Kaï en boudant.

- C'est clair que c'est beaucoup plus facile quand tu couches avec Pearl. Au moins, tu sais qu'elle est ouverte à toute proposition - quoi que, elle serait bien capable de t'en foutre une juste pour le fun.

Ne serait-ce pas une pique que je viens de lui envoyer ? Peut-être bien que oui.

Je sais que cette dernière et lui se sont vu hier et qu'ils n'ont pas fait que jouer aux cartes si vous voyez ce que je veux dire. J'ai aussi compris que s'ils n'étaient pas en couple, ce n'était pas faute d'essayer de la part de mon meilleur ami, mais parce que la jolie demoiselle le rejetait dès que ça partait au-delà d'une séance de baise. Visiblement, elle n'aimait pas s'attacher aux gens et les relations n'étaient pas son truc. Merci Joy pour toutes ces informations que j'ai réussi à te faire fuiter. En même temps, quand on voit à quel point mon pote est un oiseau qui n'hésite pas à aller dans tous les nids pour avoir de la chair fraîche, il est tout à fait compréhensible qu'elle ne veuille rien de sérieux avec lui. Putain, il va avoir trente ans et il se comporte toujours comme un gosse de seize.

- Au lieu de te mêler de ma vie, dis-moi où est ta belle, dit-il en vidant mon verre d'une seule traite avant de s'étouffer parce que ce crétin ne sait pas faire la différence entre de l'eau et de la vodka.

Je jette un oeil par-dessus son épaule pour voir où se trouve Joy. Cette dernière est en train de servir un groupe de motards qui vient régulièrement ici le soir. Ce n'est pas qu'elle s'est liée d'amitié avec eux, mais disons qu'elle passe un peu plus de temps à leur table pour discuter qu'à celle des autres. Malgré tout, je ne suis pas jaloux parce que je sais que, quoi qui se dise à cette table, c'est avec moi que la belle repartira et c'est dans mon lit qu'elle se couchera le soir. Cette pensée est capable de tuer toute trace de jalousie qui me saisit à n'importe quel moment.

Kaï suit mon regard et tombe sur elle. Lorsqu'elle lui lance un coup d'oeil suivit d'un sourire, il lui fait un geste de main débile pour lui dire bonjour et elle lui répond pas un doigt d'honneur. C'est une sorte de jeu entre les deux. Ils n'arrêtent pas de jouer à chat et chien. Par contre, lorsque le regard de Joy s'arrête sur moi, ce n'est pas un geste qu'elle fait mais un clin d'oeil auquel je réponds en me léchant la lèvre du bas.

- Comment ça se passe entre vous ? demande Kaï.

Et bien tout a évolué depuis que nous sommes allés chez ma mère. Joy a repris le travail et se plaît énormément au bar et moi, chaque soir, je la dépose et l'attend tout en discutant avec Kaï. Lors de ses pauses, elle nous rejoint souvent accompagnée de Pearl et nous discutons ensemble le temps qu'elles reprennent le travail.

Je me sens tellement heureux. Certes, je sais que ce sentiment sera de courte durée, mais comme elle n'arrête pas de me dire, il faut que j'arrête de penser à ça et que je profite du bonheur que je suis en train de vivre. Elle a raison. Je nage dans le bonheur et je ne viendrai pas gâcher cette chance qu'on m'a offert de retrouver Joy en pensant à Raph et son prochain plan foireux. Qu'il aille se faire foutre avec ses idées de vengeance à la con, moi, j'ai envie de vivre.

D'ailleurs, demain nous avons programmé une sortie à quatre avec Kaï et Pearl. Nous ne savons pas encore où nous allons, mais les deux filles y tenaient réellement. Alors voilà, on profite mais on reste sur nos gardes.

- Tout serait parfait si ses menaces ne planaient pas au-dessus de notre couple, je dis en faisant référence à mon frère.

Il n'y a qu'avec Kaï que j'arrive à en parler. Chaque fois que j'en parlais avec Joy, elle me dit d'arrêter de me prendre la tête et je comprends aussitôt qu'elle n'aime pas lorsque j'aborde le sujet et avec ma mère, c'est encore pire. Cette dernière était tellement malheureuse lors de la mort de Maria parce qu'elle a compris que plus jamais nous n'aurions une famille soudée. Ce n'était déjà pas le cas avant, mais c'est devenu cent fois pire. Lorsque mon père est parti, ça lui a fait un choc de perdre l'amour de sa vie, mais elle a tenu le coup pour pouvoir nous élever mon frère et moi. Maintenant, une guerre a été déclarée entre nous deux, et même si elle sait que ce que fait Raphaël est mal, elle ne veut pas le laisser tomber pour autant. Pourtant, ce dernier ne fait comme si elle n'existait plus. Il a disparu de la surface de la terre et prépare sa vengeance petit à petit. Au fond d'elle, elle le sait, mais elle se voile la face. C'est pour ça que je passe régulièrement la voir depuis cette histoire. Elle a besoin de soutien et que je lui montre que je ne l'ai pas abandonné. Je suis certain qu'avoir appris pour la nuit du drame avec Joy ne l'a rendu que plus triste qu'avant. Elle a beau le cacher, je sais qu'elle le vit très mal de savoir que ses deux fils vont finir par s'entretuer et que l'un de nous y laissera sa peau.

- Si tu veux mon avis, je ne suis pas sûr qu'il va agir maintenant. Tu connais Raph, il aime te faire maronner et te torturer. Il va attendre que tu sois désespéré pour attaquer.

Sur ce point, il n'a pas tort. Mon frère est un manipulateur, mais il est avant tout très calculateur et il n'a pas peur de prendre du temps pour faire les choses bien. Il va attendre que je nage tellement dans le bonheur que j'en oublierai sa présence et que je relâcherais ma garde. Je sais que j'aurai beau être tout le temps sur le qui-vive, ça finira par arriver et il ne perdra pas de temps pour m'anéantir.

- Il va lui faire du mal, je dis en montrant Joy du menton.

Je le sais, il ne l'épargnera pas, et même si par chance, il lui laisse la vie sauve, jamais il ne la laissera partir sans la traumatiser avant. Elle devra vivre toute sa vie avec des souvenirs violents à cause de moi.

- Et elle est prête pour ça. Crois-moi, c'est beaucoup mieux que vous vous battiez à deux plutôt qu'individuellement. Et puis, je suis là, je ferai mon possible pour surveiller vos arrières.

Pas de doute possible, même s'il ne le montre pas, Kaï aussi réfléchit à ça et pense déjà que c'est lui qui réussira à nous sauver la vie une nouvelle fois. Nous avons beau ne pas en parler, je sais qu'il est constamment sur ses gardes à surveiller mes arrières. Je dois quand même avouer que je n'aime pas trop cette idée. C'est mon combat et déjà que je mets Joy en danger, je n'ai pas envie que mon meilleur ami se rajoute dans l'équation.

- Merci mec, je dis en lui mettant une tape dans le dos.

- Tu sais très bien que c'est avec plaisir. Bon, je dois aller chercher de la chair fraîche pour me remonter le moral. T'embrasseras le joli petit cul de Joy de ma part, dit-il en s'abaissant pour esquiver ma main qui était sur le point d'atterrir sur sa tronche.

Il quitte ensuite le bar mort de rire en me laissant seul. Joy devrait finir d'ici une trentaine de minutes alors d'ici là, je n'ai plus qu'à la mater discrètement.